Chapitre 33

936 48 23
                                    

Je fais les gros yeux pour vérifier si j'hallucine mais, non. Je reconnais ces chaussures. Ce sont celles de ma mère. Ça ne peut pas être celles de Marie puisque ma mère était censée les avoir.

Tout s'accélère dans ma tête et, j'ai l'impression de m'être directement jetée dans la gueule du loup en venant dans cet hôtel et, d'ailleurs, c'est Aaron qui m'y avait emmené pour la première fois. Est-ce qu'il est dans le coup lui aussi ?  J'avais l'impression de pouvoir lui faire confiance mais, visiblement, je me suis trompée. Je ne devrais peut-être pas. 

Je me dis que, si jamais mes ennemis sont là, cela veut dire qu'ils ne sont pas aux États-Unis. C'est donc après cette réflexion-là que je prends toutes mes affaires et m'en vais loin de cet hôtel. Je demande au taxi de s'arrêter rapidement à la banque pour retirer de la monnaie pour éviter d'être tracée si je paie avec ma carte bancaire. J'avais vu ça dans les films. je ne pensais pas qu'un jour, cela m'aurait servi.

Le taxi redémarre en direction de l'aéroport. 

-Tout se passe bien, mademoiselle ? Demande le chauffeur en remarquant mon stress qui est évident. 

-Oui, oui, ne vous inquiétez pas. Je dois juste partir d'ici en vitesse et j'ai peu de louper mon avion, mentis-je à moitié. 

Bien évidemment, il n'est pas convaincu. Je le comprends. Ça doit sûrement se voir qu'un danger me poursuit. Personne ne va retirer de l'argent avant d'aller à l'aéroport, surtout une aussi grosse somme. 

-Écoutez, je comprends que vous ne me fassiez pas confiance mais, si jamais, vous avez besoin de quoi que ce soit, appelez-moi ou envoyez-moi un mail. 

Il détache sa main du levier de vitesse avant de prendre une des cartes de visites posées à côté de l'allume-cigare. 

Je prends la petite carte blanche et l'examine. J'observe son mail, son numéro avant de la fourrer au fond de ma poche. 

-Merci, lui soufflais-je très franchement. 

Je ne sais pas comment il pourrait m'aider. Après tout, je sais très bien que je ne l'appellerai pas. Après tout, ça doit être qu'un chauffeur sans problème. Tout le monde se confie à lui, un peu comme aux barmans mais, j'en suis sûre qu'il ne retient même pas la moitié des histoires. Là, actuellement, il doit sûrement penser que j'ai peur de mon ex et que je tente de le fuir. Il ne se doute pas vraiment de l'envergure réelle de l'histoire. S'il savait, je sais pertinemment qu'il n'aurait même pas songé à me faire monter dans son taxi. 

Une fois arrivés à l'aéroport, je sors en trombe du taxi après lui avoir donné son argent. Il me rappelle que si j'ai besoin d'aide, il sera là. Je le remercie avant d'aller m'acheter un billet directement auprès de l'hôtesse d'accueil. 

-Un billet pour Houston, s'il vous plait, lui déballais-je en sueur. 

Elle perd son sourire en voyant que je suis pressée et commence à taper sur son ordinateur. Quelques secondes plus tard, elle relève la tête vers moi. 

-Je suppose qu'il vous faut un allé simple ? 

Je hoche la tête en guise de simple réponse. Bien-sûre que je ne veux qu'un allé simple. Je ne veux pas revenir ici. Je tiens un minimum à ma vie et puis tant pis pour mes études. Je les reprendrai plus tard. On n'aura qu'à dire qu'il s'agissait d'une année sabbatique. 

Elle retape sur son ordinateur avant de me donner un prix exorbitant que, heureusement, j'ai en ma possession. 

-720 livres, s'il vous plait. 

Je sors mon porte-monnaie qui est plein pour lui donner la majorité des billet que je possède sur moi. Elle fait les gros yeux en voyant tout cela. Elle commence très certainement à comprendre elle aussi. Intérieurement, je prie pour qu'elle ne me pose pas de question. Je vois qu'elle commence à paniquer à son tour mais, elle essaie de conserver ne serait-ce qu'un peu d'intégrité. J'aimerais lui dire qu'elle n'est pas en danger mais, je ne le fais pas. À la place, je prends le billet qu'elle vient de m'imprimer et cours pour embarquer en voyant que le vol pars dans moins d'une heure. 

DesideriumOù les histoires vivent. Découvrez maintenant