Chapitre 55

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— J'ai envie d'une bonne douche !

— Tu as envie que je t'aide ?

Je sursaute à la réponse de Jona. Mon petit copain rigole en se tenant le ventre, il est fou lui. Il est déjà dix-sept heures et le match amical des garçons de quatrième est terminé. Jonathan est venu me soutenir pour l'occasion, ça me fait plaisir. Je referme mon sac de sport et nous marchons côte à côte vers la sortie du collège. Je salue mes camarades de jeu en passant, tandis qu'il me parle de sa journée à la salle de boxe. Le week-end est si calme qu'on n'a pas eu la chance d'avoir Félix pour la soirée car il est en déplacement avec sa famille. Martin nous voit apparaître et glisse direct derrière le volant. Il démarre la voiture, mais nous suit discrètement. Je ne veux pas qu'on me voit grimper dans cette grosse caisse, sinon tout le monde au collège va croire que je suis blindé, alors on marche jusqu'à une autre rue.

— Je sais que tu as envie de te débarbouiller, mais ça te dit qu'on aille manger quelque part ? C'est moi qui paie.

Je fais un halte.

— Pourquoi tu précises que c'est toi qui paie ?

Jona cambre un sourcil sans comprendre ma question.

— Juste pour les formalités. Au fond, on sait tous les deux que c'est moi qui vais payer, dit-il avec nonchalance.

Je fronce les sourcils.

— Ben j'crois que tu devrais arrêter. Je veux dire arrêter de penser que c'est une évidence, parce que tu sais quoi ? C'est moi qui t'invite aujourd'hui.

Il a l'air vraiment super étonné avec ses yeux écarquillés comme ça.

— Mais... T'as pas d'argent.

C'est ce que tu crois ! Je sors mon porte-monnaie d'une des poches du sac et la secoue sous ses yeux. Elle est assez lourde de monnaie, mais ça reste du fric quand même !

— J'ai fait des économies sur mon argent de poche et j'ai aussi fait les courses de toutes les voisines de l'immeuble pendant deux mois. J'ai amassé un beau pactole, dis-je fier de moi.

Jona a l'air dubitatif, ça me pince un peu. Je pensais qu'il applaudirait mes efforts.

— Je ne veux pas te vexer, Yass, mais... Euh... Tant qu'on est ensemble, ça ne me dérange pas de payer. Tu n'as pas besoin de travailler aussi dur pour te faire des sous, J'adore t'acheter des trucs. Je suis ton petit Jona.

Je suis vexé !

— J'te dis que je veux que tu arrêtes ! Moi aussi je sais acheter des trucs, d'ailleurs !

Je sors autre chose de mon sac. Je comptais le lui offrir dans la voiture, mais il me fait chier ! Je lui tends un porte-clé avec une mini peluche poussin dessus. Il aime bien les jolies choses.

Son regard s'élargit quand il voit la jolie bête toute mignonne. Mon Jona sautille sur place et m'ordonne de la lui donner. J'obéis et il saute encore plus haut. Il est super content. Les gens nous regardent par-dessus leurs épaules, mais là je m'en fous ! J'ai le nez hyper fier et je bombe le torse car j'ai réussi à le surprendre.

— TROP JOLIE !

— Ben tu vois, je sais aussi faire ça ! me couvré-je la bouche derrière ma main, un peu timide.

— T'es trop chou, mon Yassen !

Jona se jette dans mes bras. Pris de panique, car nous sommes à l'extérieur, je le pousse brutalement. Il perd un peu l'équilibre avant de se reprendre. Je réalise ce que j'ai fait et m'excuse immédiatement. J'ai été pris au dépourvu et j'ai mal assimilé la situation. Jona lève des yeux tristes vers moi.

Feutre vertOù les histoires vivent. Découvrez maintenant