Talulah

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Talulah

Je ne comprends pas, je me retrouve dans la rue que j'ai quitté la semaine dernière, devant la maison de Beth, mais elle est différente. Les plantes sont en friches devant le perron, il n'y a pas l'air d'avoir âme qui vive ici. Je m'avance, je regarde par la fenêtre. Le salon est vide, pas un meuble. Beth n'est plus là. Je déglutis, comment faire dans ce monde sans elle?  Je vois mon reflet dans la vitre, je retire mon diadème, détache mes cheveux et arrache les manches de ma robe, on dirait que je reviens de soirée mais au moins je ne ressemble plus à une fille sortie d'un film de la guerre des étoiles. Je cours à la seconde et me retrouve dans la ruelle derrière le café de Martha, enfin ce qui était le café de Martha, aujourd'hui c'est une agence immobilière. Beth, Martha et sans doute Nate, ne sont plus à Savannah. Je me sens perdue, je ne sais pas où chercher. Les larmes coulent seule sur mes joues, je les essuie d'un revers de main. Non je suis plus forte que ca! Réfléchissons.... Je me rends à l'hôpital où travaillait Beth.

- excusez moi, je peux savoir où est ce que je peux trouver  Beth Stevens?

La femme a l'accueil me dévisage, elle doit me prendre pour une paumee avec ma robe déchirée.

- Je suis désolée je ne sais pas de qui vous parlez madame.

Je soupire et regarde aux alentours, elle était infirmière de ces urgences et la standardiste ne la connaît pas. Je m'éloigne et m'assoit sur un banc non loin. Réfléchis Talie!

- Excusez moi mademoiselle?

Je lève les yeux vers une femme en blanc d'une cinquantaine d'année. Je l'interroge du regard, qu'est ce qu'elle me veut ?

- Je vous ai entendu parler à ma collègue, il faut l'excuser elle est arrivée il y a quelques mois. Je connais bien Beth Stevens, vous la cherchez pour quelle raison?

- C'est... C'est ma mère adoptive.

- Oh vous êtes Talie? Elle m'a si souvent parlé de vous!

Je souris à la réflexion de la femme devant moi.

- Je... je me suis absentée pendant 2 ans, et en revenant la maison était vide, je ne comprends pas.

- Elle ne vous a pas dit qu'elle partait? Étrange.

- C'était compliqué.

- Aux dernières nouvelles, elle ouvrait un café à Miami avec son amie...

- Martha?

- Oui voila!

Mon coeur s'emballe, j'ai une bonne piste ! Je dois donc aller à Miami rapidement.

- Merci beaucoup! Vous ne savez pas à quel point vous m'avez aidé !

- J'en suis heureuse mademoiselle, je vous souhaite de la retrouver!

La femme s'éloigne et je vais me cacher un peu plus loin pour pouvoir filer comme l'éclair vers Miami. Je ne connais pas cette ville, mais l'air y est doux et l'air marin est agréable. Il doit exister des milliers de cafés dans cette ville, je vais devoir être patiente.
Je marche dans la rue, je vois bien que les regards s'attardent sur ma tenue, ca risque d'être compliqué. Je hèle un taxi et monte à l'intérieur rapidement.

- Bonjour, où voulez vous aller ?

Je soupire, je n'en sais rien.

- Je cherche un café, qui s'est ouvert récemment, je ne connais ni le nom, ni l'adresse, juste le nom des propriétaires...

- et bien ! Il y a 3 cafés qui ce sont ouverts ces 2 dernières années, on peut faire le tour de la ville.

Je marque une pause, je n'ai pas un sous sur moi.

- je suis désolée de vous avoir dérangé, je viens de me rendre compte que j'avais perdu mon sac. Pouvez vous juste me donner les 3 noms et je ne vous embêterai pas plus.

Le taxi driver me regarde à travers le rétroviseur en soupirant.

- Tres bien, il y a le Marlone Cafe, le Requiem et le Tsayen.

Je souris en baissant le regard, elle ne m'a pas oublié. Je suis tellement touchée de cette intention.

- Merci à vous, je pense que c'est le Tsayen.

- C'est sur la 9eme rue.

- Merci infiniment monsieur, vous n'imaginez pas à quel point!

Les larmes coulent encore, bon sang je fais plus humaine que ce que je voudrais le montrer.

- Ne vous mettez pas dans cet état ! Écoutez je vais vous y conduire d'accord, ca sera ma bonne action de la journée!

Je lui souris à travers le rétroviseur, et il se met en route. Je laisse couler mes larmes, des larmes de joie. Je suis si près du but, je vais au moins retrouver Beth. Une vingtaine de minutes plus tard, le taxi se gare devant la devanture du « Tsayen ». Je remercie encore le chauffeur et me glisse en dehors du vehicule. J'avance doucement devant la porte, je vais pour la franchir, mais ce que je vois à travers la vitrine me glace le sang. Je suffoque, je reste figée. Il est là, derrière le comptoir, à sourire à cette fille assise devant lui, et la façon dont il lui tient la main est sans équivoque. Elle m'a remplacée... c'est ma main qu'il tenait comme ça il y a quelques jours, qui sont pour lui des mois et des années.  Mon coeur se serre dans ma poitrine, je m'attendais à galerer pour le récupérer mais je ne m'attendais pas à ce qu'il ait refait sa vie. Il m'avait promis d'être heureux, je devrais en être satisfaite. Je repense à ce que m'a dit Beth : l'amour c'est merveilleux et c'est douloureux quand ca se passe mal. Je ne connais pas la douleur physique, mais je connais la douleur du chagrin, elle est horrible. Je vois ses yeux passer devant la vitrine, je m'éclipse aussi vite que l'éclair. Je me retrouve quelques ruelles plus loin, le souffle coupe, noyée par mes larmes, mon amour brisé...