Chapitre 37

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Mélinda cesse de frapper à la porte, elle n'en peut plus. Quatre long jours, déjà quatre jours qu'elle est rentrée et elle n'a pas vu son fils.

Ça suffit !

Ce n'est pas lui qui commande dans cette maison ! Peu importe ce qui l'a, elle va défoncer cette porte et le découvrir !

Elle dévale les escaliers sur ses hauts talons et rejoins le bureau de son époux à pas pressé. Léon travaille derrière son ordinateur quand elle entre comme une fusée, les mains sur la hanche. Il soupire par anticipation, la mère et le fils vont lui donner des rides avant le moment.

— C'est ton rôle ! Va fracasser la porte de Jonathan !

Estomaqué, il la fixe de travers.

— Je n'ai pas compris.

— Tu as très bien compris ! Va m'ouvrir cette porte ! Tu es un homme ou pas !? C'est ton rôle de montrer qui est le patron !

Le beau-père de Jonathan observe ses membres supérieurs avec attention, y a-t-il un truc chez lui qui lui a laissé croire qu'il était assez fou pour se bousiller le bras ? Il laisse un peu le travail et ôte sa paire de lunettes pour se concentrer sur sa boule de nerfs préférée. Cette femme aura sa mort un jour, mais c'est ce qu'il a choisi.

— Chérie, il a dit qu'il voulait un peu d'intimité. Ce n'est pas en le forçant comme tu le fais qu'on saura ce qu'il a.

— Excuse-moi ? Il est comme ça depuis notre retour et c'est tout ce que tu as à dire ? Mon fils n'a pas vu sa maman presque deux semaines et tu trouves cela normal qu'au lieu de venir passer du temps avec nous, il se confine ?

— Qu'est-ce que tu veux que je dise, chérie ? C'est commun chez les adolescents de s'enfermer dans leurs chambres pour faire je ne sais quoi. Ses amis sont partis dès notre retour, peut-être qu'il aurait préféré passer plus de temps avec eux.

Elle croise les bras, le fusillant de ses magnifiques prunelles vertes.

— Donc c'est de notre faute maintenant ?

— Je n'ai pas dit ça. Je pense juste qu'il doit traverser une petite phase émo comme tous les jeunes de son âge, ce n'est pas utile de payer un psychologue pour comprendre. Jonathan a sa propre vie, il n'a pas envie de nous laisser y entrer, on peut bien faire cet effort pour une fois.

— Léon Sylla, je regrette de t'avoir rencontré.

Il remet ses lunettes.

— C'est ce que tu as dit la première fois que je t'ai embrassé, et depuis nous sommes mariés et nous avons deux magnifiques enfants. Fais-moi plaisir, mon cœur, donne lui un peu d'espace.

— Jamais !

Elle claque la porte en sortant. Il reste vissée à cette dernière jusqu'à qu'elle ouvre à nouveau  pour s'excuser pour le vacarme, avant de refermer doucement.

Il sourit en continuant son boulot. De toute façon, il va monter tout-à-l'heure. Même s'il ne le montre pas, il est lui aussi très inquiet de l'attitude de son beau-fils. Jonathan semblait très pâle quand il a eu la chance de le croiser avant qu'il ne s'enferme à double tour tel un prisonnier. Ce n'est pas l'envie de demander à ses amis qui manquent, mais ce serait inapproprié, pense-t-il.

Pendant ce temps, Jona gratte les cordes de sa guitare sans trouver l'inspiration pour un nouveau morceau. Assis sur son lit, son carnet de notes à ses côtés, il n'a pas réussi à écrire le moindre couplet, c'est la panne sèche. Énervé, il dépose son instrument et se couche. Son portable est sur son champ de vision, il avance sa main jusqu'à elle, puis il la pousse brutalement pour qu'elle tombe.

Feutre vertOù les histoires vivent. Découvrez maintenant