Chapitre 31

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Quoi de plus affreux que de voir quelqu'un ruiner sa vie peu à peu? Pour le roi, c'était la chose la plus affreuse du monde. Après avoir tenter de nombreuses choses, il n'est jamais parvenu à bout de ce Robin des bois. Cela le rendait furieux.

Mais il n'y avait pas que lui que Robin dérangeait. Persifleur est aussi une victime de ses vols. Étant le conseiller le plus fidèle au roi, Persifleur gérait bien plus de choses que le monarque. Et avec cette histoire de "Robin des bois", ça n'allait pas bien non plus pour lui. À cause de l'archer, les commérages avaient fini par atteindre les oreilles des autres souverains. Les visiteurs écoutaient les potins de Nottingham pour les rapporter dans leurs royaumes. Puis, les informations arrivèrent très vite aux rois. De nombreuses lettres de ces derniers arrivèrent au palais de Nottingham.

Êtes-vous sûr de cela?

Avez-vous déjà trouver un moyen pour arranger la situation?

Qu'en est-il de votre Robin des bois?

Les innombrables questions des autres souverains donnaient la migraine au conseiller. Certains menaçaient même de couper les ponts avec Nottingham. Ce n'était pas dans les intérêts de Persifleur ni du roi d'ailleurs. Si il n'avait plus d'associers économiques ni militaires, ce serait la catastrophe. Nottingham pourrait bien se retrouver à la merci des royaumes ennemis.

«Je ne peux pas laisser passer ça.» pensait-il.

Persifleur avait toujours aimé se vanter devant tout le monde. Et les gens de la haute société sont ceux qu'il aimait le plus impressionner. Si tous les alliés de Nottingham venaient à briser leurs accords, il n'y aurait plus de grandes fêtes où le conseiller pourrait vanter ses mérites. Que faire? Robin forçait vraiment le roi à être bon — chose qui n'était pas prête d'arriver — envers le peuple.

«Si seulement j'avais la moindre petite information sur ce sale voleur...»

La lumière se fit dans l'esprit malveillant de Persifleur. Pablo. Le chasseur de primes. Avant de se faire jeter aux portes du palais, ce dernier avait clamé haut et fort que Robin était roux. Pourquoi chercher plus loin? Persifleur n'avait qu'à faire fouiller les moindres recoins du royaume pour retrouver son trouble-fêtes.

Rechargé d'une détermination nouvelle, le conseiller à la voix sifflotante pressa le pas pour retrouver le roi. Connaissant ce dernier, il serait sûrement dans son bureau à ne rien faire à part admirer son royaume depuis sa fenêtre.

Effectivement, quand Persifleur toqua à la porte, la voix grave du monarque se fit entendre, lui autorisant à entrer. Persifleur s'exécuta.

-Votre majesté. Dit-il en se courbant pour une révérence.

-Que me veux-tu, Persifleur?

-Je pense avoir trouvé un moyen de nous débarrasser de Robin des bois, votre grandeur.

Intéressé, Jean se retourna vers son conseiller en lui accordant toute son attention. Ce dernier se lança dans une longue explication, commençant par le départ du chasseur de primes jusqu'à son plan d'action. Le roi paru fasciné par son idée. Il se caressa la barbe tout en y pensant.

-C'est une excellente idée. Répliqua-t-il. Va de ce pas donner ces informations au shérif. Puis, dis-lui de rassembler ses meilleurs hommes pour fouiller le royaume de fond en comble.

-Oui, votre grâce.

Avec un geste de main de la part du roi, le conseiller lui tourna le dos pour aller à la recherche du shérif. Ce dernier venait de récolter les impôts comme tous les mois. Persifleur l'interpella et lui annonça la nouvelle. Le conseiller était si enthousiaste à l'idée d'enfin capturer Robin, tandis qu'Harold était pétrifié sur place.

