Short Story 4 - Hillsborough

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Je roulais à vive allure, au volant de ma jeep. Les rues de Hillsborough étaient quasiment désertes à cette heure de la nuit. J'étais un peu pompette, ayant abusé de l'alcool à la fête de notre graduation chez ma meilleure amie. Pourtant, je me sentais un peu nostalgique. J'avais du mal à croire que dans quelques mois j'allais enfin intégrer l'université et laisser définitivement le lycée derrière moi. Le temps était passé si vite...

Pour me détendre un peu, je décidai de connecter mon iPhone au port USB de ma voiture et me mis à la recherche d'une chanson à écouter. Je jetai un regard sur la route pour m'assurer que c'était sans danger. Personne à des kilomètres. Je reportai mon attention sur mon smartphone, ma main gauche posée sur le volant. J'optai pour « Domino » de Jessy J. Cette chanson me mettait toujours d'entrain.

Avant d'appuyer sur « play », je vérifiai une dernière fois que la route était dégagée. Au comble de ma surprise et de mon horreur, je constatai qu'elle ne l'était plus. Un homme se tenait juste à quelques mètres de ma voiture. Je savais qu'il était beaucoup trop tard pour freiner, alors je choisis de tourner à droite, croyant pouvoir l'éviter. Je réussis, mais j'en payai le prix.

Ma Jeep fit plusieurs tonneaux et acheva sa course en s'écrasant contre un poteau électrique. Le choc fut violent. Lorsque je retrouvai mes esprits, je constatai, en regardant mon rétroviseur, que j'avais le visage ensanglanté. J'avais mal partout et j'avais l'impression de voir le monde à l'envers. Je réalisai que c'était parce-que ma voiture était renversée. C'était extrêmement inconfortable.
Ironiquement, ma ceinture de sécurité était toujours attachée.

La panique me submergea comme l'eau envahit le Titanic après sa collision avec l'iceberg : doucement. Tout comme les passagers de ce grand bateau eurent le temps de voir leur mort arriver, si je ne faisais rien, j'allais connaître exactement le même sort.

J'essayai tant bien que mal de me dégager, de faire n'importe quoi pour me sortir de ce pétrin. Mais quelque chose n'allait pas. Mes mouvements étaient saccadés, je tremblais comme une feuille, je me sentais très faible. Un filet de sang coula de mes lèvres jusqu'à mon front. Je voulus crier: « A l'aide », mais je ne réussis qu'à émettre un faible gémissement.

Dans les films, c'est souvent à cet instant que le héros intervient pour, comme ils disent, « save the day ». Mais, ce genre de chose n'arrive que dans les films. J'allai mourir là, seule, sans que personne ne s'en rende compte.

Personne...

Une minute ! La raison pour laquelle je me retrouvais dans cette situation était qu'il y avait justement quelqu'un sur la route, quelqu'un qui avait surgi de nulle part et dont la vie avait été sauvée grâce à moi. Cet homme me devait la vie ! Ou était-il ? Que faisait-il ? Pourquoi ne venait-il pas m'aider ? M'observait-il en ce moment ? L'angoisse céda la place à la colère. Je lui avais sauvé la vie, et lui pour me remercier, m'avait abandonné comme si j'étais un vulgaire animal... J'aurais dû lui rentrer dedans !

Je me mis à toussoter faiblement. Du sang sortit de ma bouche. Je regardai autour de moi pour voir s'il n'y avait rien que je pouvais faire. J'aperçus mon iPhone qui se trouvait plus loin à ma droite. Aucun moyen de le saisir. Mes yeux commençaient à peser étrangement. Je sentais que c'était la fin...

Tout à coup, alors que je pensais qu'il n'y avait plus d'espoir, je vis ma portière être arrachée avec violence et une main me saisit et me tira aussi facilement que si j'avais été une poupée. Ma vision était floue. Je n'allais pas tarder à perdre connaissance. On me déposa sur le sol. Puis, mon regard se porta sur la personne qui m'avait secouru.

La première chose que je réussis à distinguer fut des yeux d'un bleu envoûtant, enfoncés dans un visage très pâle. Si pâle, qu'on aurait dit qu'il brillait. Ses cheveux étaient noirs et lui tombaient jusqu'aux épaules. Il avait un nez droit comme ceux que l'on voit sur les sculptures grecs, et ses lèvres roses offraient un joli contraste avec la blancheur de sa peau.

C'était sans aucun doute l'homme le plus beau que j'avais vu de ma vie. Et c'était son visage que j'allais emporter avec moi au paradis...

L'homme me dévisagea un moment, comme s'il réfléchissait, puis doucement se pencha vers moi. Croyant qu'il allait m'embrasser, je fermai doucement les yeux, souhaitant immortaliser ce moment mais aussi parce-que je n'arrivai plus à les garder ouvert. Cependant, au lieu de ses lèvres sur les miennes, je sentis son souffle sur mon coup, puis ses dents s'enfoncer profondément dans ma chair. Si j'en avais eu la force, j'aurais surement crié. Mais au lieu de cela, je m'enfonçai dans le vide auquel j'avais tenté de résister pendant si longtemps...

Puis...

J'ouvris les yeux. Je m'étais endormi au volant.

C'était juste un rêve...

J'étais garé à un feu rouge. Je soupirai de soulagement, un petit rire s'échappant de ma bouche. Je me sentais à la fois stupide et heureuse.

Quand le feu passa aux verts, je démarrai à grande vitesse.

Pour me rasséréner, je décidai de mettre un peu de musique. Apres avoir vérifié qu'il n'y avait personne sur la route, je reportai mon attention sur mon IPhone. Au hasard, je tombai sur « Domino » de Jessie J.

Comme dans mon rêve, pensai-je.

Au moment d'appuyer sur « play », je levai la tête...

Quelqu'un était la...

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