— Pourquoi il n'arrête pas de sourire ? C'est glauque, chuchote Érina.
— Je ne sais pas, mais il a l'air dans les nuages, dit Enzo, tout aussi perturbé.
L'arbitre est si souriant, la tête dans ses mains et les coudes sur les genoux, il soupire d'aise. Il repense à la bonne sensation de ce bisou enchanté qu'il n'a même pas eu besoin de réclamer.
— Tu sais ce qu'il a ? demande Erxio.
— Euh... non. Ça va lui passer, il est souvent bizarre, mais on s'y habitue très vite, répond naïvement le responsable.
Les deux équipes attendent patiemment qu'il relance le match, mais il ne semble pas enclin à le faire. Agacée, Érina siffle de son propre chef à l'aide de ses doigts, une action qui a le mérite de sortir Jonathan de sa rêverie.
— Ah ? J'ai déjà sifflé ? se demande-t-il.
Yassen fait face à Enzo pour un énième challenge. Depuis le début il perd face à lui, cette fois ça sera différent. Orgueilleux, Enzo ne se donne même pas la peine d'être à cent pour cent, il dribble le plus jeune en rigolant. Il devrait normalement courir vers les buts, où l'attend sa coéquipière, toutefois ce qu'il fait est bien plus amusant.
— Alors parasite ? On arrive pas à me prendre le ballon ?
Yassen trébuche lorsqu'il lui fait un crochet du pied.
— Oups, tu es tombé, se moque le plus âgé.
— Enzo ! Passe-moi le ballon, l'interpelle sa sœur bien à distance.
Marquée de près par Erxio, elle fait son possible pour se démarquer. Une fois que son attention est ailleurs, Yass prend le ballon et court à toute vitesse vers les buts, suivi de près par un Enzo dynamique.
Jonathan a le souffle coupé, espérant enfin que ce soit un premier but. Cette tentative échoue vite quand il se fait tacler par l'aîné.
— Faute ! siffle Jona.
Les deux garçons se relèvent sans peine.
— C'était quoi ce tacle, réprimande l'arbitre. Il aurait pu se faire mal !
— Désolé, p'tit Jona, c'est un pur accident. C'est le ballon que je poursuivais, ment-il sans scrupule.
— C'est Monsieur l'arbitre pour toi ! Et tu as un avertissement. La prochaine fois je ne serai pas aussi clément, gonfle-t-il les joues.
— Oui, monsieur le petit arbitre, sourit-il d'un air taquin. Je serais sage comme une image, rien pour vos beaux yeux.
Cela fait rougir Jonathan, cependant il se ressaisit. Non mais !
— Corruption de l'arbitrage ! Ça peut te coûter cher !
Yassen vise méchamment son adversaire.
C'était quoi ça ? Beaux yeux, beaux yeux, il va lui en montrer des beaux yeux, lui.
Le match reprend.
Pendant dix minutes, toujours aussi dominant dans la possession des balles, la team Enzo a déjà marqué trois buts de plus, Jonathan n'y croit plus vraiment. Il se prépare à consoler son ami de toute manière. Bien trop démoralisé par la vue de cette défaite, il baisse les yeux l'espace d'une seconde pour admirer les bracelets une toute dernière fois.
Ils sont si beaux... C'est si dommage.
— Arrête-le !
Hum ?
Il se redresse pour voir ce qu'il se passe. Enzo est à terre près des buts de la team adverse et se relève tandis que son ami est face à Érina.
Face à face, elle est très sûr d'elle. Ce minus ne passera pas.
VOUS LISEZ
Feutre vert
RomanceYassen finit de colorier le soleil, il a besoin de vert pour colorier le gazon de la maison de ses rêves, où lui, sa grande sœur, son papa et sa maman pourront habiter quand ils auront beaucoup d'argent et plus de disputes. Jona cherche du feutre ve...