Chapitre 48

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Mes yeux rencontrent les siens. Je me sens défaillir. Je n'étais donc pas folle, c'était bien lui.

Je me demande vraiment ce qu'il fait ici. J'ai l'impression de m'être fait berner par tout le monde.

J'ai à la fois envie de courir vers lui et l'enlacer en me disant que lui, au moins, il est honnête, mais, finalement, mon cerveau me hurle dessus pour me prévenir que, s'il est ici, justement, ce n'est pas anodin.

Je ne sais même plus à quoi m'en tenir. Aaron, tout à l'heure, a essayé de me mettre en garde sur la personne avec qui j'ai passé la nuit contre mon gré. Je pensais que c'était le barman, mais, je me demande si ça ne s'agirait pas de Jace.

Je vais éviter de l'idéaliser. Je ne referai pas cette erreur.

Lorsque je détache enfin mon regard, c'est comme si je me reconnectais au monde extérieur. Les murmures s'élèvent. J'observe tout le monde un à un.

Entre elles, des groupes de femmes agitent leur éventail puis cache leur bouche pour se raconter, je ne sais quoi tout en me regardant. D'autres me regarde d'un œil choqué.

J'ai vachement ma place ici.

Cet accueil me met mal à l'aise. Je ne sais pas si ces personnes parlent car Aaron a une femme à ses côtés, si c'est parce que tout le monde savent déjà qui je suis et, je serai en quelque sorte l'ennemi ou, si les murmures s'élèvent car, Aaron à la fille de l'ennemi de son père à ses bras.

Je pense que c'est un mélange des trois situations.

Dans tous les cas, je n'ai pas la place ici. J'ai l'impression d'être dans une cage de lions affamés ou entourée de requin alors que ma jambe saigne.

Je ne sais pas quoi faire. Si me monter est pseudo plan dans la chambre quelques dizaines de minutes auparavant m'avait redonné ne serait-ce qu'un peu de confiance en la situation, tout vient de voler en éclat. Je sens la crise d'angoisse approcher quand je sens la douce et brûlante main d'Aaron venir se poser au creux de mes reins en m'attirent vers lui.

Peu à peu, les sensations de notre arrivée se dissipent. La situation devient un peu plus normale, les personnes reviennent à leur occupation comme si de rien n'était sauf une seule. Il ne reste qu'une personne qui est plantée au milieu de la piste à nous épier, les mains dans les poches : Jace.

Je tourne la tête vers Aaron qui est occupé à regarder Jace de haut en bas du pire regard qu'il sache faire. Je ne sais pas si je suis censée me sentir en sécurité à ses côtés.

Je ne sais plus que croire.

-Viens, me dit-il doucement en enlaçant sa main dans la mienne.

Il se dirige vers un des serveurs qui tournent dans la salle. Il attire mon attention. Il est grand, il porte un costume trois pièces et, un masque doré. Malgré ça, je crois reconnaître qui c'est : le barman d'hier.

Mais que se passe-t-il ?

La sensation que j'avais en arrivant s'accroît. J'ai l'impression je vais me faire planter d'une seconde à l'autre.

Aaron lâche ma main pour prendre deux coupes de champagne et m'en tendre une.

-j'espère que tu aimes le champagne, me dit-il par-dessus la musique aux airs de jazz.

J'acquiesce avec un petit sourire.

Il plante ses yeux de couleur ébène dans les miens. Au fur et à mesure, je ressasse les moments où il essayait de me faire changer d'avis concernant sa culpabilité.

Plus je revois ces moments et plus, je me dis que ça devait être une erreur. Ce que j'ai entendu dans la chambre était très concret mais autant que ce qu'il me disait. Je ne crois pas qu'il soit un traître.

DesideriumOù les histoires vivent. Découvrez maintenant