Crépuscule

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Crépuscule brouillard au halo réverbère

Les mains froides et tremblantes d'hiver

Se frottant l'une à l'autre dans la plénitude

Du calme qui plane au-dessus des âmes prudes.


Le regard en appui, mielleux et fort mystique

Sur les plaines accoutrées d'un voile onirique

D'immaculées perles blanchâtres et stériles

Recouvrant les terres d'une romance inutile.


Par-delà la vitre en appui, les yeux curieux,

L'air flâneur, l'âme vagabondant de douceur

Les fumées languissantes apportant la chaleur

Aux mains tremblantes béant, d'un froid hasardeux.


Divine tasse de café portée aux nues

Prise par l'anse dans la danse réconfort

Pour écluser premières gorgées dans l'essor

L'éphémère soutien d'un instant attendu.


Et le crémeux d'un nuage tourbillonnant

Se mêle aux senteurs torréfiées d'un autre temps

Comme ces rires qui s'échappent et qu'on oublie

Vierge des rêveries de ce cœur incompris.


La rasade bientôt asséchée de confiance

Au visage ridé, pensif à la jouvence

A lire dans le marc les traces d'un destin

Désirs d'une étreinte au lieu d'un cœur qui s'éteint.


Nostalgique hébété de ces siècles passés

Seul et bien frêle en proie à toutes les tristesses

Songe des matins sourires qui font promesses

Pour absoudre les larmes sur l'autel dressé.


Puis de l'obscure plaine laiteuse et sublime

Un chant d'oiseau contant l'aubade des beaux jours

Dévoile une faune endormie traçant contours

Sur la neige aux pas semés d'un sillon d' abîme.


Comme une digue dressée à la parenthèse

Transportant dans l'enfance l'homme solitaire

Il revint à lui, mitan des plaines mystères

Pour la dernière gorgée que ses lèvres baisent.


La vie est passée, tout comme hiver passera

Mais l'amour a fui, ses yeux reflètent livides

La pâleur de ces plaines et puis sa tasse vide

Crépuscule hivernal, une larme coula.

Recueil de poésiesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant