Merope 5

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Dimitri se réveilla avec un sentiment étrange. Une boule s'était formée dans son estomac et son cœur palpitait avec rapidité.

Il regarda l'heure : 5h30 du matin. Un soupir lui échappa.

Sans réveiller la personne à côté de lui, il glissa ses pieds dans ses chaussons et descendit les escaliers pour aller boire un verre d'eau dans la cuisine.

Accoudé au plan de travail, il porta difficilement le verre à ses lèvres à cause de ses doigts tremblants. L'âge avait fait son chemin même s'il avait vécu un peu plus longtemps que le commun des mortels.

Alors qu'il était plongé dans ses pensées, Dimitri entendit des petits pas hésitants dans l'escalier. Il releva la tête pour croiser le regard de Merope.

Elle était toujours aussi belle, même avec sa chevelure devenue grise. Des petites rides s'étaient installées aux coins de ses yeux, attestants des nombreux fous rires qu'ils avaient eu ensemble. Elle était magnifique, sa femme.

Il se rappelait encore l'avoir demandé en mariage, une soixantaine d'années plus tôt. C'était après un glanage qui l'avait particulièrement marqué. Un couple était parti ensemble dans la mort, main dans la main. Cet amour infini, même dans l'au-delà, l'avait si tourmenté qu'il n'avait pas pu empêcher les fameux mots de sortir de sa bouche. Merope avait accepté tout de suite. Elle n'attendait que ça après avoir été en couple avec lui depuis cinq ans environ.

Ça aussi, ça s'était fait naturellement. D'épreuves en épreuves, ils avaient fini par s'aimer. Ils avaient fini par ne plus pouvoir se passer l'un de l'autre.
Mais ils n'avaient jamais pu avoir d'enfants. C'était le seul regret qu'ils avaient.

— Tu as fait un cauchemar ? demanda Merope en frottant ses yeux chocolats toujours aussi vifs.

— Pas exactement. Je me sens... oppressé.

La vieille dame dodelina de la tête et s'approcha de lui pour l'enlacer.

— Tu sais ce que ça veut dire.

Oui. Il savait. Le Destin l'appelait à lui pour lui donner la liste du jour. Même à presque cent dix ans, ils étaient toujours au service de l'univers. Ils étaient toujours la Mort elle-même.

— Je n'ai pas envie d'y aller, soupira Dimitri en lui caressant les cheveux.

— Tu le dois, pourtant.

— Laisse moi prendre un café avant alors. J'espère que cette fichue liste ne sera pas trop longue.

Merope l'embrassa simplement et alluma la cafetière avant d'aller se recoucher. La règle n'avait pas changé, le Destin s'adressait toujours à Dimitri. Jamais à elle. Et ça lui allait toujours autant.

Elle était fatiguée aujourd'hui.

Pendant que son café passait, Dimitri s'habilla d'un jean et d'un pull avant d'enfiler ses chaussures. Il tentait vainement de calmer les battements de son cœur. L'angoisse était toujours présente, chaque jour, lorsqu'il ressentait l'appel de celui qui choisit. Il avait toujours peur de reconnaître un nom parmi les autres. Le sorcier se rappelait encore du jour funeste où il avait lu les prénoms des parents de Merope. Hermione et Tom Jedusor étaient partis à quelques jours d'intervalle. Tom n'avait pas supporté le décès de sa femme, son corps s'était laissé mourir tout seul et finalement, il l'avait retrouvé dans la prairie verte.

Comme d'habitude, Dimitri se regarda dans le miroir de l'entrée de leur petite maison. Il se donna une bonne dose de courage et se concentra pour entrer dans le royaume qui était le sien.

Le Destin était bien là, au beau milieu de la prairie verte. Il était toujours aussi élégant et toujours aussi jeune. Pour autant, le sorcier ne lui enviait pas son immortalité. Chaque chose devait avoir une fin. Même sa vie.

Professeur JedusorOù les histoires vivent. Découvrez maintenant