Qu'allait-il se passer? Les roux ne sont pas ce qui manque à Nottingham. Et si ils cherchaient des roux sachant manier les armes, ils en trouveraient des centaines. Le brun imaginait déjà les nombreux hommes innocents mis en garde à vue dans les cachots du palais.

Mais peut-être qu'il n'y en aura pas tant que ça. Mérida n'avait pas une corpulence masculine, ce qui diminuait les chances des soldats de trouver Robin. Les hommes que le shérif avait croisé sur son chemin durant toute sa vie étaient tous grands, quelques peu musclés et avaient une voix grave. Certes il y avait des exceptions, mais c'était... Des exceptions. C'était plutôt rare de voir des hommes avec un corps assez courbé et une petite voix.

Harold espérait qu'ils ne trouvent personne correspondant au profil de Robin.

***

Les fouilles avaient commencé quelques jours plus tard, par les alentours du palais. Le shérif avait divisé ses soldats en plusieurs escouades contenant une dizaine d'hommes chacune. Avant leur départ, Harold avait mis les points sur les i. Il avait parfaitement précisé la personne qu'ils devaient retrouver, en espérant ne trouver personne.

Le brun n'avait voulu rien dire à Mérida, sachant bien comment elle allait réagir. Elle aurait chercher un moyen suicidaire de ne laisser personne se faire enfermer. Mais malheureusement, la rousse n'était pas bête.

Un soir, où Harold reprenait ses recherches — comme chaque soir depuis une semaine —, il arrangea son uniforme en marchant vers la porte. Quand il eut fini de boutonner sa veste de cuir, il leva les yeux vers la porte pour y découvrir sa chère et tendre épouse. Mérida bloquait le passage et avait les bras croisés.

«Oh non.»

-On peut savoir où disparais-tu toutes les nuits depuis un certain temps?

-Comme si ma vie t'intéressait. Répondit-il en essayant de passer.

Mais Mérida resta devant la porte. Cette dernière avait quelques idée du pourquoi son mari passait le plus clair de son temps dehors: une amante. Cette possibilité lui trotta dans la tête pendant une semaine. Mais elle n'était pas sûre de ce qu'elle avançait. Elle décida donc de mener l'enquête par elle-même, en espérant qu'Harold ne pense pas qu'elle pourrait bien être jalouse.

-Je veux savoir. Continua-t-elle.

-Pourquoi?

-Parce que tu es le shérif! Tu es en charge de tout ce qui concerne les soldats et tout ça! Et à ce que je sache, les soldats sont toujours après Robin! Répliqua-t-elle comme excuse.

Devrait-il lui dire? Mérida semblait déterminée à découvrir la vérité. Autant qu'elle le sache le plus tôt possible. Si elle venait à l'apprendre de la bouche de quelqu'un d'autre, une énième dispute éclaterait. Et c'était la dernière chose que le shérif voulait. Harold pris une grande inspiration avant d'annoncer la nouvelle à sa compagne.

-Le roi a des informations sur Robin.

-Quoi? Questionna-t-elle, sur le point de faire une crise de nerfs.

-Il a ordonné que l'on fouille tous les villages pour trouver une personne correspondant au profil de Robin. Enfin, à ton profil. Figure-toi que quelqu'un a dit au roi que Robin était roux.

-Mais... Mais non, ce n'est pas possible. Personne ne le...

Soudain, l'image de Pablo lui revint en tête. Mérida fut submergée par une vague de rage et serra les poings. Comment avait-elle pu laisser cet homme s'en tirer comme ça? Elle aurait dû régler cette affaire dès le début. À cause de cela, des dizaines d'innocents allaient de faire arrêter. 

La rousse ne trouva qu'une seule solution pour remédier à cette situation: se rendre. Pourtant, cela n'arrangerait pas le problème de pauvreté. Que faire?

Voyant que Mérida ne bougeait plus, Harold décida de la contourner pour sortir.

-Où vas-tu? Lui demanda-t-elle.

-Faire mon travail.

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Robin des boisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant