Chapitre 34

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Cela fait quelques jours que Mérida était seule chez elle. Harold était parti pour Shyperia. Depuis un moment, elle se réveillait sans entendre des bruits de pas dans le couloir. Mérida se leva de son lit et ouvrit la porte de sa chambre. Le silence était sa seule compagnie. D'habitude, Harold lâchait quelques commentaires sur tout et rien alors qu'elle feignait de l'ignorer. Mais ce jour-là, ce fut le calme plat.

Elle descendit dans la salle à manger pour prendre son petit-déjeuner. Quand elle fut assise, elle fit tournoyer sa cuillère dans sa tasse de café. Tous les matins, il était avec elle à cette table. Et même si ils ne se disaient rien, elle appréciait sa présence. Mérida contempla longuement sa boisson, un sentiment de tristesse la rongeant peu à peu.

La rousse ferma la grande grille de fer de sa demeure, qui grinça. Elle se tourna vers la route et s'immobilisa. Tous les jours depuis son mariage, Harold la raccompagnait à son travail en lançant une petite phrase qui égaillerait peut-être sa journée.

En avant.

Allons-y.

Et c'est parti.

Mérida n'entendit pas la voix de son mari lui dire des phrases encourageantes. Elle allait devoir marcher le long de cette route, seule, en silence et triste. La jeune femme se rendit compte de la peine que pouvait ressentir les veuves. Leurs habitudes de couple étaient brisées à cause de la mort de leurs époux. La rousse chassa ses mauvaises pensées en secouant légèrement la tête.

«Non. Ne pense pas qu'il puisse mourir.» S'ordonna-t-elle.

Quand elle arriva à destination, elle reprit ses habitudes aux côtés de sa mère. Et comme d'habitude, à la pause de midi, elle alla faire part de ses peines à Elsa.

Quand aux soldats étant partis pour Shyperia, ils arrivèrent aux frontières du royaume après de longues journées de marche. Les gardes à l'entrée de la ville leur bloquèrent le passage.

-Nous avons ordre de fouiller ce royaume de fond en comble. Lança Bartolomeo, en tête de file.

-Qui vous a donné cet ordre? Demanda l'un des soldats shyperiens.

-C'est un ordre de notre souverain, le roi Jean.

-Nous n'avons pas été prévenu d'une quelconque fouille.

-Le roi n'a pas besoin d'informer qui que ce soit pour faire ce que bon lui semble. Nous ne faisons qu'exécuter ses ordres, alors laissez-nous passer.

Les deux shyperiens restèrent immobiles, se préparant mentalement à une possible confrontation.

-Notre roi ne nous a rien dit sur votre fouille. Je vous prierai de rebrousser chemin.

Harold s'avança au niveau du shérif adjoint. Avec un peu de chance, ils reviendraient à Nottingham sans aucune perte.

-C'est bon, Bartolomeo. Nous n'avons plus rien à faire ici.

Mais Bartolomeo n'était pas de cet avis. Persifleur avait bien insisté sur le fait de fouiller Shyperia. Et il allait accomplir ce qu'on lui avait demandé, que le shérif soit d'accord ou pas.

-Non, shérif. J'ai reçu des ordres clairs. Robin des bois est peut-être caché dans ce royaume. Je me dois d'exécuter ce que notre roi nous a ordonné.

-Et je suis ton supérieur. Tu dois respecter la hiérarchie.

Les deux hommes se regardèrent dans les yeux, essayant de faire céder l'autre. Mais aucun ne semblait vouloir capituler. Et le shérif adjoint avait l'air de vouloir prendre le dessus.

-Désolé shérif, mais le roi est bien plus supérieur à vous.

Il détourna son regard d'Harold pour faire un signe de main à ses hommes. Toute la troupe s'avança d'un pas militaire pour forcer l'entrée de Shyperia. Harold tenta vainement de les arrêter, mais personne ne l'écouta. Tous ses hommes avaient bien trop peur de Bartolomeo, ainsi que du conseiller du roi.

