Chapitre 22

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Comment réagiriez-vous si vous étiez obligé de jouer au couple parfait avec une personne que vous ne portez pas du tout dans votre cœur? Eh bien, pour le cas de Mérida, elle était définitivement dégoutée. Tous les mots doux qu'elle devait sortir au shérif devant des gens la rendaient malade. Parce que, oui, ils devaient porter leurs masques, même dans la société. Aucun des deux ne voulait être le prochain sujet des ragots du village.  Et leur petite mise en scène marchait plutôt bien.

Lors d'une soirée tranquille, où les jeunes mariés s'ignoraient complètement, on frappa à la porte. Mérida, qui brodait une tapisserie dans la salle à vivre, se leva pour ouvrir. Et comme d'habitude, un faux sourire décorait son visage.

-Bonsoir madame.

-Bonsoir.

-J'ai ici une lettre pour votre mari.

L'homme lui tendit la lettre et la rousse le prit poliment. Puis, il quitta les lieux et elle ferma la porte. Harold arriva dans le salon et y vit Mérida qui examinait la lettre sous toutes ses coutures.

-Qu'est-ce que c'est? Demanda-t-il.

-C'est une lettre pour toi. Répondit-elle en lui tendant l'enveloppe.

Harold le prit et s'installa sur un fauteuil pour pouvoir le lire. Mais la nouvelle ne semblait pas l'enchanter. Il afficha une mine horrifiée, qui n'échappa pas au regard de son épouse, assise en face de lui, continuant sa broderie.

-Pourquoi fais-tu cette tête? Y a-t-il un monstre dans cette lettre? Plaisanta-t-elle.

-Oui, une nouvelle monstrueuse. Et je pense que ça ne va pas te plaire.

Il déposa la lettre sur la table basse et posa son regard sur Mérida. Cette dernière était curieuse de savoir ce qui le préoccupait autant. Prenant une grande inspiration, Harold s'apprêta à lui annoncer la nouvelle.

-C'est une lettre de mes parents.

Mérida ne voyait pas pourquoi une lettre de la part de ses beaux-parents inquiétait tellement le shérif. Voyant que la rousse n'en avait cure, il continua.

-Ils nous invite chez eux pour le dîner de Noël.

-Quoi? Non, impossible. Je ne peux pas voyager! J'ai bien trop de responsabilité ici!

-Tu n'as aucune responsabilité. La seule raison pour laquelle tu ne veux pas venir, c'est Robin.

-Robin est ma responsabilité. Et de toute façon, tu n'as pas l'air d'avoir envie d'y aller aussi.

-Même si je ne veux pas, je dois y aller. Ce sont mes parents tout de même!

-Eh bien vas-y. Mais ce sera sans moi.

Harold soupira. Il prit la lettre et la relu avant de reparler à Mérida.

-Il est écrit noir sur blanc que tu dois venir avec moi. Mes parents veulent te rencontrer.

-Qui les à mis au courant pour notre mariage? Demanda-t-elle d'un ton agacé.

-Je ne sais pas.

Et finalement, Mérida céda. Dès ce soir-là même, ils firent leurs bagages pour le village des parents d'Harold. Ces derniers vivaient dans un endroit peu commun: le village de Beurk. De nombreux soldats vivant dans des royaumes différents venaient tous de là. Beurk était un village peuplé majoritairement de guerriers féroces. Ils étaient grands, musclés et savaient parfaitement manier les armes. Que ce soit épée, hache, javelot ou autres, les habitants de Beurk étaient les meilleurs.

Les ancêtres des beurkiens étaient les Vikings. N'ayant plus de terres après une rude bataille qui les avait décimé, les derniers rescapés créèrent un petit village où les anciennes coutumes vikings étaient encore pratiquées. Ce petit nombre de personnes augmenta bien vite, ce qui donna naissance à un grand village. Tous les hommes dans presque toutes les familles savaient se battre depuis leur plus jeune âge.

