Short Stories Collection

Short Story 65 - Daisy Walker

Au début, nous pensions que c'était tout simplement inhabituel.

Une petite fille, jouant dehors toute seule, rien d'autre qu'un de ces vieux chevaux d'amusement pour se divertir. Loin de la plupart des enfants de nos jours, qui ne supportent pas d'être à plus de cinq pieds de l'iPad de leurs parents à la fois.

Mais peu de temps après, nous avons réalisé que quelque chose n'allait pas du tout.

Il ne devait pas faire plus de quatre ou cinq degrés cette nuit-là, presque le point de congélation. Mais il y avait elle, debout dans la rue, parfaitement immobile, avec ce cheval de bataille fermement dans sa poigne. Presque comme si elle ne sentait pas le froid.

Quand je suis sorti pour lui dire qu'elle devrait mettre une veste, elle était partie.

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Nous en avons parlé au propriétaire un jour de location. Je n'oublierai jamais le regard qu'il m'a lancé. En fait, la fille s'appelait Daisy Walker et elle avait été aperçue par de nombreux locataires précédents.

Daisy Walker était morte depuis 1986.

Le propriétaire a expliqué qu'elle avait été retrouvée étranglée dans un parc voisin, ce vieux cheval de loisir toujours fermement en sa possession. Il y a eu des arrestations et même un procès pour son meurtre, mais personne n'a été condamné en raison du manque de preuves.

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Un soir, je suis rentré à la maison pour trouver ma femme en larmes.

Elle avait revu Daisy Walker dans la rue. Dans le froid glacial, sous la lueur des lampadaires orange, le souffle de Daisy ne faisait pas de vapeur lorsqu'il frappait l'air, et quand elle a levé les yeux vers la fenêtre, ma femme a pu voir le blanc laiteux de ses longs yeux morts.

Elle en avait assez.

Nous avons décidé de faire appel à un médium.

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Le médium que nous avons contacté se spécialise dans ce qu'ils appellent « l'écriture automatique ».

L'écriture automatique ou « psychographie » est une capacité psychique revendiquée permettant à une personne de produire des mots écrits sans écrire consciemment. Les mots proviennent prétendument d'une source subconsciente, spirituelle ou surnaturelle.

Nous nous sommes donc assis, autour de notre table de cuisine, lumières éteintes, bougies allumées, avec notre « psychographe » prêt. Ses yeux étaient fermés, un stylo posé fermement sur un morceau de papier, prêt à retranscrire les paroles ou les pensées de la pauvre Daisy Walker.

Après quelques minutes de contemplation silencieuse, la plume que tenait notre médium s'est mise à trembler. Elle a plissé le visage, comme envahie par une sensation désagréable, puis s'est mise à écrire.

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Pendant presque une minute, le médium a griffonné sur ce morceau de papier, les yeux fermés tout le temps. C'était incessant, à aucun moment elle ne s'arrêtait pour rassembler ses pensées, ce n'était qu'un long flux de conscience qui s'échappait sur la page.

Lorsqu'elle s'est arrêtée, elle a relu ce qu'elle avait écrit, avant de se tourner vers nous avec un regard de terreur dans les yeux.

—Avez-vous tous les deux un autre endroit où rester pendant un moment ?

Nous avons secoué la tête, mes parents étaient décédés depuis longtemps et les parents de ma femme étaient en Caroline du Nord. Frustré et anxieux, j'ai demandé au médium de nous lire ce qu'il y avait sur cette feuille de papier.

À contrecœur, elle l'a fait.

—«Tout le monde s'inquiète pour moi, tout le monde se demande où je suis allée », a-t-elle commencé, la voix tremblante en parlant, « mais je ne suis pas Daisy Walker. Je ne suis même pas humain. Je suis tout autre chose. »

«Je prends la forme de Daisy Walker parce qu'elle est l'âme la plus pure que j'aie jamais prise. Son goût, sa texture, si exquis. Je prends Daisy pour me rapprocher de vous. »

« Et quand j'aurai fini, je vous prendrai aussi... »