Chapitre 64

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Enzo se détache légèrement de Jona pour admirer son visage. Il lui caresse la joue avec tendresse. Malgré sa casquette sur la tête, impossible pour lui de confondre leur aura. Jona touche tout de même son visage au cas où il ferait une crise d'hallucination.

— Tu m'as manqué, chéri. Est-ce que tu aimes ta surprise ? murmure son amoureux d'une voix très séduisante.

— Pour une surprise, c'est une surprise, dit-il encore sous le choc. Tu m'avais dit que tu devais rester là-bas plus longtemps à cause d'un changement dans ton emploi du temps.

Ce dernier rit en l'embrassant sur la bouche.

— J'ai menti. Je savais que ça te ferait de la peine et que tu serais d'autant plus heureux de me revoir, alors j'ai dit à Erxio et Erina de garder le secret.

— Quoi ? Vous étiez au courant ? demande-t-il à son ami.

— Tu parles, soupire ce dernier. Tu as failli tout faire capoter. Quand Erina est partie te chercher pour les invitations, c'était un prétexte pour que tu rejoignes la loge. Il t'y attendait depuis un quart d'heure. Voyant que tu n'arrivais pas, nous sommes venus te chercher sur la plage.

— Oh ? Euh... Désolé ? dit-il un tantinet embarrassé.

— Et lorsque je t'ai finalement aperçu avec la femme de ton ami, malgré tous mes signes de la main, tu n'as jamais jeté un regard dans ma direction. Mon petit cœur était blessé, dit-il d'un air faussement attristé.

— Ah bon ?

Maintenant qu'il se souvient, c'est vrai qu'elle a tenté d'attirer son attention à plusieurs reprises, mais il était beaucoup trop préoccupé par la présence d'Hakim.

— Je suis désolé, mon cœur. Je suis très heureux de t'avoir à mes côtés. Merci de t'être libéré pour moi.

— Enfin des mots qui ont un sens. J'adore quand tu reconnais tes erreurs, dit-il en prenant son visage en coupe pour y poser un baiser langoureux.

C'est bien Enzo ça. Toujours à se faire désirer. Jona se contente de sourire et d'apprécier le moment. Maintenant qu'il est là, on peut dire que les vacances viennent réellement de commencer pour lui. Il se dégage lentement, mais reste intimement lié à son grand blond. Il sort de sa bulle lorsqu'il sent un regard perçant qui le dévore entièrement. La sensation est grisante et un tantinet effrayante. Lorsqu'il tourne enfin la tête, ses yeux rentrent en contact avec les prunelles froides de Yassen.

Son visage si expressif de ce matin est littéralement éteint. L'océan de rage qui coule dans son beau regard bridé engouffre Jona dans un puit sans fin, tel un trou noir, et pourtant, son visage est neutre. Jona frémit et fait involontairement un violent mouvement de recul en quittant les bras possessifs d'Enzo. Celui-ci remarque tout de suite le changement d'attitude.

— Ça va, bébé ?

— Euh oui, bien-sûr, dit-il un peu secoué, glissant une mèche de cheveux derrière son oreille. J'ai cru sentir une piqûre à la jambe, mais ça va.

Pourquoi je réagis ainsi, c'est stupide. Enzo est mon petit ami et l'autre n'est que mon ex, je ne fais rien de mal.

Enzo retourne enfin son attention sur l'intrus qui ne semble pas réaliser qu'il n'est pas invité à cette réunion de famille. Erxio le détaille de la tête aux pieds.

— Un ami à toi ?

Jona sursaute et réalise qu'il doit faire les présentations. Pourtant c'est évident qu'il n'est pas nécessaire de présenter Yassen. Même s'il est plus mature, ses traits n'ont pas tant changé que ça. Tous les autres l'ont reconnu du premier coup. Cependant, ça fait quinze ans qu'ils ne se sont pas vus ; peut-être qu'Enzo et Erxio n'ont plus aucun souvenir de lui. De toutes façons, quand quelqu'un ne les intéresse pas, ils ne lui prêtent jamais attention. C'est une porte de sortie plutôt facile.

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