Chapitre 60

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— Juste toi et moi.

Félix Rawy fronce les sourcils, méfiant. Yassen s'adosse à la porte de la chambre d'amis, les bras croisés.

— Je ne suis pas puni ?

— On va dire que c'est une punition spéciale.

L'adolescent n'en croit pas ses oreilles. Une journée avec son père, rien que tous les deux ? Sans Yaly ? Il reste tout de même méfiant. Il a fait d'énormes bêtises et son père qui ne le puni pas, ça ne lui ressemble pas.

— Et Yaly ? ose-t-il sans être sûr de vouloir connaître la réponse.

— Il va rester chez ta tante encore pour aujourd'hui, dit enfin Yassen en le rejoignant sur le lit. Je ne veux pas que tu te méprennes de mes intentions. Je ne fais pas ça par pitié ou parce que je veux juste me rattraper avec toi.

Pourtant c'est ce qui semble être, pense le petit Félix.

— Je veux juste qu'on passe une bonne journée ensemble.

— Grand-père m'a dit qu'on irait pêcher ensemble aujourd'hui et mémé Émilie m'a dit que je pouvais rester dans la chambre toute la journée si je le voulais.

À son murmure, Yassen ressent du rejet de la part de son fils. Il n'est pas excité à l'idée de sortir avec lui. Dans le silence inconfortable, il repense à la conversation qu'il a eu avec Jona ce matin. Son ex... En fait, son ami et lui ont discuté à propos de la situation inquiétante entre père et fils, et Jona voulait savoir si Yassen avait une idée pour approcher son garçon.

L'idée de cette journée entre eux dans les endroits qu'il serait susceptible d'aimer, lui est venu très naturellement, ça semblait très évident pour lui. Jona a même salué l'approche, bien qu'il avait plutôt pensé que laisser l'enfant lui dire ce qu'il voulait vraiment était plus sûr. À cet instant, il se demande si ce n'était pas mieux de commencer par là.

— Je vois... C'est un bon programme.

L'enfant garde le silence, les yeux rivés au sol. Yassen pense que ce serait une mauvaise idée de forcer quoi que ce soit. Jona lui a dit d'aller doucement et c'est ce qu'il va faire.

— Alors on va dire qu'on remet ça à plus tard. Pêcher avec ton grand-père est plus important.

Il se lève du lit, moins serein qu'à son arrivée. Se faire rejeter par son enfant est très douloureux. C'est comme un ensemble interminable de claques qu'on reçoit sur le visage. Il faut qu'il sorte de là. Lorsqu'il tourne la poignée de porte pour s'en aller.

— Pourquoi tu ne viendrais pas avec nous ?

Yassen se fige.

— On serait à trois, entre garçons. Ça te dit ?

Le jeune père serre la poignée de porte douloureusement. Passer une journée avec son propre père. Il n'y avait pas songé et il n'y aurait jamais songé.

— Mais si... Mais si tu as autre chose à faire, je comprends.

De la déception émerge de cette phrase, il est plus qu'évident qu'il aimerait qu'il vienne avec eux. Yassen inspire et expire sans attirer son attention. Puis il se retourne.

— Si ton pépé est d'accord, pourquoi pas ?

Félix pense d'abord avoir mal entendu, alors son père le conforte.

— Je n'ai pas apporté de quoi vous accompagner, mais je pourrais vous observer pêcher tous les deux.

— C... C'est vrai ? Tu viens avec nous ?

Feutre vertOù les histoires vivent. Découvrez maintenant