Chapitre 2

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— Vous avez relu le scénario ?

— Oui, je suis certaine d'avoir le bon ton. On verra sur le tournage.

Les grands sont en train de discuter dans la voiture, pendant ce temps Jona préfère regarder les images colorées de son petit livre jeunesse. Ça fait deux semaines qu'il est à " La Sérénité " et tout va bien. Au début il ne savait pas s'y prendre avec les autres, mais Yassen et Félix lui ont montré des petites astuces pour s'adapter à tout le monde. En parlant de ses nouveaux amis, tout n'est pas toujours rose. Même si au départ Félix pensait que Jona voulait lui voler sa place, aujourd'hui ils s'entendent très bien. Avec Yassen c'est une autre paire de manches. Il n'est pas méchant, il est juste... pas gentil ? Jona ne sait plus quoi penser de lui.

Il y a des jours où il est fidèle à lui-même, sans être vraiment désagréable, puis il y a des jours où il ne veut parler à personne et s'énerve contre tout le monde. Félix dit que c'est parce qu'il a des petits soucis, ils sont amis depuis la petite section, c'est une éternité ! Ils savent tout l'un sur l'autre. Jona est un peu jaloux, il n'est que le second ami.

Il soupire.

Il ferme son livre et le range dans son sac. Aujourd'hui il a apporté une boîte remplit de biscuits. Il a gentiment demandé à la cuisinière d'en faire une boîte pleine, il a aidé à faire les copeaux de chocolat, bien qu'il en a mangé deux ou trois à l'insu de celle-ci. Il veut en offrir à toute sa classe, sa mère est fière de lui. Un Bertolo se doit d'être généreux et amical en toute circonstance, c'est son nouveau papy d'amour qui le lui a dit.

Devant sa classe, sa mère le dépose et le quitte après un long baiser sur la joue. Lorsqu'elle tourne au couloir, deux petites voix ricanent derrière lui. Il se tourne, se sont ses deux copains.

— Bye bye maman chérie, imite Félix d'un air moqueur.

— Oui, mon petit chou d'amour, simule Yassen en mimant des bisous de la mère de son ami.

Ça c'est pas gentil. Jonathan aime beaucoup les bisous de sa maman. Blessé, il baisse la tête.

— Tu ne vas pas pleurer quand même, râle le caïd. C'est juste pour rire.

— Ce n'est pas drôle, arrive-t-il à articuler.

— Bon ben c'est la vie !

Sur ce, il s'en va mécontent.

— Pourquoi est-il si méchant avec moi ? demande le pauvre garçon.

— Je sais qu'il a tort, je suis désolé si notre blague ne t'a pas fait rire. On pensait que tu allais rigoler.

En guise de réponse, il préfère aller en classe en silence. Il veut juste passer une bonne journée. Dès qu'il franchit la porte, il va vers la maîtresse avec sa boîte de biscuits et lui dit qu'il veut en donner à tout le monde.

— Tu es adorable, Jonathan.

Le ventre remplit de papillons, il croise ses pieds timidement avant de murmurer :

— Merci, maîtresse.

— Tout le monde, regardez par ici.

Toute la classe lui donne son attention.

— Votre camarade a une gentille intention pour vous. Il a apporté des apéritifs qu'il va vous partager tout à l'heure, des bons biscuits au chocolat et à la cannelle.

Les élèves ont tous l'air ravi.

— Vous devez lui dire merci d'avance car c'est très généreux de sa part.

Personne ne peut le voir, mais il rougit. Il resserre le bas de son pull en battant des cils. Les filles le trouvent trop mignon, il a du succès. Accueilli en héros après cette brève parenthèse, une bande de gamines lui demande s'il veut s'assoir avec elles aujourd'hui. Confus, il ne s'imaginait pas ça. Quelle surprise ! Une bouffée de chaleur lui brûle les joues, il est très honoré.

Feutre vertOù les histoires vivent. Découvrez maintenant