Chapitre 35

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Alors que Mérida gribouillait des esquisses de robe sur le comptoir tout en tenant sa tête dans la paume de sa main, de grands bruits virent la déranger. C'était surtout des voix féminines qui s'exclamaient. Elinor regarda par une des fenêtres et vit des dizaines de femmes se ruer vers l'entrée du village.

-Hm. Je me demande où vont-elles. Lança-t-elle.

La rousse ne portait aucunement son attention à tout ce chahut, ayant perdu toute joie après le départ d'Harold. Cela faisait presque un mois qu'il était parti vers Shyperia. Peu importe ce qui pouvait se passer au village, elle n'en avait cure.

Soudain, une femme entra dans la boutique pour y déposer un panier de légumes avant de ressortir à la hâte. Elinor l'interpella pour lui demander ce qui se passait. La dame semblait pressée au plus haut point.

-Mais que se passe-t-il? Demanda la mère de famille.

-Vous n'êtes pas au courant? Ils sont revenus! Les soldats sont de retour!

La dame avait annoncé cela avec une voix mêlant joie et angoisse. Puis, elle reprit sa route, suivant le même chemin que plusieurs femmes. Quand Mérida entendit la nouvelle, elle laissa tomber son crayon pour sortir à toute vitesse de son commerce, bousculant sa mère au passage.

-Mérida!

Mais la jeune femme ne l'entendait plus, ne se préoccupant que du retour des soldats. Habitant dans un petit village du grand royaume de Nottingham, il était assez rapide de se rendre à l'entrée du village. Quand elle arriva, une foule spécialement composée de femmes attendaient impatiemment. Après un instant, certaines femmes se ruèrent vers leurs maris tandis que d'autres pleuraient la perte des leurs.

Voyant certaines femmes tomber à genoux et pleurer toutes les larmes de leurs corps, une boule se forma au creux du ventre de Mérida. Et si Harold était mort? Et si il avait péri au champ de bataille. Elle n'aurait jamais l'occasion de lui dire qu'elle l'aimait. En ressentant toujours cette peur immense, elle regretta de ne lui avoir rien dit plus tôt. Ils auraient pu être heureux le temps de quelques semaines avant qu'il ne meurt.

«Oh mon Dieu. Si il est vivant, je jure que je vais tout lui dire.» pria-t-elle.

Des dizaines d'hommes défilèrent devant elle, mais aucun d'eux n'était son époux. Elle le chercha un peu partout, tremblant de tout son être. Mérida avait très peur de ne pas revoir son homme. L'angoisse la rongeait tellement qu'elle prit un soldat pour son mari.

Tout à coup, elle le vit. Il était là, encourageant ses derniers subordonnés. Il clopinait quelque peu et se tenait les côtes. Mérida voulait courir vers lui et le serrer dans ses bras. Mais ses jambes refusèrent de bouger. Elle se contenta de pleurer silencieusement, gratifiant le ciel de lui avoir rendu Harold.

Ce dernier s'immobilisa aussi quand il la vit. C'était la seule qu'il voulait voir. Son regard était brillant de larmes qu'elle retenait. Il fit un pas claudicant vers elle, et elle avança aussi. Leurs pas étaient lents, souhaitant en même temps arriver et ne jamais arriver. Finalement, ils se retrouvèrent face à face. Toujours cette idée de faux couple en tête, ils se prirent doucement dans les bras. Mérida tremblait à son contact.

Quand leurs corps furent parfaitement collés, la rousse ferma les yeux, laissant une larme couler. Il était là. Contre elle. Elle pouvait enfin sentir son odeur une nouvelle fois. Cette dernière était mélangée avec l'odeur du sang et de la poussière, mais cela importait peu à Mérida.

Harold serra sa femme un peu plus fort. Pendant ces derniers jours, la seule chose qu'il pouvait serrer contre lui, c'était son épée et son bouclier. Il ne pouvait pas sentir la peau chaude de Mérida contre la sienne, ni sa voix lui parler. Bien que leur relation n'ait pas encore dépassé le stade de disputes continuelles, Harold tenait à elle. Quand ils se séparèrent, la rousse trouva le courage d'aligner les mots devant lui.

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