Chapitre 10

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— Encore à t'entraîner pour savoir si tu vas l'embrasser, bêêêêê ?

— Je ne vous entends plus ! riposte Jonathan.

Penché au-dessus du bel au bois dormant, il est sûr et certain qu'enfin il arrivera à avoir son bisou.

Mais comme toujours, il s'écrase sur le parquet.

— Aaaaaaaaaaaaaaaaaaaargh, gigote-t-il de frustration, la larme à l'œil.

Les lèvres douloureuses, il se retourne pour fixer le plafond sous la faible luminosité qui perce par la fenêtre.

— Ça fait mal, chuchote-t-il, exaspéré.

SORS DE MA TÊTE, YAAAAAAAAASSEEEEEEEEEN !

Ce mercredi matin, c'est d'une humeur massacrante, qu'il rejoint Yassen devant le portail.

— Ben c'est quoi cette tête ? T'as mal dormi ?

Il fixe l'origine de ses problèmes avec dédain.

Comment peut-il oser me demander ça, alors que c'est sa faute !

Il ignore l'autre en baragouinant des choses incompréhensibles. Yassen se gratte la joue, interdit par le comportement étrange de son ami. Il a dû se lever du mauvais pied, pense-t-il. Il court après le boudeur de service et sort quelque chose de la poche de son pantalon pour lui montrer : c'est un bracelet de laine vert.

— C'est quoi ça ?

— Samira m'a appris à faire ça hier soir. Je suis plus doué qu'elle en plus, ricane-t-il.

Le bijou artisanal a été tressé, mais quelques perles de couleurs ont été utilisées pour la décoration. Celle qu'il a en main forme une fleur, un péché mignon de son meilleur ami. Il attrape le poignet de ce dernier et l'attache dessus. Jonathan rougit jusqu'aux cheveux.

— C'est le tiens.

Remué à l'intérieur, le garçon peine à dire "merci" sans avoir envie de sauter sur son congénère, c'est absolument adorable !

— Voici le mien.

Yassen montre son bras, il ne porte pas un, mais bien trois bracelets : Vert, jaune, rouge. Même s'il pointe le vert qui ressemble exactement à celui qu'il a tressé pour Jonathan, la curiosité l'amène à demander pourquoi autant de bijoux.

— Normalement, ce sont les couleurs du drapeau Malien. Ma mère m'a toujours dit que le vert représentait l'agriculture et la verdure qu'il y a dans mon pays d'origine, elle a aussi ajouté que c'était la couleur d'espérance en Afrique et dans le monde. C'est pour cela que je l'ai choisi pour te confectionner un bracelet, ainsi j'espère qu'on restera toujours proche quoi qu'il arrive.

Le cerveau de Jonathan est en congés, il s'imagine déjà lui et Yassen, main dans la main, sillonnant les routes du Mali pour découvrir ce pays d'Afrique. Il en reverrait trop !

Y a-t-il des lions là-bas ?

— Le Jaune c'est pour le sol riche en or et beaucoup d'autres matières premières. Alors j'ai décidé de faire deux bracelets jaunes, pour Samira et Maman, car elles sont comme des trésors pour moi.

Quelle poésie !

Les oreilles de Jonathan bourdonnent des musiques d'amour de ses Disney préférés. Tout est au ralenti : les lèvres de Yassen qui bougent, ses mouvements, sa façon de rire, ses paupières qui bougent, même lorsqu'il éternue et se sert du manche de sa chemise pour essuyer sa bouche, Jonathan trouve ça classe. Il est au paradis.

— Et le rouge c'est pour se rappeler de lutter jusqu'à la
dernière goutte de sang pour préserver l'intégrité de notre sol, notre sous-sol et notre
patrimoine artistique et culturel des étrangers voulant nous piller. J'ai donc décidé que cette couleur sera l'étendard de mon amitié avec Hakim !

Feutre vertOù les histoires vivent. Découvrez maintenant