Chapitre 58

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— J'ai envie de faire le petit déjeuner aujourd'hui !

Erxio ingurgite son eau de travers et commence à tousser. Jona semble être de bonne humeur ce matin, c'est rassurant après la mésentente d'hier soir. Mais de là à le laisser tenir une spatule ou pire une poêle ? Faut pas pousser. Après trois heures de sport intense, celui-ci n'a pas envie de mourir empoisonné. Le blondinet dépose sa bouteille d'eau sur le comptoir et attrape Jona rapidement alors qu'il enfile le tablier en sifflotant. Celui-ci sursaute quand les mains de son futur beau-frère retiennent ses bras depuis l'arrière.

— Non !

Jona cambre un sourcil confus.

— Je veux dire, euh, j'ai déjà commandé tous les repas de la semaine au Chef Lorenzo. Il voulait absolument nous faire un de ses plats spéciaux depuis notre arrivée, je ne pouvais pas lui dire non. Il nous nourrit depuis notre enfance, et même ce cher Julien n'a pas souvent le droit de cuisiner en sa présence. D'ailleurs, mon beau-père m'a appelé pour confirmer que le petit-déjeuner est en chemin. Je me suis dit que vu comment la soirée d'hier s'est terminée, nous avions le droit de traîner un peu les pieds, sourit-il avec gêne. Ce serait du gaspillage si tu te mettais à nous faire un de tes délicieux plats.

Le chanteur boude en croisant les bras.

— Tu aurais dû m'en parler d'abord ! J'avais envie de te faire goûter de nouvelles recettes, moi !

Non, merci, mon cœur.

— Comment vous voulez que je puisse m'entraîner à faire des bonnes choses, si je passe toujours le temps à manger ceux des autres ? Même toi tu as déjà fait le dessert l'autre jour ! Chef Nicolas m'a appris quelques astuces et j'ai vu plusieurs recettes faciles sur la toile, je voulais te les faire goûter avant de les préparer pour Enzo. T'es pas gentil, toi !

— Mais voyons, rit-il sournoisement. Tu pourras préparer tout ce que tu veux quand Enzo sera là. Je suis sûr qu'il va tout manger sans rechigner.

— Rechigner ? Pourquoi rechignerait-il ? demande-t-il en toute perspicacité. Y-a-t-il quelque chose que je suis censé savoir, Erxio Hanks ?

— Mais non, main non, mon petit Jo. Je dis ça juste pour te taquiner. Tu sais bien qu'on adore que tu nous fasses tester tout ce que tu essaies. Ça nous fait trop plaisir de te voir t'améliorer de jour en jour.

Jona rougit innocemment. Bien-sûr qu'il est heureux d'entendre que des gens aiment ce qu'il cuisine. Il s'est entraîné très dur pour quitter du fiasco des desserts du collège, au cordon bleu qu'il est aujourd'hui. Carmen n'arrêtait pas de lui dire d'aller prendre des cours, mais à quoi cela aurait servi ? Il est Jonathan Lysef Christophe Bertholo ! Il sait tout faire ! La cuisine n'allait tout de même pas lui dicter sa conduite !

Il accepte de ne rien faire pour aujourd'hui, toutefois, demain il lui réservera une surprise ! Il va mijoter du boeuf bourguignon ! Youpi !

Son portable sonne sur le comptoir. Il s'excuse auprès de son futur beau-frère et part jeter un œil. À sa grande surprise, ce n'est ni Enzo, ni Carmen. Il s'agit de Yassen.

Un peu déboussolé, il fixe l'écran sans réagir. Erxio le remarque et se rapproche pour lire par-dessus son épaule.

— Hum ? Chocolat molle ? C'est encore qui celui-là ?

Il sursaute et couvre son téléphone sur sa poitrine.

— Non, mais ! Mêle-toi de tes affaires !

Erxio hausse les épaules nonchalamment. Il a une douche à prendre et les surnoms ridicules ce n'est pas son truc. Il abandonne son ami pour monter à l'étage.

Feutre vertOù les histoires vivent. Découvrez maintenant