Chapitre 62

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Yassen retrouve Félix et Hugo devant une tente. Les filles et les enfants ont disparus.

— Où sont tous les autres ?

— Carmen et ma femme ont décidé d'emmener les enfants vers les moniteurs pour enfants. Elles n'ont pas l'intention de s'occuper d'eux toute la journée. Elles nous ont demandé de les attendre ici. Ta mère est partie avec le type du protocole pour rejoindre Mélina, apparemment c'est une VIP. Cette femme monte l'échelle sociale avec subtilité, c'est effrayant.

— Hum ? Tu n'as pas invité la tienne ?

— Si, hélas, elle est dans l'arrière-pays. Elle est partie visitée une de nos cousines qui a accouché. Elle est super dégoûtée. Tantine a promis de l'appeler pour la consoler.

Yassen sourit.

— Alors comme ça, vos mères sont toujours copines ? Quelle chance, dit Hugo en se posant de la crème solaire sur le nez. Ma mère change de cercle d'amis au gré des saisons.

Si l'un d'eux a physiquement bien changé, c'est bien lui. L'ancien geek gringalet a les cheveux mi-longs et porte des lentilles à la place de ses énormes lunettes de l'époque. Il a eu sa période salle de sport, ça se voit, mais d'après ce que Félix avait dit à Yassen, il a dû arrêter pour se consacrer entièrement à son métier. Travailler à l'Elysée n'est pas donné à tout le monde et malheureusement, Hugo est devenu difficile à fréquenter après cela. Pour pouvoir assister à cette fête, il a fait beaucoup de sacrifices, il espère que ça en valait la peine.

Vu les débordements politiques actuels, les garçons n'échangeront aucun avis sur le sujet pour l'instant. Ils veulent juste s'amuser et rattraper les bons moments.

— Quelqu'un a vu Jona ? demande-t-il en tendant son tube à l'albinos à ses côtés, qui se sert généreusement.

— Non, ment allègrement Yassen. Il doit être retourné s'occuper de l'organisation.

— Ouais, sûrement, dit Félix en rendant la crème.

— À ton absence, Félix m'a briefé très rapidement la situation actuelle. Toutes mes condoléances pour ton épouse, je suis désolé que tu aies dû vivre une telle tragédie aussi jeune.

— Merci, Hugo. Ça me va droit au cœur. Ça remonte déjà à un moment et tout ce qui compte à présent, c'est l'avenir.

— Très bel état d'esprit, je suis content de te l'entendre dire. D'ailleurs, tu n'as pas chômé en plus, ricane-t-il. Deux fils ? C'est très bien.

— Merci. Ça n'a pas toujours été une partie de plaisir, mais j'ai fait de mon mieux, ricane-t-il à son tour. Mais celui qui a le plus bossé ici c'est Mané.

Félix esquisse un sourire de pervers. Il n'en manque jamais une celui-là.

— Tien, reprend Yassen. Tu es venu tout seul... Il n'y a pas de madame ou de copine dans le sillage ? J'ai appris que toi et Carmen s'est terminés depuis très longtemps déjà. Je n'aurais jamais cru ça possible.

Hugo soupire et ajuste son chapeau de plage sur sa tête. Le soleil n'est pas encore haut, mais il anticipe.

— J'avais une petite amie, mais nous avons rompu dernièrement. Elle avait des attentes et je n'étais pas assez bien pour elle, alors je l'ai laissé partir. Pour l'instant... Je suis encore célibataire. J'espère trouver une femme qui me correspond un jour. Je ne suis pas pressé pour le mariage ou quel qu'engagement qui soit, mais j'avoue que lorsque je vois vos enfants... Je réalise que je ne suis pas vraiment à la page.

Yassen et Félix réagissent immédiatement, au même moment, mais finalement l'albinos laisse la parole à son ami.

— Ce n'est pas parce que nous avons des enfants que tu dois te sentir obligé d'en avoir ou avoir l'impression que tu es en retard par rapport à nous. Un enfant est une très grande responsabilité, ce n'est pas une lubie. Ils demandent plus d'attention que n'importe quoi au monde, énormément d'amour et surtout une infinité de patience. Crois-moi, réjouis-toi d'être encore libre, vous êtes les plus chanceux par ici.

Feutre vertOù les histoires vivent. Découvrez maintenant