Short Stories Collection

Short Story 70 - Le Paradis

Vivre au paradis est exactement ce que vous espérez.

Des nuages duveteux, des harpes, des téléviseurs à écran plat 75 pouces et une connexion Internet décente 100% du temps.

Ce dernier point ne peut pas être surestimé.

Je joue à Halo: Infinite depuis un certain temps maintenant avec des gars des 12e, 17e et 3e siècles et laissez-moi vous dire: ils ne sont pas mal du tout !

Faits amusants sur le paradis ?

Shakespeare est un furry, Elvis aime vraiment Warhammer et Bob Marley s'est mis au tricot.

C'est un endroit vraiment génial. Je vous le recommande vivement, fortement, si, bien sûr, vous parvenez à vous y rendre un jour.

En ce qui me concerne, j'ai eu beaucoup de chance.

J'étais jeune quand je suis mort. Un âge à un chiffre.

Pour être franc, j'ai été assassiné.

C'était douloureux aussi.

Il n'y avait... rien de doux là-dedans.

L'aspect physique d'être étouffé à mort avec une ceinture en cuir était affreux, bien sûr, mais l'aspect émotionnel d'être retenu par mon grand-père alors qu'il mettait fin à ma vie l'a rendu encore pire.

Ils n'ont jamais retrouvé mon corps.

Mais je suis maintenant au paradis, et je l'ai été pendant les trente dernières années terrestres.

J'ai suivi une thérapie, rejoint un groupe de soutien pour les victimes de meurtre et découvert quelques nouveaux hobbies.

Après une certaine période, vous atteignez un point où votre temps de conscience dans l'au-delà est plus long que votre temps sur Terre, et c'est un moment qui donne à réfléchir.

Vous avez finalement plus de souvenirs ici que de là-bas, et le SSPT est moins susceptible de vous frapper comme une tonne de briques.

Vous vous sentez... bien.

Je me sens bien.

Je suis heureux.

Je suis au paradis depuis long-temps et c'est... sympa.

Jusqu'au jour où je reçois un message.

Vous voyez, quand un membre de votre famille meurt, vous en êtes aussitôt informé. S'ils finissent au paradis, vous avez la possibilité de leur rendre visite, c'est un excellent moyen de se reconnecter.

Mais je suis totalement sous le choc.

Apparemment, une confession sur un lit de mort et un baptême de dernière minute sont littéralement tout ce dont vous avez besoin pour entrer au paradis.

Debout aux portes nacrées, mon grand-père est là avec un sourire étonné et abasourdi sur le visage.

Et en un instant, tous les progrès que j'ai faits se désintègrent. Je peux sentir le cuir autour de mon cou, la terreur alors que je me souviens avoir demandé de l'aide, l'impuissance lorsque mes yeux ont perdu leur concentration.

Je commence à avoir une crise de panique, puis je sens une main chaude sur mon épaule.

—N'aie pas peur, mon enfant, me dit L'Ange, sa voix me calmant instantanément. Tu es au Paradis, tu te souviens ? Aucun mal ne t'arrivera.

—Mais..., protesté-je.

Il secoue la tête pour me faire taire.

—Tu es au Ciel, et au Ciel on t'accorde ce que tu désires, et nous avons attendu longtemps pour te donner ce que tu veux vraiment...

Puis, L'Ange pointe du doigt, et mon grand-père est soudainement ligoté.

Son sourire a disparu.

L'espace dans lequel je me trouve maintenant est différent.

Il fait... plus chaud.

Plus sombre.

—Tu mérites de lui faire vivre l'Enfer.

Et l'Ange me tend une ceinture.