Desiderium

Chapitre 44

Nous sommes dans l'avion. Après être parti à l'étage, nous nous sommes plus parlés jusqu'à maintenant. Nous sommes tous les deux dans nos pensées. Je suis sûre qu'il réfléchit au fait que je sais qu'il est un traître tandis que moi, je pense au fait que je m'inquiète pour lui alors que c'est un traître paradoxalement. Cet homme est trop dangereux pour ma personne. J'aimerais pouvoir m'en éloigner, mais, au vu de la situation, c'est impossible.

Étant donné que je suis du côté hublot, je suis dos à lui pour regarder les nuages et ne pas à avoir à parler avec lui. Quant à lui, pour ne pas à avoir à parler avec moi, il a mis ses écouteurs et écoute de la musique tout en ayant fermé les yeux.

Parfois, je repense à cette presque relation que nous avions. Elle était quasiment idéale, idyllique, mais, en une fraction de seconde, tout s'était écroulé. Même si je ne me l'avais pas encore avoué, je l'aimais même si visiblement, lui, c'était tout le contraire. Je suis juste une pièce dans son puzzle, rien de plus. Je ne serais jamais plus et, de toute façon, je ne veux pas être plus. Même s'il s'excuse de toutes les manières qui existent.  Ça ne changera rien au fait que c'est un menteur.

Après, si je réfléchis bien, c'est normal qu'il ait choisi sa famille. Il ne me connaissait pas avant, il y a quelques mois. Alors, même si sa famille ne le traitait pas forcément de la meilleure des manières, cela semble tout de même logique de les choisir, car, c'est toujours trop compliqué de se rebeller, de se mettre contre les plans de sa famille.

Je sors de mes pensées lorsque je sens la main brûlante d'Aaron sur ma cuisse. Je me tourne doucement vers lui en bâillant comme s'il m'avait réveillé alors que ce n'est pas du tout le cas.

-Amy, j'ai oublié de te dire quelque chose.

Je fronce les sourcils, ne comprenant pas où il veut en venir. Je commence à appréhender ce qu'il va me révéler au point où nous en sommes. S'il faut, il va peut-être me déclarer le fait qu'il sait que je sais et qu'il va devoir me torturer lorsque l'avion va atterrir. Qui sait ? À ce stade-là, je m'attends à tout. 

-Le Casino de Paul Smith organisent un bal masqué demain soir. Bien évidemment, nous y sommes invités étant donné que nous allons passer les nuits à venir dans l'hôtel affilié. 

Je réfléchis un instant à ce qu'il vient de me dire puis, me contente de hocher la tête, ne voulant pas prolonger la discussion avec lui malgré que des millions de questions coulent dans ma tête. 

N'est-ce pas dangereux ? Est-ce un nouveau stratagème ? Quand est-ce qu'il nous a pris des chambres ? Que vais-je mettre à ce bal ? 

De toute façon, c'est évident qu'ils sachent déjà ce que nous prévoyons de faire. Aaron leur a probablement déjà dit et, même sans lui, ils doivent sûrement épier mes moindres mouvements. Or, ils ont donc, très certainement, dû voir que j'ai pris l'avion pour Houston. Ils ont également dû voir mes activités avec ma carte bancaire, voir ma position avec mon téléphone portable s'ils ont réussi à le pirater, ce qui ne m'étonnerait guère. 

J'avance donc même si je me sais en danger, car, je le suis n'importe où. 

Cette affaire a duré beaucoup trop longtemps, autant qu'elle se termine le plus vite possible. 

Je continue de réfléchir jusqu'à ce que je termine par réellement m'endormir. 

***

Toujours dans ce silence pesant, nous montons dans un taxi censé nous emmener à l'hôtel à côté du Casino. La seule fois où Aaron a osé m'adresser la parole à nouveau était pour me demander d'un air gêné si j'avais bien dormi. Je lui avais répondu d'un hochement de tête, pour encore une fois, ne pas à avoir une conversation avec lui.