Chapitre 6

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Jonathan court tout nu, au ralenti, le bonheur dessiné sur la figure. Des bulles d'air saturent l'atmosphère et il y a des chèvres et des moutons volants qui klaxonnent à son passage. Le sol sur lequel il évolue est cotonneux et rebondissant, quel bonheur ! Tout est si paisible.

Atterrissant sur un nénuphar géant, il fixe son monde le torse fier. Il est le roi ! Tout est parfait. Le nectar qui coule du ciel jaune attire ses envies gourmandes. Il sort une paille magique de nulle part qui grossit au point de devenir une paille gigantesque, qu'il utilise pour recueillir le succulent liquide. Répu, il décide qu'une sieste est nécessaire. Il ne manque plus que trouver un coin douillet dans ce petit paradis.

Soudain, il entend un bruit derrière lui. Il se retourne précipitamment à en avoir un torticolis, il constate qu'il n'est pas seul. Une forme familière apparaît derrière la poussière de perlinpimpin. Recouvert d'une feuille aussi pittoresque que tout le reste du lieu, Yassen dort paisiblement. Comment il est arrivé là, lui ? Jonathan avance à pas hésitant, son ami a l'air serein.

Il s'agenouille à côté de lui et regarde son torse se lever et descendre à la force de sa respiration. C'est étrange qu'il ne bouge pas malgré toutes les tentatives du garçon à le réveiller. Fatigué d'essayer, il finit par le contempler. Il a tout le loisir de bien détailler ses traits. Yassen est si... beau. Il rougit violemment en pensant ainsi. Normalement un garçon ne devrait pas dire ça d'un autre, mais c'est difficile de ne pas le remarquer. Jonathan adore la couleur foncée de sa peau, ses longs cils qui dépassent, ses sourcils fins, presque dessinés. Sa bouche pulpeuse qu'il jalouse un peu. Il est vraiment craquant et il comprend que les filles sont aussi très attirées par lui.

Il observe ses mains, ses ongles sont toujours bien entretenues parce que sa mère y tient, c'est pour cela qu'elle les tape chaque fois qu'il essaie de les ronger. Tout chez Yassen le séduit.

Ses iris tombent sur ses lèvres. Celles-ci sont parfois occupées. Jona aime les regarder bouger quand il lui parle, il les trouve si jolies. Tout est joli. Il aimerait bien que Yassen s'en rende un peu plus compte. Il s'en fout de son apparence physique c'est vrai, mais parfois il entend le garçon regretter la ressemblance avec son père et se dit être hideux. Pourtant ce n'est pas vrai ! Yassen est tout sauf repoussant. Son arme fatale ce sont ses yeux. Lorsqu'il semble réfléchir ou est énervé, ses yeux sont fascinant ! Il a le regard franc et insondable, une pure merveille.

Chaque fois qu'il est près de lui, son cœur pulse si vite qu'il a parfois le tournis. Le petit roi se penche un peu plus près pour mieux observer, ses crampes à l'estomac amplifient, mais il n'a pas mal. Elles sont justes "bizarres" comme il dit.

— Vas-y fais-le.

Il crit par surprise. Un des moutons volants est à côté de lui. La présence d'un animal qui parle ne lui fait pas tant peur que ça, mais venir dans son dos sans prévenir c'est vraiment pas malin.

— Qu... quoi ?

— Bêêê. Si tu ne le fais pas, il ne va pas se réveiller.

— Faire quoi ?

— Ben, un bisou. C'est ce que tu voulais faire non ? Bêêê...

Cramoisi, il nie tout en bloc. Il voulait juste retirer une poussière dans son œil !

— Fermé ? Parce que c'est difficile de le faire si les yeux sont fermés. Bêêê...

Jonathan se rappelle que Yassen dort.

— Je voulais dire sur sa paupière !

Le mouton est en plein jugement. Un autre mouton atterri juste à côté du premier.

Feutre vertOù les histoires vivent. Découvrez maintenant