Desiderium

Chapitre 1

-Amy ! Dépêche-toi ! L'avion ne va pas t'attendre je te signale, me cria ma mère à l'autre bout de la maison.

- Oui, oui. J'arrive, deux secondes, criais-je à mon tour.

Je mets difficilement mes baskets, fait le nœud de mon jogging, prend mon sac-à dos et déballe les escaliers. Je manque même de tomber plusieurs fois, mais, étant donné que personne ne me regardait, personne n'a eu donc, l'occasion de se moquer de moi.

-Et bah enfin, ce n'est pas trop tôt. J'étais à deux doigts d'appeler la compagnie pour lui demander de t'attendre, ne s'empêcha pas de commenter ma mère.

Elle prend ma valise et la tire avec elle alors qu'elle marche vers l'extérieur. Ses talons claquent sur le parquet de la maison ce qui donne place à un bruit assourdissant, un bruit insupportable alors qu'il est seulement 4 h 56 du matin et que je me suis réveillée il y a, à peine, 20 minutes.

Ma mère commence tout juste à vieillir. Elle n'a uniquement qu'une quarantaine d'années mais, elle continue de prendre soin d'elle. Elle prend toujours le temps de bien s'habiller, de bien se maquiller, de bien se coiffer. J'ai même l'impression de la voir jours et nuits en talons. Je crois que sur ce point-là, c'est mon opposé : je ne mets pratiquement jamais de talons, je trouve ça absolument pas du tout confortable et, je me maquille très peu voir pratiquement jamais.

De plus, je ne lui ressemble absolument pas, elle est blonde avec des cheveux lisses, des yeux bleus, et assez petite tandis que moi, je suis brune avec des cheveux ondulés, des yeux verts, et, grande si je me compare à elle.

-Franchement, tu aurais pu faire un effort vestimentaire, quand même. Tu mets toujours des vêtements amples ! À supposer que tu essaies de te cacher ! Grogne ma mère.

Je souffle avant de monter dans la voiture. Ma mère ferme le coffre et monte à la place conducteur avant de démarrer rapidement.

C'est précisément pour ça que j'ai choisi de changer de pays pour faire mes études. Ma mère trouve constamment quelque chose à redire ce qui a tendance à m'énerver. Je préfère donc quitter ce petit village du Texas pour aller à Londres, une ville qui m'a toujours fait rêver, que j'ai toujours trouvé incroyable. Je suis persuadée que cette ville m'offrira des opportunités, du moins beaucoup plus d'opportunités qu'un vieux village du fin fond du Texas.

Espérons que cette ville me porte chance.

Certes, c'est loin, c'est même très loin. Honnêtement, ça m'effraie de devoir partir toute seule, sans repères. Mais, c'est un pas à prendre. Je suis sûre que je trouverais des gens sympas et tout aussi perdu que moi.

***

Le trajet jusqu'à l'aéroport est passé rapidement étant donné que je n'ai pas pu m'empêcher de dormir.

Ma mère et moi sommes debout, l'une face à l'autre. Je pense que c'est le moment des adieus. Ma mère a les yeux luisants de larmes alors, je décide de la prendre dans mes bras.

Elle va me manquer tout de même.

-Tu vas me laisser tout de seule ? Me dit-elle difficilement.

Je m'écarte d'elle puis, je la regarde en faisant un sourire rassurant.

-Tu n'es pas toute seule, je serais toujours là, et puis, je reviendrais certainement pour les vacances.

Elle me reprend dans ses bras avant de me dire.

-Fais attention à toi, ma chérie. Ne laisse personne te faire du mal. Ne te laisse pas faire, me dit-elle d'une voix déterminée.

Elle soupire, essuie ses larmes avant de reprendre :

-Je t'aime, d'accord ?

Je suis réellement surprise de la voir dans cet état. À vrai dire, je ne l'ai jamais vu comme ça. Je ne l'ai jamais vu pleurer. Depuis le mort de mon père, elle évite de se montrer dans cet état. Les seuls moments où elle lâche prise c'est lorsqu'elle s'enferme dans sa chambre. C'est à ces moments-là que je l'entends pleurer, renifler. De temps en temps, elle sort même dans le jardin pour pouvoir pleurer en paix tout en étant sûre que personne ne l'entende.