— Qu'est-ce que tu fais, Félix ?
Son fils aîné glisse quelque chose dans son sac assez rapidement. Méfiant, il se rapproche et lui demande ce que c'était.
— Rien de spécial, papa.
— Ah, oui ? Ouvre ton sac que je vérifie.
— J'ai dit que ce n'est rien de grave !
— Félix !
Énervé, le garçon ouvre son sac de voyage en grand. Yassen n'aime pas son comportement. Il fouille et tombe sur...
— Je n'ai plus le droit d'emmener maman avec moi ?!
Sur cette phrase obscure, Félix ramasse son sac et plante son père au milieu de sa chambre. C'était juste une photo de Raïma et lui. Embarrassé, le père de famille se laisse choir sur le lit de son fils. Pourquoi en sont-ils arrivés là ? Il déteste lever la voix sur ses enfants, mais quand son grand parle de cette façon, il a toujours l'impression que s'il ne se montre pas ferme, ça pourrait dégénérer.
Alors qu'il est plongé dans ses pensées, le visage de Siwed apparaît à l'entrebâillement de la porte.
— J'ai mis toutes vos valises dans la voiture. Tu viens ?
Yassen se masse le visage et acquiesce.
— Qu'est-ce que tu as ?
— Rien. C'est juste Félix.
— Encore ? Eh ben, ça n'ira pas en s'arrangeant maintenant qu'il est officiellement «un homme», se moque-t-il.
Yassen est obligé de rire, lui aussi. Son fils a passé sa cérémonie d'émancipation avec succès, il était très fier de lui. En l'espace de deux semaines passées au village, il a eu l'impression que son garçon allait mieux que d'habitude. C'était si incroyable surtout quand il s'est jeté sur son père après son combat, alors qu'il sait qu'il est interdit de se montrer aussi affectueux avec le Chef en public. Yassen était si heureux pour lui qu'il a jeté les convenances à la poubelle, si Félix était heureux, alors il l'était aussi.
D'ailleurs, il est déjà considéré comme un homme trop moderne, la notabilité n'apprécie pas toujours son côté très « blanc » quand il s'agit de prendre des décisions ou d'afficher des comportements. Franchement, Yassen n'en a pas cure.
Il sent que Félix aime la proximité avec les traditions, il se demande si ce n'est pas prématuré.
Il retrouve sa famille dehors, sa belle-mère et Amina l'attendent à l'entrée, les visages courroucés. Les domestiques sont silencieux et font profils bas. Siwed ferme la malle arrière du véhicule et patiente.
— Majesté, pourquoi partez-vous avec les enfants ? s'inquiète la belle-mère.
— Ce sont mes enfants, Adja. J'ai le droit de les emmener où je veux. Vous les verrez après les vacances.
— Mais sans leur tante ?
Elle pousse sa fille en avant. Amina est resplendissante, un peu trop à son goût.
J'espère qu'elle n'avait pas l'intention de venir.
— C'est vrai, mon mari. Tu sais que les enfants ont besoin que quelqu'un prenne soin d'eux. Tu vas te débrouiller comment sans moi ? Tu n'aimes pas quand les étrangers s'approchent d'eux, dit-elle de sa voix douce. Je suis prête si tu veux changer d'avis.
Il va avoir mal à la tête. C'est vrai que chaque fois qu'il emmenait ses enfants avec lui, leur tante étaient juste derrière. Mais il pense que c'est mieux qu'elle reste très loin pour cette fois. Ils vont réussir à tenir deux mois sans la voir, n'est-ce pas ?
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Feutre vert
RomanceYassen finit de colorier le soleil, il a besoin de vert pour colorier le gazon de la maison de ses rêves, où lui, sa grande sœur, son papa et sa maman pourront habiter quand ils auront beaucoup d'argent et plus de disputes. Jona cherche du feutre ve...