Short Stories Collection

Short Story 49 - Suicide Station

J'habite à Tokyo et je prends le métro pour aller travailler tous les matins. Ma station de métro locale est la station Shin-Koiwa, sur la ligne Chuo. C'est un endroit réputé où les gens se suicident, ce qui lui a valu le surnom de « Suicide Station ».

Au fil des ans, d'innombrables personnes déprimées et égarées se sont suicidées là-bas en sautant devant le train.

C'est devenu un tel problème qu'ils ont installé des miroirs dans le métro. Ils disent que si les gens se voient sur le point de sauter alors ils changeront d'avis. Je n'ai aucune idée si cela fonctionne vraiment.

La semaine dernière, il y a eu un suicide à la gare. J'étais là quand c'est arrivé. J'ai tout vu.

C'était tôt le matin et j'attendais mon train. Il n'y avait que quelques autres personnes sur la plate-forme. J'ai entendu une voix dans le haut-parleur annonçant que le train arrivait.

Juste à ce moment-là, j'ai remarqué une femme qui se tenait juste en face de moi. C'était une femme ordinaire, âgée d'environ 26 ou 27 ans, mais quelque chose en elle me rendait nerveuse.

Elle agissait de façon très étrange. Alors que le train s'approchait de plus en plus, elle s'est avancée et a commencé à se rapprocher du bord de la plate-forme. Quelque chose n'allait vraiment pas. Elle m'a jeté un coup d'œil et j'ai pu voir qu'il y avait une expression de pure terreur sur son visage.

Soudain, je savais ce qu'elle était sur le point de faire, mais j'étais impuissante à l'arrêter. J'étais figée sur place par la peur. Tout ce que je pouvais faire, c'était la regarder se jeter devant le train.

Il y a eu un crissement de freins alors que le train tentait de s'arrêter. Les autres passagers sur la plate-forme ont crié. À travers l'écho de leurs cris et le cri métallique, j'ai entendu un bruit sourd écœurant.

Le spectacle était si grotesque qu'il m'était impossible de le faire sortir de mon esprit. Il y avait du sang et des morceaux de chair qui volaient partout. Je pensais que j'allais être malade. Les autres passagers se sont enfuis du quai et j'ai couru avec eux.

Les fonctionnaires ont dû fermer toute la ligne. Pendant que nous attendions à l'extérieur un bus pour nous emmener à destination, je n'arrêtais pas de penser à cette pauvre femme. J'ai rejoué la scène encore et encore dans mon esprit, mais il y avait quelque chose qui ne collait pas. Finalement, ça m'est venu.

Les ombres.

C'est ce qui m'avait rendu nerveuse. Je l'ai remarqué juste avant que la femme ne saute. Les lumières du métro étaient vives et lorsqu'elles s'éteignaient, elles projetaient des ombres de gauche à droite. Les piliers, les kiosques, tout projetait une ombre de gauche à droite.

Mais l'ombre de la femme avait été différente. Son ombre était allée droit devant elle, s'étendant de ses pieds au bord de la plate-forme, comme si une lumière brillait derrière elle.

Il y avait définitivement quelque chose qui n'allait pas. J'avais une sensation de malaise au creux de mon estomac et cela ne voulait pas disparaître. Il fallait que je découvre le fin mot de cette histoire.

Dès que je suis arrivée au travail, je suis allée directement sur Internet et j'ai commencé à chercher de vieux reportages sur la station. Il y a eu près de 20 suicides au cours de l'année dernière seulement. Certains d'entre eux étaient des hommes d'affaires, certains étaient des femmes au foyer, certains étaient vieux, certains étaient jeunes et il y avait même quelques enfants.

Puis, finalement, j'ai trouvé ce que je cherchais. C'était une photographie qui avait été prise quelques secondes avant qu'un homme d'âge moyen ne saute devant un train. J'ai fait un zoom avant et l'ai examiné très attentivement.

Une de ses jambes était en l'air et il était penché en arrière. J'ai reconnu le même air de terreur sur son visage.

Il y avait une ombre noire, comme un bras, qui s'étendait sous la plate-forme et attrapait l'homme par la cheville.

Tout à coup, tout prenait sens.

Quand j'ai vu la jeune femme dans le métro ce matin-là, elle ne sautait pas devant le train...

Quelque chose la trainait devant lui.