Chapitre 3

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— Papa, tu seras là à mon anniversaire ?

Son père dépose sa tasse de café super amer que Yassen n'aime pas. Sa mère lui donne une brioche et lui demande si il a tout ce dont il a besoin pour se régaler. Le petit gourmand se goinfre au point de répondre "merci" la bouche pleine.

— On ne parle pas la bouche pleine.

Il avale d'un coup, il s'étouffe presque avec un gros morceau. Sa sœur rigole pendant que son père lui fait un massage à la poitrine pour que le malaise passe.

— Sandrine, arrête de gronder le petit.

— Oh, parce que je l'ai sûrement fait exprès, n'est ce pas ? hausse-t-elle la voix.

Ça recommence. C'est toujours comme ça quand les disputes arrivent. Sandrine, sa mère, est tout le temps sur le point de se bagarrer. Un jour elle a tapé la mère de son voisin Hakim parce qu'elle refusait de lui rendre la boîte de sel qu'elle lui avait emprunté. Yassen n'aime pas quand sa maman s'énerve, alors il agit rapidement.

— Désolé, maman. Je vais plus recommencer, utilise-t-il sa bavoir.

Elle se calme direct en lançant un regard de travers à son papa, puis elle fait une bise de consolation sur son front. Yassen n'aime que les bises de sa maman, c'est pour cela qu'il ne comprend pas pourquoi il a encore envie d'une bise de Jona. C'est bizarre. Les bisous des garçons c'est « beurk ». Son père revient vers lui avec un air désolé.

— Non, mon grand. Papa s'excuse, demain je vais aller au travail. Tu sais, les méchants ne font jamais de pause.

Le cœur de Yassen se comprime. La même excuse chaque fois. Chaque fois ! Quand il doit réciter pour la fête de l'école, son père n'est pas là ! Quand il essaie son costume de héros pour le thème de son anniversaire, papa il est toujours pas là ! En fait il n'est jamais, jamais, jamais là !

Il devient très triste. Son père est un policier qui arrête tous les méchants, mais jamais il arrête le gros Caleb qui habite en bas. Il est gros et méchant ! Mais lui, non, il va pas en prison, un vrai caïd.

— Ne fais pas cette tête, Yassen. Je sais que tu aurais voulu que je reste, mais c'est vraiment très important. Je dois faire une mission, un peu comme les supers héros que tu aimes regarder à la télé, mon fils. Ou comme le prophète quand Allah lui a donné une grande mis... Yassen, ça va ? s'inquiète-t-il.

Yassen en a marre !

Il n'a plus faim. Il pousse son bol de lait et sort de table. Sandrine le gronde, mais pour une fois il désobéit.

— Fais attention ! râle sa sœur parce qu'il a renversé son lait sur elle.

— Yassen ! Reviens ici ! crit sa mère.

La poitrine douloureuse, il court jusqu'à la chambre. Samira, sa sœur, et lui dorment dans une pièce avec lit superposé. C'est pour cela que son papa policier lui a promis une nouvelle maison bientôt, ainsi il pourra y mettre tous ses jouets et rester loin de sa sœur qui lui fait trop de mauvaises blagues. Il se glisse sous le lit pour échapper à la fessée de maman, parce que maman a été élevée à l'africaine, elle se fiche des règles françaises. Elle donne toujours la fessée ! Pourtant papa lui rappelle que c'est mal et qu'il doit l'arrêter, quand il dit ça, elle lui sort toujours les gros yeux. Elle n'est plus jolie quand elle le fait, elle ressemble trop à la femme qui fait rire à la télé, mais Yassen a oublié son nom.

— YASSEN IBRAHIM RAWY JUNIOR SORS DE LÀ !

— Non !

— Tu desobéis ? dit-elle offusquée.

Feutre vertOù les histoires vivent. Découvrez maintenant