Ce qui n'était pas le cas d'Harold. Lui, contrairement aux autres petits garçons de son âge, qui aimaient se battre et montrer leurs forces, il était frêle et timide. Et il préférait les livres au lieu des combats d'épées. Il était un enfant à part, ce que les autres n'aimaient pas trop.

En grandissant, il a apprit à user de sa force physique, aidée de sa capacité mentale. Il a réussi les examens pour entrer dans la garde royale et a eut le poste de shérif plus rapidement que personne avant lui. Il avait quitté son village natal pour s'éloigner de ses mauvais souvenirs. Mais il était obligé d'y retourner, en espérant ne pas revoir ses anciens amis, qui avaient pris plaisir à se moquer de lui.

Beurk était à une journée de leur village. Il était déjà dans les alentours de midi. Harold regardait le paysage passer à travers sa fenêtre. Ce qu'il voulait le plus à cet instant, c'était que cette route ne se termine jamais.

Voyant que son mari était préoccupé, Mérida eut de la peine pour lui. Retourner de là où il venait n'était peut-être pas facile. Elle ne savait pas pourquoi ça lui déplaisait autant d'y retourner. Peut-être avait-il une personne qui l'attendait là-bas, avant qu'il ne parte pour Nottingham. Rien qu'à la pensée qu'il pourrait y avoir une autre femme qui attendait patiemment Harold quelque part, une légère pointe de jalousie naquit dans le cœur de la rousse. Pensait-il encore à elle parfois? Ou même toujours? Mérida secoua légèrement sa tête. Ce n'était pas le moment de faire une crise de jalousie.

Quand le soleil commença à décliner, le carrosse des jeunes mariés s'arrêta. Le cocher descendit le premier pour faire descendre les valises. Harold fut le deuxième, suivi de Mérida. La rousse fut émerveillée par la beauté du village. Des lumières illuminaient les rues et des enfants jouaient un peu partout. C'était un cadre assez chaleureux.

-Je ne vois pas pourquoi tu n'avais pas envie de retourner ici. C'est charmant.

-Charmant? Ça se voit que tu n'as jamais rencontré des gens qui viennent d'ici.

-Ah? Et comment sont les gens qui viennent d'ici?

-Violent, impoli et têtu.

Elle pencha sa tête pour regarder Harold. Il avait les sourcils froncés et la mâchoire serrée. Il détestait vraiment ce village selon la rousse. Mais son expression faciale amusa la couturière. Elle esquissa un rictus et croisa ses mains dans son dos.

-Tu ne m'a pas l'air violent. Ni impoli d'ailleurs. Mais têtu, tu l'es sûrement.

Harold soupira. Il n'avait vraiment pas envie de se disputer avec elle juste à ce moment. Il avait d'autres choses à gérer. Le couple s'était arrêté devant une maison. Harold leva la main et frappa trois fois à la porte. Quelques secondes plus tard, un homme roux, aussi grand que Fergus Dunbroch ouvrit. Il leur offrit un large sourire et ria fortement.

-Ah! Il est arrivé!

Puis, il enlaça Harold, dont les pieds ne touchaient plus le sol enneigé. Cet homme rappelait à Mérida son père. Fergus donnait de très étroites accolades comme celle-là. En repensant à son père et à sa famille, Mérida ne put s'empêcher d'être triste. Jamais elle n'avait passer un Noël loin d'eux. Même si ses frères n'étaient pas les plus polis de tout le village quand ils étaient à table, ils lui manquaient.

-Et qui est cette charmante demoiselle?

La voix forte du père d'Harold la fit sortir de ses réflexions. Elle esquissa un demi-sourire, tandis qu'Harold faisait des étirements discrets après cette accolade. Quand il eut fini, il présenta Mérida.

-Papa, je te présente Mérida. C'est mon épouse.

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Robin des boisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant