Chapitre 26

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— Bon, je répète, souffle Jona devant son miroir, une liste en main. J'arrive, je salue tout le monde, je lui fais un compliment sur sa tenue. Ensuite, je l'emmène dans un parc pour discuter de nos centres d'intérêts ; juste après, je l'emmène au cinéma pour un film romantique, puis je l'invite manger dans un bon endroit, pas trop romantique non plus. Je dois surtout m'atteler à ce qu'il parle de lui, pour qu'il sache que j'écoute beaucoup les autres et que je ne suis pas un égoïste. À la toute fin, si je réunis toute la bonne atmosphère, dès qu'on gare dans son quartier, je l'embrasse avant qu'il monte chez lui.

Il plie son bout de papier et le met dans sa poche. Après un dernier coup d'œil à sa tenue, le beau gosse fait sa petite danse des fesses avant de sortir. Aujourd'hui c'est leur premier date ! Yes ! Il marche prudemment dans les escaliers, histoire de ne pas tomber, ça serait une cata s'il annule leur journée à cause d'un bras cassé. Lorsqu'il apparaît enfin dans le salon, devant ses parents, c'est un Jona dans un tee-shirt jaune avec un motif florale au centre et un bas Jean bleu retroussé, qui se pavane devant eux pour qu'on lui dise qu'il est fabuleux.

Toutefois...

— Mon chéri, où vas-tu dans cette tenue ?

— Je vais voir des amis.

— Avec ce petit haut ? On voit ton nombril dès que tu lèves les bras, mon ange. Est-ce une tenue appropriée pour sortir ?

— J'adore ce petit haut, Mam, se plaint-il. Tu as accepté que je l'achète la dernière fois.

— Oui, pour que tu le portes à la maison. Tu as des vêtements plus décents là-haut, va mettre quelque chose à ta taille.

Léon réfléchit un instant avant de parler.

— Ta mère n'a pas tort, mon grand. Un garçon doit mieux se couvrir que ça, tu pourrais maître ta chemise bleu que tu aimes bien.

— Mais...

— Pas de mais, Jona. Tu ne sortiras pas d'ici habiller comme ça, souligne-t-elle. D'ailleurs, tu ne m'as pas demandé la permission avant de planifier une sortie.

Désemparé, il cherche Léon à la rescousse.

— Il m'en a parlé, chérie. Je lui ai donné mon accord, ne t'inquiètes pas.

Ebahie, elle les examine tour à tour. Depuis quand ils se parlent ces deux là ? Agréablement surprise, elle se repose sur le torse de son amoureux, apparemment les choses avancent entre eux.

— Bon d'accord, je n'ai plus rien à dire.

Le garçon est soulagé. Il obéit à ses parents et monte se changer.

— Je vois que ça avance déjà entre vous, dit Mélinda.

— On y va pas à pas, mais je suis rassuré sur l'avenir. Je pense qu'il serait temps de lui annoncer la nouvelle, il n'est plus un enfant à présent. Il a su encaisser notre emménagement ensemble et il vit notre relation plutôt bien. Il est temps qu'on passe à la troisième étape. Rapidement surtout, j'ai très envie que nous fassions plus.

Il caresse le ventre de sa belle.

— C'est vrai. Je pense aussi organiser une rencontre pour nos deux familles. Il est temps que ta famille rencontre la mienne. Ça sera épique.

— Justement, chérie. J'ai une doléance.

— Laquelle ?

— C'est à propos de ta mère et ses... Comment dire... Tu sais qu'elle a trop de préjugés et juge les gens sur des stéréotypes. Ça pourrait mal passer avec les miens, je serais plus tranquille si tu lui disais de se contrôler durant cet échange.

Feutre vertOù les histoires vivent. Découvrez maintenant