Short Story 1 - Rentrée scolaire

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Le jour de la rentrée des classes est toujours un moment éprouvant pour un étudiant. Pour moi, on peut dire que ç'a été un véritable cauchemar.

J'avais quatorze ans et ma famille venait juste d'emménager dans une nouvelle ville. Mon père avait reçu une offre d'emploi avec un meilleur salaire et juste une semaine plus tard, nous avions vendu notre maison et louions un appartement dans cette ville qui était désormais la nôtre. C'était durant l'été.

Ce jour-là, je suis allé à l'école tout seul. J'étais très anxieux à l'idée de me faire de nouveaux amis. A mon arrivée, on m'a remis un emploi du temps et j'ai vu que mon premier cours était Mathématiques, dans la salle 105.

J'ai commencé à parcourir les couloirs à la recherche de la dite salle, mais cette école était un vrai labyrinthe. A un moment donné, la sonnerie a retenti et les élèves sont partis chacun dans sa classe. En moins d'une minute, les couloirs étaient déserts.

Je me suis arrêté devant une vieille porte en bois à deux battants. J'ai poussé et avec un son raclant de métal sur le bois, la porte s'est ouverte. Je me suis retrouvé dans un couloir qui était vieux et poussiéreux. Les casiers étaient tous ouverts et une odeur de moisissure et d'humidité flottait dans l'air. J'étais sur le point de rebrousser chemin quand soudain j'ai remarqué les numéros sur les portes :

« 100...101...102... ».

Je me suis mis à suivre les numéros, mais quand j'ai regardé à travers les fenêtres de chaque salle de classe, elles étaient vides. En fin de compte, je suis arrivé à la salle 105. J'ai jeté un coup d'œil par la fenêtre. Tous les élèves étaient assis, le professeur était debout au tableau, le cours avait commencé. J'ai ouvert la porte tout doucement et je suis entré.

Personne n'a fait attention à moi. Je me suis excusé maladroitement d'être si en retard, mais en guise de réponse le professeur, qui était une femme, m'a tourné le dos et s'est mis à écrire sur le tableau. Rouge de honte, je me suis hâté de trouver une place libre à l'avant de la salle de classe et m'y suis assis.

Le professeur avait déjà écrit son nom à la craie sur le tableau :

« Mme Taylor »

Nerveux et gêné, j'ai fait tout mon possible pour ne pas attirer l'attention sur moi. Tout au long du cours, j'ai gardé ma tête baissée et je me suis contenté de résoudre les problèmes de maths.

Finalement, après ce qui m'a semblé être des heures, la sonnerie a retenti et le cours s'est terminé. Les autres se sont levés précipitamment de leurs chaises et ont couru vers la porte. J'ai regardé ma montre. Sous le choc, j'ai constaté qu'il était déjà 15h. La journée scolaire était finie et j'avais assisté uniquement à un seul cours.

J'ai regagné les couloirs, essayant de trouver la sortie. Tout à coup, j'ai entendu quelqu'un m'appeler. J'ai balayé l'endroit du regard. Un professeur venait vers moi en fronçant les sourcils.

– Toi ! Oui, toi ! Tu es le nouveau, n'est-ce pas ? a-t-il dit.

– Euh...oui, ai-je répondu.

– Ou étais-tu ? a-t-il demandé. Je t'ai cherché toute la journée ! Pourquoi n'es-tu pas allé en classe ?

– Mais j'étais en classe, ai-je protesté.

– Quelle classe ? m'a-t-il demandé avec suspicion.

– La classe de Mme Taylor, ai-je dit. Salle 105.

Les yeux du professeur se sont agrandis et il est brusquement devenu furieux.

– Tu te crois drôle, n'est-ce-pas ? a-t-il crié. Eh bien, sache que tu ne l'es pas. Ça n'a vraiment rien de drôle. Maintenant hors de ma vue !

J'étais très confus. Sur le chemin du retour, je n'ai cessé de m'interroger sur les raisons qui auraient pu pousser ce professeur à se mettre autant en colère. Dès que j'ai franchi la porte de notre appartement, je me suis rué sur mon ordinateur et me suis connecté sur internet. J'ai tapé le nom de l'école et celui du professeur, Mme Taylor.

Ce que j'ai découvert m'a glacé le sang.

Il y avait de vieux articles sur un terrible massacre qui s'était produit à l'école dix ans auparavant.

Un jour, de bon matin, un homme armé était simplement entré dans l'école et avait commencé à tirer. Il s'était tenu à la porte d'une salle de classe et avait abattu le professeur. Puis, il avait poursuivi sa sale besogne jusqu'à ce que la salle de classe se fût transformée en un bain de sang.

Il y avait des photos de la salle de classe où les meurtres avaient eu lieu. Je l'ai immédiatement reconnue. C'était la salle 105.

Il y avait également les photos des victimes. Aucun doute. Ils étaient tous là.

Tremblant de peur, j'ai regardé les visages souriants de Mme Taylor et de tous mes camarades de classe.

J'ai été pris d'une envie soudaine de vomir. Mes mains se sont mises à trembler et un frisson m'a traversé l'échine. J'ai passé toute la nuit suivante à essayer de me convaincre que j'avais rêvé.

Le lendemain matin, j'étais trop terrifié pour pouvoir retourner à l'école. J'ai craqué et j'ai raconté à mes parents tout ce qui s'était passé. Au début, ils pensaient que c'était juste mes nerfs, mais quand j'ai refusé d'y aller pendant toute une semaine, ils ont laissé tomber et m'ont inscrit dans une autre école.

Je me suis arrangé pour continuer ma vie et j'ai fait de mon mieux pour oublier cet horrible incident. J'avais presque réussi...

Ce matin, j'ai reçu une lettre par la poste. Il n'y avait aucun timbre sur l'enveloppe et aucune adresse de retour. Elle avait été livrée à la main.

Apres l'avoir ouverte et lu la carte imprimée à l'intérieur, mes mains ont recommencé à trembler.

C'était une invitation à une réunion de classe...

... signée « Mme Taylor ».

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