Chapitre 42

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Une autre semaine s'écoula, où l'église était pleine de femmes qui priaient pour leurs maris, frères et fils. Durant ce temps, Mérida eut le temps de penser à ce qu'elle allait faire. Ce n'était pas juste qu'un royaume subisse la colère du roi, alors que Robin était de Nottingham.

La rousse en avait conclu que le roi était très bête. Pourquoi est-ce qu'un royaume ennemi s'amuserait à envoyer un vulgaire voleur à Nottingham pour voler les riches et nourrir les pauvres? Ça n'avait tout simplement pas de sens. Mais le roi ne semblait pas avoir comprit cela. Après tout, ce n'était pas lui qui gérait vraiment les affaires du royaume, mais plutôt Persifleur. D'autres pensaient que c'était sa femme, la reine Isabelle. Mais cette dernière portait plus son attention sur les vêtements de luxe et les chaussures que sur les affaires royales. Celui qui tirait les ficelles, c'était le plus fidèle conseiller du roi.

Et contrairement au roi, celui-ci avait beaucoup plus cogité sur cette affaire de Robin des bois. Et il en déduit la même chose que la rousse. Mais il ne regrettait pas d'être entré en guerre avec Shyperia. Persifleur était tellement sûr de pouvoir gagner et étendre son royaume. La guerre contre Shyperia ne lui rapporterait sûrement pas la tête de Robin. Et le conseiller voulait les terres de son royaume ennemi ainsi que le voleur. Ça n'allait pas être chose facile car il avait tenté le tout pour le tout: des gardes pendant la nuit, un chasseur de primes et des patrouilles partout. Mais rien de tout ça n'avait fait son effet.

«Que faire?» se demanda-t-il.

Robin était malin et agile, ce que ses soldats n'étaient pas. Et il ne mordait pas facilement à l'hameçon. Peut-être qu'il devait aller lui-même sur le terrain pour voir ce qu'il en était. Persifleur, étant assit dans son bureau, ouvrit grand les yeux, réalisant une chose. Il n'avait effectivement qu'à se rendre au village pour tenter quelque chose contre ce voleur.

Rapidement, il fouilla dans les tas de papiers sur sa table pour trouver un plan de Nottingham. Quand il le trouva, il l'examina attentivement. Des croix rouges marquaient les endroits où Robin avait frappé. Le conseiller remarqua que le voleur ne dépassait jamais le frontière de la forêt de Sherwood. Donc, Robin venait sûrement du village au pied du palais. Pourquoi n'y avait-il pas pensé plus tôt? Persifleur se leva de son siège pour peaufiner un plan.

Pour attirer un voleur, il fallait quelque chose d'attrayant. Et dans le cas de Robin, il aimait faire les poches des nobles. Le conseiller fouilla dans un de ses nombreux tiroirs pour retrouver une lettre écrite par le roi d'Équis. Dans cette dernière, le monarque signalait sa venue à Nottingham, au cas où le roi aurait besoin d'un allié pour cette guerre. Et heureusement pour Persifleur, la lettre était arrivée il y avait une semaine. Donc, le roi d'Équis arriverait sûrement ce jour même.

«C'est absolument parfait. Je n'aurai pas pu espérer mieux» se dit-il, un sourire malsain déformant son visage.

Le conseiller sortit de son bureau et appela un garde au hasard. Le premier soldat qui entendit sa voix accouru.

-Oui, sir?

-Rapporte-moi des jouets pour enfants.

-Pardon?

-Es-tu sourd? Rapporte-moi des jouets pour enfants! Des faux bijoux! Des babioles! N'importe quoi, mais rapporte moi quelque chose qui se vende! Et plus vite que cela!

-Oui, tout de suite.

Le soldat s'en alla au pas de course, mais Persifleur le rappela.

-Et rapporte-moi aussi une brouette.

-Oui, sir.

Mais encore une fois, Persifleur rappela le garde.

-Ramenez-moi le tout à l'entrée du village.

Le garde n'avait pas compris pourquoi le conseiller du roi lui donnait des ordres aussi inhabituels, mais il se contenta d'obéir. Quand à Persifleur, il pressa le pas pour trouver des vêtements peu voyants. Il se sépara de ses étoffes de soi pour des simples habits, le faisant ainsi ressembler à un paysan. Il prit aussi un chapeau pour pouvoir cacher son visage.

