Chapitre 50

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Dès que les premiers rayons de soleil apparurent, les deux armées alliées levèrent le camp. Ce qui restait des soldats de Nottingham marchait aux côtés des soldats d'Arnagat. Toutes les émotions se mélangeaient. Certains étaient contents car ils avaient retrouvé de vieux amis, perdus depuis cinq ans. Alors que d'autres, restaient silencieux, pensant déjà à leur prochain combat et à la douleur — autant physique que psychologique — qu'ils allaient vivre.

Mais étonnement, Jacob I était très calme et confiant. Il était assit sur son cheval, droit tel un piquet. Le souverain regardait le chemin devant lui, un sourire empli de sureté. Harold le regardait, étonné par son attitude. Ils allaient en guerre et pourtant, le roi restait calme. Du haut de son destrier blanc, il inspirait le respect et l'admiration. À ses côtés, marchait le cheval noir du roi Leonard d'Arnagat.

Ce dernier était un homme à la peau sombre et aux lèvres pulpeuses. Ses cheveux étaient coupés très courts, contrairement à ceux du roi de Nottingham. Lui aussi avait l'air confiant. C'était comme si il connaissait déjà la fin de l'histoire et que tout le monde s'en sortirait indemne. Cela n'étonna que peu le shérif. Le royaume d'Arnagat était réputé pour les sorcières capables de lire l'avenir. Peut-être que ce roi était aussi un sorcier, mais qu'il le cachait bien.

En parlant de sorcier, Harold ne sentait presque plus sa blessure. Les médecins d'Arnagat ont sûrement utilisé leurs fameuses plantes magiques capable de guérir très rapidement. Cette fois, Harold était fixé: Arnagat possédait vraiment des choses surnaturelles.

-Que se passe-t-il, mon garçon? Demanda le roi Jacob. Tu as l'air perdu dans tes pensées.

-Oh, ce n'est rien.

-Et ta blessure, elle te fait encore mal?

-Non, ça va bien. Mais je me demandais juste comment est-ce possible. Il y a à peine un jour, j'étais à l'agonie. Et maintenant...

-Ça c'est grâce à nos plantes médicinales. Intervint Leonard. Elles ont d'excellent effet sur les blessures.

-Donc, ce ne sont pas des plantes magiques?

Les deux rois se regardèrent avant d'éclater de rire. Du haut de son cheval, Harold regardait les deux souverains rire à gorge déployée comme des enfants de quatre ans. Qu'est-ce qui les faisait rire? Avait-il dit quelque chose de drôle?

-Il est marrant ton shérif, Jacob! S'exclama Leonard.

-Non, juste ignorant. Répondit le concerné.

-On peut m'expliquer pourquoi je fais l'objet de vos rires? Demanda Harold, agacé par le comportement enfantin des deux monarques.

-Ce ne sont pas des plantes magiques. Ça n'a jamais existé. Arnagat est un royaume exotique et certaines plantes poussent très bien dans le climat qu'il fait chez nous. Nos médecins s'en servent comme médicaments.

Harold comprenait enfin ce qui se passait. Le silence retomba pendant quelques minutes, bientôt brisé par le roi Jacob.

-Alors, Harold.

Le shérif sursauta à l'entente de la voix forte de son souverain.

-Oui?

-Comment allez-vous, Jack et toi?

-Nous allons bien.

Harold baissa la tête et se tut. Le roi savait qu'il avait quelque chose. Après avoir perdu sa femme et avoir été obligé d'élever un enfant seul, il savait reconnaître quand un jeune homme lui mentait. Il avait tout subit avec Jack: les rires, les pleurs, les crises d'adolescence et bien plus. Et il considérait Harold comme son propre fils. Il connaissait cette expression.

-Que se passe-t-il, mon garçon?

Mais le shérif secoua légèrement la tête. Le roi avait déjà subit nombre de choses. Il ne voulait pas en rajouter en lui racontant ce que Jack et lui avaient traversé pendant ces derniers mois. Mais Jacob ne semblait pas d'accord avec lui.

-Harold. Reprit-il plus doucement. Qu'est-ce qui ne va pas?

-Rien.

-On ne me la fait pas, à moi. J'ai beaucoup d'expérience tu sais. Ce n'est pas la première fois que j'ai à faire à un garçon qui a des problèmes.

-Et qu'est-ce qui vous dit que j'ai des problèmes?

-Mon intuition.

-Je vous en prie, votre majesté. Vous avez déjà beaucoup à gérer en tant que roi. Je ne veux pas vous déranger avec...

-Mon grand.

Harold fini par lever le regard vers Jacob. Ce dernier lui offrit un sourire chaleureux. Un sourire que jamais il n'avait eu de la part de son propre père. Le shérif répondit à son sourire, plus pour le rassurer que tout va bien que pour lui raconter des choses.

-Avant d'être roi, je suis d'abord un père. Autant pour mes enfants que pour mon peuple. Et toi, tu es mon fils. Tu peux tout me dire. C'est bien parce que je suis une oreille attentive qu'on m'aime, pas vrai?

Harold lâcha un rire. Peut-être qu'il avait raison. Il pouvait tout lui dire car ils étaient aussi proches qu'un père de son fils. Et en passant, Jacob voulait aussi savoir ce qu'à fait Jack pendant ces cinq ans.

-Allez, raconte-moi tout.

-Eh bien, il ne s'est pas passé grand chose. Jack à rencontré quelqu'un qui lui plaît et c'est tout.

-Ah bon? Et comment est-elle?

-C'est une fille du village mais je n'en sais pas plus. On ne discute pas souvent de ça.

Jacob hocha la tête.

-Et mon frère dans tout ça? Qu'est-ce qu'il en pense?

-Lui, il a fait venir des princesses pour tenter de marier Jack.

Le roi leva les yeux au ciel. Son frère faisait vraiment tout et n'importe quoi pour se remplir les poches. Mais heureusement, tout cela allait bientôt prendre fin et le peuple n'aurait plus à souffrir.

-Et toi? As-tu fait comme Jack et rencontré une belle jeune fille du village?

Harold sourit tout en pensant à sa rencontre avec Mérida. Au début, la jeune femme n'avait que pour objectif de lui faire manger les pissenlits par la racine et sauter de toits en toits. Et quand il pensait à comment ils s'étaient séparés, il fut content. Ils ne s'étaient pas séparés en mauvais termes.

-Ah. Je crois que toi, tu as vécu beaucoup plus de choses que Jack, à ce que je vois.

-Oui. Répondit-il, pensif. En fait, je me suis marié.

Un sourire étiré jusqu'aux oreilles décora le visage du roi. Enfin une nouvelle réjouissante.

-Mais c'est absolument merveilleux! Comment s'appelle-t-elle?

-Elle s'appelle Mérida. Et je dois dire que ce n'était pas l'amour fou au début.

-On dit bien que ça passe de la haine à l'amour, pas vrai?

-Oui.

Harold était heureux de pouvoir discuter avec le roi. Il avait enfin une oreille attentive. Jamais ce genre de conversation n'aurait été abordé avec Stoïck. Jacob était assurément meilleur père que Stoïck ne le serait jamais.

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Robin des boisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant