Chapitre 66

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L'infirmière pose un pansement sur le nez. Tous les autres se penchent pour regarder son visage. La lumière du soleil ne l'aide pas à garder les yeux ouverts, mais les murmures de l'audience qui lui parviennent suffisent à le garder éveiller. Les Hanks haranguent les spectateurs de l'autre côté, ce prenant pour les futurs vainqueurs de la partie, tandis qu'ils en profitent pour se rassurer qu'il va bien.

— Eh ben, t'as de la chance, dit Mané en l'aidant à se lever, s'il avait frappé encore plus fort que ça, tu aurais eu le nez écrabouiller.

Hakim remercie l'infirmière et se tourne vers lui.

— Tu penses pouvoir jouer dans ces conditions ? Si non, Ismaël peut très bien prendre ta place.

Aamm' a raison ! réplique-t-il immédiatement. Au-moins le temps que la douleur se calme, monsieur Rawy. Ce type vous a bien amoché !

— Ce type est un tricheur ! s'indigne Felix Junior. On doit l'exclure du terrain ! Tu penses que ça va aller, pa' ?

Yaly, accroché au bras de son père, se couche sur lui pour lui donner sa force. Quand il a vu son père s'effondrer sur le terrain, il a crié si fort qu'il en a percé des tympans. Sa grand-mère l'attrape pour qu'il laisse son père tranquille.

Yassen grimace après avoir effleuré son nez. Il doit sûrement être amoché, car le vent qui passe lui donne des frissons violents quand son visage picote. Il touche et sent un enflement sur ses yeux. Ce serait de la folie de jouer comme ça, mais...

— C'est bon, je vais le faire.

— HEIN ? s'étonne tout le monde.

— Ibrahim Junior !

— Ma', la recadre-t-il fermement. Je vais le faire, un point c'est tout. Si j'abandonne maintenant cet enfoiré aura gagné la bataille et ça c'est un non catégorique !

— Non, mais tu t'es vu !? scande Carmen. Je ne veux pas risquer de te voir mourir pour un simple jeu. C'est hors de question ! Sarah, parle-lui !

— Elle a raison, souligne-t-elle en douceur, en lui touchant l'épaule. Je suis sûre que tu as très mal, le mieux serait que tu restes ici avec moi. Félix et les autres se débrouilleront sans toi.

— Dites-moi de déclarer forfait, tant que vous y êtes ! s'énerve-t-il. La douleur est surmontable et je vous rappelle que c'est avec mes mains que je joue, pas ma tête ! Je peux très bien continuer cette foutue partie ! D'ailleurs, on perd trop de temps à vociférer ici. Regardez-les à se pavaner comme des cannes !

Ils se tournent et constatent qu'il a raison. Les triplés savourent des cocktails en rigolant avec leurs parents. Le visage de Jona est voilé d'inquiétude quand ses yeux rentrent en contact avec les leurs. Carmen soupire en imaginant ce qu'il ressent en ce moment. Elle fait volte-face.

— Si je siffle la reprise, je te préviens que tu ne pourras pas me supplier d'arrêter.

— Non, mais tu ne vas pas accepter ça ! s'interpose Hakim en mettant fin à leur conversation. Je ne veux pas que tu y retournes, ce gars a l'air d'avoir une dent contre toi et je ne pense pas qu'il va s'arrêter là. Il peut bien jouer celui qui n'a pas fait exprès, mais je sais que c'était exactement son intention de te blesser !

Yassen caresse Yaly, qui semble moins soucieux à présent qu'il lui sourit. Il demande calmement à sa mère et à Sarah de reprendre leur place et d'emmener les enfants. Félix Junior riposte, mais Ismaël lui intime l'ordre de le suivre. Son père le rassure comme il peut et enfin il cède à l'injonction. À présent seuls avec les membres de l'équipe et l'arbitre, il déclare formellement.

Feutre vertOù les histoires vivent. Découvrez maintenant