Un an plus tard
Je cours dans cette rue trempée par la pluie qu'il y a eu quelques dizaines de minutes auparavant. Je sers mon manteau contre moi à cause du vent frais qui a décidé de faire des siennes aujourd'hui.
Rapidement, j'arrive devant le Starbucks dans lequel je travaillais ne serait-ce qu'un an et demi auparavant. Je m'en souviens comme si c'était hier.
Je m'arrête quelques secondes devant ce petit établissement qui fonctionne toujours. Comme avant, il y a toujours autant de monde et, c'est toujours la tante d'Ellia qui dirige ce petit café.
Je n'ai jamais eu l'idée d'y retourner et, je n'y retournerai probablement jamais. Je ne veux pas me rappeler de lui, c'est beaucoup trop douloureux.
Comme chaque jour, lorsque je sens mon cœur se serrer tandis que son visage apparaît dans ma tête, je pars en me rappelant que, comme d'habitude, je suis en retard pour aller en cours.
Après les événements de l'année dernière, j'ai attendu la rentrée scolaire pour essayer de me remettre de mes émotions et, tout de même, essayer de faire quelque chose de ma vie en reprenant mes études de psychologie.
Lorsque j'arrive enfin, comme chaque jour, je cours dans les couloirs puis, entre par ma porte arrière de l'amphithéâtre tout en essayant de faire le moins de bruit possible.
Le professeur m'adresse un regard, mais ne stoppe pas pour autant son cours. Je crois qu'il a l'habitude de mes retards incessants.
Je m'assieds à la place la plus reculée, à laquelle il y a le moins de monde autour de moi.
Depuis la rentrée, de nombreuses personnes ont essayé de venir me parler, pour être amis avec moi, je, crois, pour m'intégrer. Peut-être qu'ils ont eu pitié en me voyant constamment seul. Mais, je préfère être seule. C'est un choix. J'évite les personnes malsaines. Je ne veux certainement pas risquer de retomber sur des mauvaises personnes comme la dernière fois, même si ce n'était pas du hasard.
Je sors mon ordinateur et essaie de taper le cours, mes yeux commencent à se fermer à cause de la fatigue due à mes insomnies et à mes cauchemars à répétitions.
Je ne cesse de revoir tout ce qui s'est passé à Las Vegas, son visage, ses derniers mots, "je t'aime". Cependant, je me souviens aussi qu'Aaron n'est plus là pour me prendre les cours et que, dans ce cas, il ne faut pas que je les rate.
Lorsque l'ambulance a annoncé sa mort, j'ai directement pris un avion pour Londres le lendemain. Je ne voulais pas assister à son enterrement. Je ne voulais pas lui dire au revoir. Je ne voulais pas y croire. Mais, aujourd'hui, je regrette. Je me dis qu'il n'y a pas dû y avoir un tas de monde. J'aurais dû être là pour lui au lieu de faire parler ma haine à la place.
Le cours m'ennuie, comme toujours alors, mon regard se perd. Je revois ce cours en début d'année où Aaron avait son entrée, son regard arrogant plein de défi qui s'était posé sur moi, la haine que j'ai ressentie à ce moment-là alors que toutes les personnes autour de moi étaient fascinées.
Sa mort est douloureuse même si j'essaie de me dire que maintenant, de là où il est, il est peut-être enfin en paix. Ce serait égoïste de ma part de m'inquiéter pour lui alors qu'il est peut-être enfin paisible.
Sentant qu'une boule se forme au creux de mon ventre et que mon cœur commence à se serrer, j'essaie de calmer ma respiration, mais en vain. Alors, d'une façon absolument pas discrète, je referme mon ordinateur sans même avoir sauvegardé le peu de notes que j'ai sur le cours du jour et cours littéralement vers la sortie de l'amphithéâtre.
Une fois dans le couloir, je m'appuie au mur et reprends mon souffle, étant beaucoup trop essoufflée pour ne serait-ce qu'avancer de quelques centimètres pour le moment.
VOUS LISEZ
Desiderium
RomanceAmy, 18 ans, réalise son rêve qui est d'aller faire ses études à Londres. Tout se passe pour le mieux, jusqu'à ce qu'elle rencontre Aaron, le frère de son amie. Une haine sans pareille, une colère inégalable, des avis bien tranchés se retrouvent tra...