Chapitre 53

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Le sofa n'est pas assez grand pour un Jona bafoué et un Yassen désolé depuis cinq minutes. Assis côte à côte, le chanteur aimerait que son ex la ferme une bonne fois pour toute, mais ce dernier ne cesse de le viser comme un chien battu.

— Je ne sais pas où me mettre, Jona.

— Je jure sur la tête de tes enfants que si tu ne la boucles pas, je t'enfonce mon poing là où ne passe jamais la lumière du jour !

Cachés à la cuisine, derrière la porte, le couple Mané sent passer la répartie avec des applaudissements de respect. Ils espionnent en attendant que la tempête passe. Ils veulent bien briser cette ambiance maussade, mais ils sentent que Yassen veut le faire lui-même. C'est tout le mal qu'ils lui souhaitent.

— Vu que tu as fini de te foutre de moi, on peut passer à autre chose !

— Justement, hier je voulais te faire une mini blague de rien du tout, mais les choses ont dérapé. Je suis tordu, mais pas fou ! Tu me vois faire ce genre de choses stupides dans les toilettes ? Je t'ai reconnu et je pensais que ça te ferait rire quand tu t'en rendrais compte. D'ailleurs c'est toi qui a commencé avec cette perruque rouge !

Sarah adore les commérages. Elle boit son jus d'orange avec le sourire.

— Pourquoi tu as fait semblant de ne pas me connaître ? J'étais intrigué ! Tu sais que je suis facilement impressionnable ! boude son ex. On aurait dit que tu faisais ça exprès pour me tenter !

— Excuse-moi ?

Jona croise les jambes et les bras, consterné par les bêtises qu'il entend.

— J'étais déguisé pour me protéger des paparazzis et des fans hystériques ! Tu sais à quel point c'est difficile de sauvegarder son intimité quand on commence à être reconnu dans la rue ? Mais non, monsieur se pense si irrésistible qu'il croit que je me suis fait beau pour sa gueule ! Dis aussi que lorsque tu te frottais à moi, mes fesses te tentaient !

Le couple Mané s'étouffe de stupéfaction.

— Je... M... Ne me fais pas passer pour un pervers ! C'est un accident de parcours !

— Pour un accident, ton pénis a bien trouvé son chemin lui.

Félix s'esclaffe de rire avant de la fermer rapidement. Sa femme lui passe un verre pour mieux écouter. Ils vont en rire toute la soirée.

— Tu sais quoi ? On va en rester là sur ce malencontreux détail ! Pour le reste, j'assume tout. J'ai été grossier et ça me gêne d'avoir été aussi insensible. Si jamais tu veux que je fasse n'importe quoi pour me racheter, je suis prêt à le faire.

Jona le juge en biais.

— Quoi ?

— J'ai envie de laver mon honneur de cet acte répugnant. Ma mère m'a éduqué autrement. Je veux me racheter. Je ne supporte pas l'idée de t'avoir blessé de cette façon, c'est sincère.

Jona arque un sourcil intrigué.

— Te racheter... Faire n'importe quoi... Toi ?

— Oui. Tout ce qui est humainement possible, bien-sûr. Et pas de meurtre, non plus. Je ne tue pour personne.

L'idée fait du chemin dans sa tête. Il ne pensait pas reparler de cette humiliation d'aussi tôt, mais peut-être que cela aura au-moins servi à quelque chose.

— On verra, conclut-il. C'est encore trop frais pour moi.

Yassen soupire et laisse de l'espace à son vis-à-vis. Malgré les prières incessantes, il n'a cessé de repenser à son acte et à la manière dont il a traité Jona. Il ne pouvait pas juste passer à autre chose, comme si de rien était. Il a eu tort et il l'assume. Cette gifle va brûler pendant un moment.

Feutre vertOù les histoires vivent. Découvrez maintenant