Short Story 21 - Decoration de Noel

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C'était le réveillon de Noël. Une fillette de onze ans dénommée Juliette était en train de décorer le sapin. Sa mère travaillait comme infirmière à l'hôpital local et les deux vivaient seules dans un petit appartement de la banlieue parisienne.

Un peu plus tard dans la soirée, la mère de Juliette appela pour lui dire qu'elle ne rentrerait pas de sitôt, car elle avait encore beaucoup de choses à faire. Juliette continua donc de décorer le sapin avec toutes les belles choses que sa mère avait achetées dans un magasin. Elle drapa des lumières de Noël autour de l'arbre et suspendit de magnifiques ornements aux branches. Après avoir placé l'ange au sommet du sapin, elle s'arrêta un instant pour admirer son œuvre. Satisfaite, elle s'assit sur un des fauteuils et alluma la télévision.

Bien qu'elle fût toute seule dans cet appartement situé au sixième étage, Juliette se sentait en sécurité alors qu'elle balayait du regard les lumières de l'horizon parisien. De sa fenêtre, elle pouvait voir la tour Eiffel et le Champs-de-Mars.

La plupart des autres locataires de l'immeuble étaient rentrés chez eux pour passer le réveillon de Noël avec leurs proches à la campagne. Le bâtiment était presque désert.

Deux heures plus tard, sa mère n'était toujours pas rentrée. Juliette commençait à trouver le temps long quand soudain, elle crut entendre un grattement à la porte d'entrée. Elle éteignit la télévision et prêta l'oreille. Il y avait un silence étrange. Curieuse, elle s'approcha lentement de la porte et jeta un coup d'œil à travers le judas.

A sa grande surprise, elle vit un homme debout, vêtu d'un costume de père Noël. Il était gros, presque obèse, avec une barbe grise et sale. Il cogna à la porte.

— Qui est là ? demanda Juliette d'une voix où perçait la panique.

— C'est le père Noël, répondit l'homme. Laisse moi entrer. J'ai froid, je suis fatigué et j'ai faim.

Un frisson parcourut l'échine de la fillette. Elle n'était pas une idiote. Elle savait que cette homme effrayant était tout sauf le père Noël.

— Ma mère n'est pas là, dit-elle d'une voix tremblante. S'il vous plaît, allez-vous en.

Observant à travers le judas, elle vit les yeux de l'homme se remplir de colère et l'expression de son visage se transforma en une grimace de haine. En guise de réponse, l'homme frappa encore plus fort à la porte et fit claquer la poignée.

— C'est le père Noël, Juliette ! grogna-t-il. As-tu préparé du lait et des biscuits pour moi, Juliette ? Tu sais combien le père Noël aime son lait et ses biscuits !

La fillette sentit la peur lui nouer l'estomac. Comment savait-il son nom ?

Alors l'homme se mit à donner de violents coups de pied sur la porte. Elle le vit mettre la main dans la poche de son manteau et en tirer une lame. Il l'inséra dans le trou de la serrure pour essayer de l'ouvrir. Juliette recula. Elle n'avait aucune idée de ce qu'elle devait faire. Elle était terrifiée.

—Si vous ne vous en allez pas, je vais appeler la police ! cria-t-elle.

Tout à coup, les bruits stoppèrent. Juliette resta parfaitement immobile, trop effrayée pour faire le moindre mouvement. De longues minutes défilèrent et elle commença à penser que sa menace avait dû suffire à faire fuir cet homme. Tout doucement, elle regagna la porte et regarda encore une fois à travers le judas pour voir si il était vraiment parti. A première vue, c'était le cas.

Soudain, elle le vit courir dans le couloir avec une hache à la main. Juliette hurla de panique et alla s'enfermer dans un placard. Elle s'accroupit et se cacha derrière des manteaux alors que des larmes de frayeur coulaient sur ses joues. Elle entendit les boom ! boom ! boom ! qui signifiaient que l'homme était en train d'essayer de défoncer sa porte. Puis, il y eut un bruit de fissure puissant indiquant que la porte venait de céder. L'homme pénétra dans la demeure.

Riant d'un rire sinistre, il cria :

— Juliette, ma beauté ! Ou es-tu, Juliette ? N'aies pas peur ! Nous allons bien nous amuser ce soir ! Où est-ce que tu te caches ?

Il se promenait dans la maison, tel un lion rugissant, cherchant à la dévorer.

Juliette se recroquevilla davantage dans l'armoire, morte de peur. Elle n'osait même pas imaginer ce qu'il avait l'intention de lui faire.

Tout à coup, la poignée du placard monta et descendit. Puis, la porte se mit à trembler et elle entendit la voix de l'homme qui riait :

— Je sais que tu es à l'intérieur, dit-il. Ouvre la porte au Père Noël ! Ouvre avant que je ne te découpe en morceaux !

Se servant de sa hache, il frappa la porte du placard, déchirant le bois fragile. Juliette cria de nouveau et se mit à pleurer amèrement. Elle saisit un portemanteau et le tordit en un point. Elle attendit. Ses yeux étaient grands ouverts et ses mains tremblaient.

Un nouveau bruit assourdissant s'en suivit et les portes du placard cédèrent sous une pluie d'éclats. L'homme arracha les gonds des portes et passa sa tête entre les manteaux. Il riait et bavait comme un fou alors que ses énormes mains noueuses agrippaient la fillette horrifiée.

Juliette leva le bout pointu du portemanteau et bravement, le mit dans le visage de l'homme. Sans viser, elle l'enfonça dans son œil. L'homme recula, gémissant de douleur et hurlant de rage alors que du sang coulait sur sa joue. Il arracha le fil de son orbite et attrapa Juliette par les cheveux. Ensuite, il la traîna hors du placard, en la frappant à coups de pied et en hurlant.

Il la plaqua par la suite sur le sol et la tint fermement par le cou en se penchant sur elle. Du sang coulait de son œil, éclaboussant le visage de la fillette. Sa bouche se tordit en un sourire grotesque et il murmura à son oreille :

— Ce soir, tu sera privilégiée, ma belle Juliette. J'ai une liste et je l'ai vérifiée deux fois. Je suis ici pour décider si, oui ou non, tu as été une bonne petite fille. Tu peux crier et crier et me supplier de t'épargner, mais les méchantes petites filles ont droit à la hache tandis que les gentilles petites filles ont droit au couteau.

Il était plus de minuit quand la mère de Juliette rentra chez elle. Elle trouva la porte d'entrée en mille morceaux et tout de suite se rua à l'intérieur à la recherche de sa fille. Ses yeux eurent du mal à enregistrer la scène cauchemardesque qui se présentait à elle. Soudain, elle émit un cri d'horreur.

Le sapin de Noël était décoré des entrailles de Juliette et sa tête coupée était perchée sur le sommet.

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