Chapitre 43

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Je fixe Amy, en l'attente d'une quelconque réaction. Elle parait secouée par ce que je de croire. C'est comme si elle ne me croyait pas. De toute façon qui croirait à une histoire aussi incongrue. 

Je ne lui demande pas forcément de me croire même si j'aurais préféré qu'elle réagisse. C'est un souvenir que je n'ai confié à personne.

Je m'en souviens comme si c'était hier. Je me rappelle son regard lorsqu'il le battait à sang, comme si mon père était devenu un cheval fou. Je me souviens du regard de mon père, me contraignant de le tuer. Je me rappelle du regard du père de mon meilleur ami, me suppliant de ne pas le tuer. 

C'est un souvenir que j'essaie d'oublier, mais je n'y parviens pas. Je n'ai jamais voulu baigner dans ça. Je n'ai jamais voulu trainer dans les activités mesquines de mon père. 

-Bref, à partir de là, mon père à commencer à me trainer dans ses trafics même si je ne voulais pas. Faire ça m'a rendu complètement malade et, c'est comme ça que j'ai commencé la drogue. Lorsque je consommais, je me sentais bien, je ne pensais plus à rien, ça me faisait du bien sur le moment, jusqu'à ce que je me sois rendu compte d'où ça m'a mené. Mon père m'a renié en découvrant mon addiction alors, je volais pour pouvoir m'en payer toujours plus. 

Je soupire, me rendant compte que je suis vraiment en train de lui déballer toute ma vie alors que la plupart de ces choses-là, je ne les ai jamais dites. Je déballe et je déballe tandis que son air me donne l'impression qu'elle n'en a strictement rien à faire pour une raison qui m'échappe. 

-Désolé, je ne sais pas pourquoi je te dis tout ça en continuant à manger. 

-Non, non, continue, m'encourage-t-elle. 

J'acquiesce puis, je continue : 

-Je ne voulais pas de ce qu'il me faisait faire, moi ce que je voulais, c'était faire des études ou ouvrir mon propre restaurant, même si ça peut paraitre ridicule. j'ai toujours aimé cuisiner et, j'ai toujours voulu en faire mon métier, mais je me suis tourné vers la psychologie. Quand je m'en suis rendu compte, je suis allé en cure de désintoxication et, depuis, je n'ai plus jamais retouché à la drogue et, ce n'est pas plus mal.  

À la fin de mon monologue, je termine mon plat sous le silence d'Amy avant qu'elle ne se décide enfin à prendre la parole. 

-C'est horrible mais tu as réussi à te reprendre en main. J'espère que tu ne pardonneras jamais à ton père parce que ce qu'il t'a fait est dégueulasse. 

Elle prend une pause avant de me demander sincèrement : 

-Mais, pourquoi tu n'ouvres pas ton propre restaurant ? 

Je soupire, je n'avais jamais réfléchi à cette question. Je réfléchie pendant un long moment pour lui fournir la réponse la plus sincère malgré son impatience. 

-Je pense que je le ferai quand je serai un peu plus vieux, tu vois ? Je veux toucher au plus de domaine possible. Je pense que si j'avais choisi directement la cuisine sans avoir essayé la psychologie, je l'aurais regretté. 

Elle hoche la tête en prenant la dernière bouchée de son assiette. 

Elle est beaucoup moins bavarde que d'habitude, tiens. 

-Qu'y a-t-il Amy ? As-tu quelque chose à me faire part ? Demandais-je, ayant légèrement peur. 

Elle secoue la tête. Elle ment, je le sais. Elle ne ment pas mal, mais, c'est juste qu'à force de l'observer, j'ai appris à voir les différence entre lorsqu'elle dit la vérité et lorsqu'elle ment. La peau de ses joues rougit légèrement et sa respiration s'accélère un peu plus même si elle essaie de la cacher. 

DesideriumOù les histoires vivent. Découvrez maintenant