Deux soldats shyperiens se mirent en position de combat, tandis que d'autres filèrent à l'intérieur des remparts de la ville pour sonner l'alerte. Bientôt, des centaines de soldats portant fièrement le blason de Shyperia étaient en ligne pour riposter. Ils étaient tous vêtus d'uniformes d'un rouge très sombre,  confondant presque la couleur avec le noir.

Les soldats de Nottingham brisèrent les défenses et ils entrèrent dans la ville. Ils étaient habillés en marron sombre et en noir. Les deux armées etaient face à face, tous deux prêts à défendre son souverain. Bartolomeo, étant un homme belliqueux, donna rapidement les ordres.

-Divisez-vous en deux! La moitié fouillera les maisons et l'autre les couvrira! Nous allons attraper ce Robin, coûte que coûte!

En un rien de temps, les deux armées fondirent sur chacune. Les bruits de tintement d'épées se firent vite entendre. La population fuyait vers les lieux sûrs, soit à l'opposé de cet affrontement. Les gardes de Nottingham défoncèrent les portes de chaque demeure à la recherche du voleur tant renommé.

Harold se battait sans relâche, tentant par la même occasion d'arrêter le conflit. Il essayait de résonner ses hommes, mais le combat faisait rage et personne ne s'entendait. Tout ce qu'il pouvait faire, c'était se défendre contre les coups de ses adversaires.

Les fouilles continuaient ainsi que le combat. Les shyperiens avaient du mal à maîtriser les soldats de Nottingham. Le soleil commençait à décliner et la ville était quasiment vide. Il n'y avait plus que des guerriers et des corps de civiles. Voyant que cela durait trop longtemps, Bartolomeo approcha le premier homme qu'il vit.

-C'est le moment! Cria-t-il à travers le chaos.

-Vous êtes sûr? Demanda son subordonné.

-Fais ce que je te dis!

Aussitôt dit aussitôt fait. Un des soldats de Nottingham alluma une torche et la lança dans une maison quelconque. Le feu ne tarda pas à dévorer tout le bâtiment. C'était le signal. D'autres soldats se mirent à brûler des maisons et Harold était horrifié par le spectacle qui s'offrait à lui. Il voyait du feu partout.

Plus tard, alors que plus de la moitié de la ville était calcinée, les renforts de Shyperia arrivèrent. Ils étaient alors plus nombreux que les hommes de Nottingham. Bartolomeo s'obstinait à aller plus loin et passer à une autre ville de Shyperia, mais ils étaient déjà en minorité.

-Repliez-vous! Repliez-vous! Ordonna le shérif.

Ceux qui l'avaient entendus se ruèrent vers la sortie. Les autres ne firent que suivre lorsqu'ils virent le shérif indiquer le chemin du retour. Bartolomeo ferma la marche, rageant contre le shérif. Une épaisse fumée noire s'élevait dans le ciel dans le début de la soirée. Les flammes léchaient les murs de la ville et les cris des non-rescapés étaient encore perceptibles.

Harold pouvait encore entendre ses cris et ses pleurs, malgré qu'ils soient déjà bien loin des terres de Shyperia. Le shérif ne savait plus quoi faire. La guerre était inévitable après un tel coup de la part du roi Jean. Nottingham étaient presque ruinée par la guerre encore en cours avec Tasalman. Une double guerre n'arrangerait pas les choses.

Harold sentait ses blessures lui faire mal. Après de nombreux coups d'épées, il ne pouvait que souffrir. Mais tout ça n'était rien comparé à ce qui allait suivre. Il allait sûrement partir en guerre avec le peu de soldats qui restait. Nottingham périrait rien qu'à la première journée. Et ce royaume ne serait plus qu'un beau souvenir. Tous les habitants finiraient très mal.

Harold pensa alors à Mérida. Si ils venaient à entrer en guerre, il la perdrait sûrement. Il n'aurait jamais l'occasion de lui dire ce qu'il ressentait. Il ne serait jamais heureux et finirait en carcasse pour les vautours. Seul un miracle pourrait remédier à cette guerre imminente.

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