Short Stories Collection

Short Story 26 - Le dernier train

L'année dernière, mon entreprise a organisé une fête du Nouvel An dans la ville. Une fois la fête terminée, je suis allée prendre le dernier train de la soirée pour rentrer chez moi. Je me suis assise sur un siège et j'ai regardé par la fenêtre les lumières de la ville qui clignotaient.

Quelques instants plus tard, j'ai réalisé que la seule personne qui se trouvait dans le compartiment avec moi était un homme arborant un trench noir. Il était assis quelques rangées devant moi et sa tête était baissée. Il semblait dormir à poings fermés. Mes paupières pesant soudain des tonnes, j'ai fini par m'endormir moi aussi.

Plusieurs minutes plus tard, j'ai été réveillée par le bruit infernal du train. Quand j'ai ouvert les yeux, quelque chose m'a semblé être diffèrent. Je n'en étais pas sûre à cent pour cent, mais j'avais l'impression que l'homme au trench noir s'était rapproché de moi. Mettant cela sur le compte de la paranoïa, j'ai ignoré ce sentiment. Au bout d'un moment, je me suis encore assoupie.

Après quelques secondes, j'ai ressenti une sensation étrange et désagréable au creux de mon ventre. J'ai ouvert mes yeux à nouveau et, cette fois-ci, l'homme paraissait encore beaucoup plus proche. Seulement, je n'avais toujours aucune certitude. C'était extrêmement dérangeant.

Afin de vérifier si mes soupçons étaient avérés, j'ai donc décidé de tenter une expérience. Mon plan consistait à faire semblant de dormir, mais de garder un œil à moitié ouvert, juste pour voir ce que l'homme ferait.

Assis sur son siège, il ne bougeait pas d'une semelle. Ses yeux étaient fixés sur moi, mais il continuait de rester immobile. Juste au moment où je m'apprêtais à soupirer de soulagement, je l'ai entendu marmonner quelque chose dans sa barbe. Tendant l'oreille, j'ai réussi à saisir ce qu'il murmurait encore et encore :

– Ne sois pas dupe. Elle fait semblant... Ne sois pas dupe. Elle fait semblant...

Mon sang s'est glacé dans mes veines. Mon cœur s'est mis à tambouriner dans ma poitrine. Malgré le fait que j'étais complètement terrorisée, j'ai gardé ma tête baissée, prétendant avoir sombré dans un sommeil profond et espérant désespérément que le train arriverait bientôt à la prochaine gare.

Quand le train s'est finalement arrêté, j'ai pris mon temps et ai attendu le bon moment. Juste à l'instant où les portes étaient sur le point de se fermer, je me suis précipitée hors de mon siège et j'ai sauté sur la plateforme.

J'ai entendu les portes se refermer derrière moi, puis je me suis retournée. Alors que le train sortait de la gare, j'ai vu l'homme au trench noir se tenir debout, le visage collé à la fenêtre. Il arborait une expression de fureur sur son visage et, dans sa main, un couteau étincelant.

Depuis lors, je ne rentre plus jamais seule avec le dernier train.