Chapitre 8

217 48 36
                                    

— Comment ça, il a un gros rhume ? s'offusque Yassen auprès de la maîtresse.

Félix n'est pas venu en cours et la maîtresse fait une annonce par rapport. Jona et lui boudent, mais l'école doit continuer. Pendant le cours de français, il se sent observer. Il lève les yeux et ne voit personne qui regarde dans sa direction, il se dit que c'est dans sa tête. Il n'a vraiment pas besoin de ça aujourd'hui, c'est déjà assez dur comme ça. Il a failli ne pas se réveiller à l'heure ce matin parce qu'il n'a pas réussi à fermer l'œil de la nuit. Les images obscènes n'ont pas cessé de le hanter et surtout celles concernants les hommes. Il fait son possible pour effacer ça, mais c'est quasiment impossible. Il a honte de regarder la maîtresse parce qu'à chaque fois il l'imagine toute nue, comme une des filles du magazine. C'est gênant et ça le déconcentre. Yassen espère vraiment que ça va lui passer, c'est hyper embarrassant parce qu'il sent encore cette sensation étrange au bas ventre.

— Yassen, répond.

Hein ?

Désorienté, il se lève d'un air hébété. Il ne sait même pas pourquoi il a été appelé. Ses camarades rigolent.

— Je demandais quelle est la conjugaison du verbe « déconcentrer » à la première personne du présent.

Des murmures de moqueries s'élèvent, mais il est bien trop étourdi pour savoir pourquoi.

— Je suis déconcentré.

— Merci de l'avouer, soupire-t-elle. Mais ce n'est pas réellement la question que j'avais posé.

Tout le monde rigole, il a honte. Jonathan lui jette un regard de soutien, il est le seul à ne pas rire.

— Bien rassois-toi et cette fois regarde au tableau au lieu de rester dans les nuages.

— Oui, madame.

Elle reprend la leçon simplement. Jona se retourne et continue d'écouter. Yassen s'oblige à se concentrer, il n'a pas envie d'être collé. Alors que la matière est bientôt finie, il sent encore cette chair de poule. Discrètement, il fait semblant de chercher un stylo dans sa trousse en laissant courir ses yeux dans la classe. Il tombe nez à nez sur Chloé qui réalise trop tard qu'elle a été attrapée.

Alors c'est toi !

Venant d'elle ce n'est pas étonnant. C'était sans compter sur la surprise quand il tourne juste un peu la tête et croise les yeux de Jonathan qui fuit aussi.

Oh ?

Ben pourquoi il fuit ?

Bof, je vais le savoir tout à l'heure.

À la récré, Jonathan va jusqu'à sa place pour discuter.

— Tu penses que c'est grave ? Je veux dire pour Félix.

— Je vais passer chez lui à la sortie pour m'assurer que ce n'est pas grave, tu viendras avec moi ?

— Euh... tu sais que...

— Oui, ta mère, c'est bon j'ai compris, s'agace-t-il.

— Je ne fais pas exprès.

— Mouais, comme toujours.

— Hey, c'est quoi cette phrase ? Je ne vais pas désobéir à maman quand même.

— Fais ce que tu veux, je m'en fous.

Il se lève de sa table et se dirige à l'extérieur, Jonathan le suit à la trace.

— Je peux savoir ce que tu sous entends ?

Il marche dans le couloir en direction des toilettes, il veut se libérer la vessie. Son ami le talonne de près.

— Yassen, je te parle.

Feutre vertOù les histoires vivent. Découvrez maintenant