Chapitre 17

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Le ciel est obscurci par des nuages gris, Jonathan se demande s'il va pleuvoir des cordes. Ça sera toujours mieux que d'écouter la voix nasillarde de leur prof d'algèbres. Il jette un œil à sa montre, il reste trente minutes avant la fin du cours, quel supplice. Quelqu'un lui tapote le dos, il râle en l'évitant délibérément. La personne recommence plusieurs fois, ça l'agace !

— Quoi ? chuchote-t-il agressif en se retournant.

Sa camarade de classe aux tresses longues, arborant des lunettes rondes, lui fait une grimace de mécontentement. Il considère qu'elle n'a rien de spécial à dire, il revient à sa contemplation morose de ce lundi.

La fille recommence, cette fois en lui donnant des coups bien sentis. Jona rouspète plus fort que prévu et attire le regard perçant de sa prof.

— Je vois que monsieur Bertholo a la réponse à la question, alors montez et montrez nous comment on s'y prend pour obtenir X égale à racine carrée de 7.

Ce dernier bégaie en essayant de se défendre, la classe est hilare.

— C'est gentil tout ça, mais veuillez nous éclairer de votre génie linguistique en passant devant.

Super ! Il ne manquait plus que ça.

Il sait déjà qu'on va rigoler de lui.

À l'heure de pause, sa voisine le rejoint.

— Désolée pour la prof, je ne voulais pas te faire prendre, dit Carmen.

— Lâche-moi tu veux bien ? J'ai envie d'être seul !

Il attrape son sac et se dirige au réfectoire. Elle est très confuse par sa réaction, ça ne lui ressemble pas d'être si agressif. Elle part à sa poursuite et le rattrape dans le couloir. À deux, ils vont se restaurer.

Il est scolarisé dans un collège côté et très compétitif. Reconnu comme un des meilleurs en France et en Suisse. Même si l'environnement est strict, tous les élèves se sentent privilégiés d'intégrer une si grande et belle école. Ça sera très important pour le futur. La tenue officielle est un costume avec veste bleu arborant l'écusson pour les garçons et un tailleur jupe plissée de couleur rouge pour les filles.

Jona récupère son plateau et se sert, puis va s'asseoir. Carmen prend place en face de lui.

— Si c'est toujours à cause de cette histoire de bagarre, permet moi de te dire que ne verse pas ta colère sur moi ! Tu vaux mieux que ça quand même !

— Je veux être seul ! Je ne suis pas d'humeur à te causer !

— C'est quoi ces manières ? Je te rappelle que je suis ton amie ! Ta meilleure amie ! Si tu as un problème, tu dois m'en parler, c'est comme ça que ça marche, monsieur le ronchon.

Agacé, il engouffre son déjeuner pour couper court à la discussion. L'appréhension lui donne l'appétit. Il stress depuis hier, rien n'arrive à lui remonter le moral. Il n'est toujours pas convaincu que tout soit clair avec Yassen. Il ne cesse de repenser à cette nuit, c'est impossible à effacer de sa mémoire. Tout avait l'air si naturel, si évident. Yassen n'a pas hésité de quelques manières que ce soit, au contraire c'est Jona qui avait peur de trop en faire. Lui qui a toujours rêvé d'un moment pareil, il s'en veut terriblement de la tournure des choses. Et si Yassen coupe les ponts avec lui ? Et si jamais ils ne puissent plus jamais se revoir ou reparler ?

— En attendant que tu cuves ta colère, tu peux me dire si tu as avancé sur ton exposé ?

— Je le commence ce soir.

— Il ne reste que deux semaines.

— Je sais, je vais le finir très rapidement. Et toi ?

— Je connais tout sur mon pays, du moins, à ma connaissance. Ça va aller très vite.

Feutre vertOù les histoires vivent. Découvrez maintenant