Assis tous les trois au bord de la piscine, le silence est d'or. Ils sont fâchés.
Murielle les observe par la baie vitrée et fait un pronostic avec les autres domestiques pour deviner combien de temps ce théâtre va durer. Ils connaissent ces enfants, ils les ont presque tous élevés, alors ils savent que les chamailleries ne tiennent jamais une journée. Les paris montés, tout le monde repart à son travail.
Félix soupire d'agacement.
— J'ai faim ! râle-t-il. Je ne peux pas rester fâcher l'estomac vide, je dois me restaurer.
Il guette les deux garçons à ses côtés, ils semblent désireux de maintenir la petite guéguerre, lui non. Il se lève et se dirige à l'intérieur.
— Où vas-tu ? interroge Jona.
— Demander à tata Mumu si on peut déjà déjeuner. J'ai besoin d'énergie.
— T'es sérieux, là ?
— Excuse-moi, monsieur. Techniquement, tu es fâché contre tête de gangsta poids plume, pas contre moi. Alors tu ne peux logiquement pas m'interdire d'investir ta cuisine ! C'est la diplomatie !
Ça n'a rien à voir, pense Jona en le jugeant. Bon, s'il a faim...
Son ventre gargouille.
Ah ouais, moi aussi.
Il jette un œil méprisant vers le menteur international. Ce sale menteur !
— Réserve ma place, on mange ensemble, j'ai la dalle ! dit-il en se remettant sur pieds.
Yassen se sent mis à l'écart, personne ne lui demande s'il a mangé ou pas. Il a la crève, là ! Toutefois, il ne se rabaissera jamais à les rejoindre, c'est eux les fautifs, ils ont voulu le noyer ! Juste pour un maigre rendez-vous qui s'est mal terminé en plus ! Le père de Fanny fait trop peur.
— Tu viens ? demande Félix en passant la tête par la fenêtre. C'est mieux de se détester le ventre plein.
Il ne pense qu'à ça, Yassen tourne la tête. Son ami roule des yeux et vient se tenir à ses côtés. Le malien se recule, Félix avance vers lui. Il refait son geste, l'autre le suit. Yass sait que cette sangsue ne le lâchera pas tant qu'il ne sera pas lever. Même s'il résiste au début, il cède au final.
— Je ne sais pas comment ton rencard s'est passé, mais vu que t'as voulu passer tes nerfs sur moi, J'imagine que Jonathan deux n'a pas accepté ta confession.
— Toi, grogne-t-il. Elle ne lui ressemble pas ! Arrête ! C'est à cause de toi si j'ai rien pu faire ! À cause de tes moqueries, j'ai passé la matinée à croire que je travaillais avec lui ! Ça m'a bloqué ! Merci !
— Tu veux dire que tu as finalement remarqué qu'elle lui ressemble ? Ça devait être trop bizarre, rigole-t-il. Pécho une fille qui ressemble à un mec, en plus notre meilleur pote, t'as des trucs balaises quoi.
— Déjà, tu parles moins fort ! De deux, Fanny est douce et féminine sous ses apparences de brute, rien à voir avec lui. De trois, je ne pécho personne, je suis juste en train de préparer le terrain. Il n'y a rien de concret. Pourquoi tu lui as mis dans la tête que je sors avec elle ?
— J'ai rien dit de tel. Et même si c'était le cas, en quoi c'est choquant ou blessant ? Sa réaction n'a pas de sens et la tienne aussi.
Yassen rate un battement.
— J'ai juste dit que t'avais un rencard avec elle, où est le problème ? Vous agissez bizarrement tous les deux.
Hum ?
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Feutre vert
RomanceYassen finit de colorier le soleil, il a besoin de vert pour colorier le gazon de la maison de ses rêves, où lui, sa grande sœur, son papa et sa maman pourront habiter quand ils auront beaucoup d'argent et plus de disputes. Jona cherche du feutre ve...