Chapitre 21

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— Tu ! Vous ! Quoi ?

— Baisse d'un ton, s'il-te-plaît !

Carmen retire ses lunettes juste pour le dévisager, Jonathan est en stress.

— Je sais, je sais. Je ne pouvais rien te dire, désolé.

— Qu'est-ce qui a changé ?

— Ben...

Sentant ses joues rougir, il se couvre la figure en pensant à la conversation avec Yassen. Raconter son week-end avec ses amis, l'obligeait à tout raconter de week-end précédent où tout à basculer. Il n'arrive pas encore à croire cela, c'est inédit.

Carmen remet sa paire de lunettes.

— Alors, si je résume bien, vos sentiments sont réciproques.

— Hein ? On en est pas encore là.

— Tu viens de dire que vous vous êtes embrassés !

Tout le réfectoire se tourne vers eux, elle parle trop fort. Jonathan va lui enfoncer sa pomme dans la gorge si elle n'arrête pas ! Au loin, sur la table des triplés, où ils sont entourés de leurs amis, Enzo braque un regard curieux dans leur direction. Cette fille a dit « embrassé ? ». Il se détache en se disant que c'était sûrement une de leur blague. Erxio et lui se fixent avant de reprendre la conversation avec leurs potes.

— Je n'ai pas envie que toute l'école connaisse ma vie privée, mademoiselle.

— Excuse-moi, je suis déboussolée, là. Je n'arrive plus à comprendre. Tu me dis que vous vous êtes embrassés, mais qu'il a dit qu'il ne voulait plus en parler. Tu ajoutes qu'il a avoué que ça ne le dérangeait pas que tu sois intéressé par les garçons et qu'en plus il se pourrait que lui aussi d'ailleurs. Et pour finir tu me dis que vous n'êtes pas ensemble, je suis confuse là ! Ce mec est une girouette ? Où c'est toi qui explique mal ?

— Je t'ai bien expliqué. C'est juste, qu'il a du mal à accepter qu'il n'a pas de souci avec ça. Voilà.

— En français cohérent, je t'en prie.

Jonathan soupire en jouant avec sa purée, il aimerait lui dire que tout va pour le mieux, mais il sent qu'il y a beaucoup de retenu du côté de Yassen.

— Peut-être qu'il ne le sait pas, mais je crois qu'il est bi. Vu qu'il a un crush pour une fille de son collège. Je ne sais pas vraiment où il en est, il avait peur de m'avouer qu'il était ouvert à ce sujet et il semblait soudain très intéressé par ma sexualité. C'était un peu déstabilisant qu'il prenne mon aveu de cette manière. J'avais imaginé que dès qu'il le saurait, il arrêterait d'être mon ami, pourtant il a réagi comme si ça le soulageait. Tu vois ce que je veux dire ?

— Techniquement, il sait juste que tu as un penchant pour les garçons, tu n'as pas dit en majuscule que tu penses être gay. D'ailleurs, tu ne le sais toujours pas encore, toi aussi. Tu es sûr que tout ça n'émane pas de la vidéo que vous regardiez. Il paraît que les hommes deviennent fous dès qu'ils ne peuvent tremper leur petite chose quelque part.

Il grimace d'horreur.

— C'est dégoûtant ! Beurk ! Je ne suis pas comme ça, moi. Et pour te contredire, il n'a jamais mentionné la vidéo quand on a discuté. Si ça avait été le cas, n'aurait-il pas commencer par-là ?

— Tu marques un point.

— Comme toujours, dit-il en tirant sur la paille de son jus aux pommes.

— Je vais dire une bêtise : Il doit avoir le béguin pour toi.

— Pardon ? Tu as raison, c'est une bêtise.

— Voyons les choses dans ce sens, mon ami. Peut-être qu'il est dans le déni. Je te dis que je vois et lis assez de Yaoi pour analyser ce genre de choses.

Feutre vertOù les histoires vivent. Découvrez maintenant