À la fin de l'acte, Yassen retourne en coulisse le sourire aux lèvres. Ses camarades le charrient pour son bug du départ, mais le spectacle n'est pas gâché. Tout va pour le mieux. Fanny l'approche d'un air étrange. Guidé par son instinct, il va à l'écart avec elle.
— Qu'est-ce que tu as ?
— Je crois que j'ai le trac.
Son inquiétude se meut en soulagement, ce n'est que ça.
— Tu as bien que vu que moi aussi. J'ai failli tout capoter, mais je me suis ressaisis. Je sais que tu vas y arriver, on a répété tant de fois que ça va te venir comme une répétition.
— Tu es sûr ?
— Fais-moi confiance ! Je te soutiendrai depuis le rideau. Même si tu ne me vois pas, je suis à tes côtés.
Elle n'est pas du tout rassurée. Après sa prestation de tout-à-l'heure, l'angoisse s'est emparée d'elle. Elle lui dit qu'elle va aux toilettes pour se vider la vessie. Il la regarde disparaitre avec appréhension. Bientôt c'est sa prise, elle doit revenir au plus vite. Alors que la narratrice fait état de l'avancement de l'histoire en parlant des frasques du prince pour le rendre de plus en plus antipathique auprès du public, le prof demande aux comédiens de se mettre en place pour l'acte d'apparition de la princesse, Fanny n'est toujours là.
— Où est ma princesse !? s'énerve le prof.
— Aux toilettes, dit-il.
— Quoi ? Elle ne pouvait pas y aller après sa scène ? Que quelqu'un aille la chercher !
Une costumière se propose d'y aller, le professeur se masse le front. Après quelques minutes, elle revient leur dire qu'il y a un petit souci. Yassen le sentait ! Il se précipite aux toilettes des filles et frappe à la porte.
— Fanny !
— Laisse-moi, dit-elle d'une voix triste.
— S'il-te-plaît, ouvre-moi.
— Je ne veux pas sortir.
— On va juste parler deux secondes.
Le prof arrive les narines crachant du feu, il est à sa limite. Explosif, il exige qu'elle sorte de là immédiatement ou il donnera son rôle à quelqu'un d'autre ! Aussi courroucé qu'il est, Yassen sait qu'il va mettre sa menace à exécution.
— Je t'en prie, Fanny, supplie Yassen. On a tous travaillé très dur pour ça, ne laisse pas le prof te remplacer.
— Qu'il le fasse ! Je m'en fiche !
C'est tout ce que l'adulte avait besoin d'entendre.
— Yassen, repars devant. Sirielle la remplacera, elle connait les repliques par cœur. Elle va venir récupérer le costume.
— Hein ? Sirielle ? panique-t-il. Cette fille m'énerve, je ne l'aime pas !
— T'ai-je demandé ton avis ? Si tu veux en vouloir à quelqu'un, déteste ta partenaire qui t'a lâchement abandonné. Tu as eu le trac tout-à-l'heure, mais tu n'as pas jeté l'éponge, c'est ça le sens des responsabilités ! On ne gâche pas tout un travail juste pour des caprices, c'est intolérable !
Sur ce, il s'en va. Sûrement il va préparer cette mégère. Lorsqu'il claque la porte qui mène à la loge, Fanny déverrouille enfin la porte des toilettes. Yassen attend qu'elle sorte de sa cachette, au lieu de cela, elle ouvre pour qu'il entre. Il pénètre les lieux, exaspéré.
— Je suis désolée, dit-elle.
— Ben c'est trop tard. Je vais jouer avec une personne que je déteste pardessus tout. Ça ne m'enchante pas.
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Feutre vert
RomanceYassen finit de colorier le soleil, il a besoin de vert pour colorier le gazon de la maison de ses rêves, où lui, sa grande sœur, son papa et sa maman pourront habiter quand ils auront beaucoup d'argent et plus de disputes. Jona cherche du feutre ve...