Chapitre 14

1.3K 51 43
                                    

La pression redescend enfin lorsque j'arrive chez moi. Instinctivement, comme à chaque fois que je me rends compte et que j'y repense, je passe ma main sur mon cou et, comme d'habitude, je me rends compte avec déception que mon collier n'y est plus. Ma mère va être si triste quand elle va apprendre que je l'ai perdu. Je prends mon téléphone en me disant que ça faisait longtemps que je ne lui avais pas parlé puis compose son numéro afin d'avoir de ses nouvelles.

1 sonnerie :

Pas de réponse.

2 sonneries :

pas de réponse.

Je reste comme ça, le téléphone à la main avec le haut-parleur activé jusqu'à ce que la messagerie se fasse entendre.

"Bonjour, vous êtes bien sur la messagerie d'Abigaël Jones, laissez un message, je vous rappellerai le plus tôt possible."

Bizarre.

Cela peut paraître anodin mais, ce n'est pas normale. J'ai vérifié l'heure et, aux États-Unis, il n'est pas encore l'heure de dormir, du moins, pas pour ma mère. Mais, je décide de retenter une nouvelle fois. Je compose à nouveau le numéro. Mais, cette fois-ci, le téléphone ne sonne qu'une seule fois avant que j'atterrisse sur la messagerie.

Elle m'a raccroché au nez ?

Je décide de laisser un message pour lui signaler mon mécontentement et, aussi, pour lui rappeler de m'appeler quand elle pourra.

-Mama, c'est moi, je ne sais pas ce qui passe avant moi mais, s'il te plait, rappelle-moi au plus vite.

Je marque un temps d'arrêt.

-Je plaisante, bien entendu, prends ton temps, quoi que tu fasses.

Je pose mon téléphone avant de m'affaler sur mon canapé comme à mon habitude puis me mets à réfléchir. je suis peut-être paranoïaque mais, ce n'est pas en son habitude de rater un appel. Surtout depuis la mort de mon père car, oui, il y a un lien.

Je me souviens de cette matinée où un hôpital nous avait appelé un soir en nous annonçant la mort de mon père. Il était parti, comme en son habitude au travail, tôt, comme chaque matin. Ma mère et moi, pour une fois, étions parti nous faire une journée dans une sorte de parc qui étais à une heure de chez nous. Nous avions mangé puis, elle avait tenu à ce que l'on fasse un peu de shopping. Ce soir-là, alors que l'annonce venait tout juste de nous être tombé, comme si ça ne suffisait pas, la médecin avait bien précisé que si le matin même, nous avions répondu au téléphone, nous aurions pu lui dire au revoir.

Depuis, ma mère se sent coupable de ne pas m'avoir permis de lui dire au revoir comme il se doit, et, à présent, elle garde tout le temps son téléphone sur elle, jours et nuits.

Mais, j'enlève rapidement ces pensées qui risquent de me rendre folle en essayant de relativiser. Je me dis qu'elle ne doit avoir plus de batterie ou qu'elle a enfin décidé de laisser loin son téléphone ou même, si ça se trouve, elle n'est peut-être qu'à la douche et, à ce moment-là, ce serait logique qu'elle refuse mon appel. Dans ce cas, si tout se passe bien, je suis censée recevoir un appel de sa part dans pas très longtemps.

J'essaie donc de passer à autre chose en allant me faire quelque chose à manger étant donné que je n'ai pas pu profiter des toasts qu'a faits Aaron avant d'aller réviser mes cours.

Prise dans mes feuilles, beaucoup trop concentrée, je n'ai pas remarqué que ça devait faire bien 3 heures que j'étais en train de relire mes notes. Instinctivement, je prends mon téléphone et, toujours aucun appel.

DesideriumOù les histoires vivent. Découvrez maintenant