Quand il fut sorti du château, il attendit le garde pendant un très long moment. Finalement, en fin d'après-midi, le garde arriva, ce qui lui avait valu les foudres de Persifleur.

-Où étiez-vous? J'avais demandé tout cela il y a déjà des heures!

-Je suis désolé, sir. Mais, si je peux me permettre, pourquoi êtes-vous habillé ainsi?

-Je ne te dois aucune explication. Maintenant, retourne à ton poste.

Aussi vite qu'il était venu, le garde s'en alla. Persifleur se mit alors à pousser la brouette remplir de choses aussi inutiles les unes que les autres pour lui. Le conseiller se promena donc dans les rues du village, en quête d'indices sur Robin. Mais rien ne se passait et les villageois faisaient leurs travaux comme d'habitude. En même temps, pour rendre son jeu crédible, il vendait ses babioles à des gens qui passaient, lui rapportant aussi de l'argent.

En début de soirée, un carrosse venant du royaume d'Équis arriva, ce qui fit tourner les têtes de plusieurs gens. Persifleur en profita pour les observer un par un, du mieux qu'il pu. Peut-être allait-il trouver quelqu'un avec des agissements suspects. Mais encore une fois, il ne vit rien. Les gens du peuple avaient tous l'air misérables avec leurs tenues sales et déchirées. Aucune de ces personnes ne semblaient se soucier de la venue du carrosse, trop occupé à trouver de quoi se nourrir.

Mais un homme attira l'attention du conseiller déguisé en commerçant ambulant. Certes, il n'avait pas le profil du voleur recherché, mais il regardait le carrosse d'un œil mauvais. C'était lui le seul qui avait le regard braqué sur le véhicule. Tous les soupçons de Persifleur se dirigèrent sur celui qui semblait être un boulanger. Ce dernier quitta son commerce pour se diriger vers un autre magasin. Persifleur ne perdit pas une seconde pour le suivre.

Quand il ressorti du magasin de vêtements, il retourna à son travail, un expression très suspecte sur le visage. Persifleur attendit devant la boulangerie avant de voir une silhouette noire entre deux maisons. Était-ce Robin? Sûrement. Le carrosse était passé et c'était l'appât idéal. Quelques minutes plus tard, le boulanger ressorti et regarda tout autour de lui, comme pour s'assurer que personne ne le suivait.

«Mauvaise décision, mon cher.» pensa Persifleur, laissant sa brouette pour suivre le boulanger qui se dirigeait derrière son magasin.

Quand il arriva, il fit attention à ce que personne ne l'entende arriver. Et là, il écouta une conversation entre le boulanger et une femme.

-Mérida, le carrosse d'Équis vient d'arriver. Lança le boulanger.

-Je le sais, Eugène. C'est pour cela que je suis venue. Et comme d'habitude, j'ai besoin que tu me couvre.

-J'aimerais beaucoup, mais... Raiponce va bientôt accoucher et je voudrais être avec elle tout le temps. Notre bébé peut arriver à n'importe quel moment.

-Je comprends et je ne t'en veux pas.

-Tu es sûre de pouvoir y arriver seule?

-Bien sûr. Tu oublie peut-être que je suis Robin des bois.

Les yeux de Persifleur s'ouvrirent grands. Robin était une femme? Tout cela était tout bonnement impossible! Le conseiller osa jeter un coup d'œil pour voir ce qu'il en était. Et ce qu'il vit le choqua. L'épouse du shérif prenait le boulanger dans ses bras et elle portait une tenue pas très féminine. Quand ils se séparèrent, la rousse remit son masque et son capuchon. La femme que Persifleur avait sous ses yeux était la copie parfaite du voleur: petit, assez courbé, roux et surtout, avec la voix féminine. Il n'y avait plus aucun doute, Mérida Haddock était Robin des bois.

Le voleur masqué monta sur le premier cheval qu'il vit avant de se lancer à la poursuite du carrosse d'Équis. Le conseiller était à la fois choqué et satisfait.

«Cette femme était en fait le vrai Robin des bois.»

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Robin des boisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant