Chapitre 36

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Un grand fracas suivi d'un cri perçant me réveille en sursaut. Je regarde en tous sens, essayant de me repérer avant de me rendre compte que je suis dans mon lit chez moi. Quelque chose m'a réveillée mais je ne sais pas quoi. Je me rappelle avoir fait un rêve bizarre avec des personnes qui crient puis un bruit sourd. C'est sûrement un cauchemard. Je change de position et essaye de me rendormir. Je suis trop grande pour aller voir mes parents quand je fais un mauvais rêve ! Cependant après plusieurs minutes à trembler avec le cœur qui bat très fort je me lève pour aller chercher du réconfort. La porte de la chambre parentale se trouve juste à côté de la mienne, elle est ouverte et le lit est vide.

« -Maman ? Papa ? »

Je me dirige vers le salon en attente de réponses. Je marche prudemment à cause de la nuit qui m'empêche de bien distinguer le sol malgré la pleine lune. Une fois dans le salon, je remarque qu'il n'y a personne ici non plus. En tournant la tête vers la cuisine je distingue une silhouette qui se dessine devant la fenêtre. Je ne peux contrôler le cri de peur qui s'échappe de ma gorge, attirant l'attention de la grande personne. Après quelques secondes je finis par comprendre qui est devant moi. Papa est debout dans la cuisine avec un long objet pointu et rouge à la main pendant que maman est allongée par terre sans bouger, entourée d'une flaque sombre qui s'étend sur le sol.

« -Papa, il arrive quoi à maman ? »

Mon père me regarde avec ses yeux vides terrifiants puis se dirige vers moi à grandes enjambées après avoir laissé le couteau s'écraser au sol, pour me prendre dans ses bras et sortir de la maison. Ses mains semblent recouverte d'un liquide poisseux qui traverse le tissu fin de mon pyjama pour atteindre ma peau. C'est tiède. Je n'ose pas parler. Nous nous dirigeons en silence vers le port, traversant les bois et les champs sur le passage sans se soucier des routes. Une fois arrivés papa monte dans son bateau de pêche, le bateau avec lequel il est arrivé lorsqu'il a accosté sur l'île, puis entre dans la cabine où se trouve le gouvernail, pour ouvrir une trappe qui mène à une petite chambre. Il me pose sur le lit puis dit avant de partir.

« -Ne bouge pas d'ici je reviens. »

Seule dans la pièce seulement éclairée par une lampe à huile et sans hublot, je ballade mon regard de droite à gauche. La chambre, vraiment petite, ne contient qu'un lit simple et un bureau avec une chaise. Sur celui-ci se trouve une carte maritime. Un trou rectangulaire dans un mur sans porte mène à un endroit que je ne peux voir. Je ne savais pas qu'il y avait des pièces dans le bateau de papa. Maman ne me laissait pas m'en approcher de peur que je ne sorte pas quand papa part en mer. L'odeur de poisson me prend le nez mais j'obéis et ne bouge pas. Le bateau se met soudain à tanguer plus fort tandis qu'une sensation de mouvement se fait sentir. On bouge ? Pour passer le temps je veux jouer avec mes doigts mais les trouve collants. Je les mets à la lueur de la lampe et suis surprise de les voir recouvert d'une substance rouge, dont sont aussi imbibés mes habits autrefois bleus. Papa aussi était recouvert de rouge avant de remonter... Par curiosité je pose mon haut à mon nez et renifle.

« -Beurk ! Ça pue ! »

Je me promets alors de ne plus sentir cet étrange liquide qui se solidifie et vire au noir. Après ce qui me semble être des heures papa redescend enfin. Ses cheveux sont mouillés, ses vêtements semblent différents et il n'ai plus recouvert de rouge. Il me jette un coup d'œil rapide avant d'aller dans la salle d'à côté et d'en revenir avec des habits, une corde et un sceau.

« -Monte sur le pont, nettoie-toi avec de l'eau de mer, mets ces vêtements et jette tes anciens à l'eau. »

Son expression effrayante m'empêche de répliquer. Je prends ce qu'il me tend avant de sortir avec quelques difficultés sur le pont, l'écart entre les barres de l'échelle étant trop espacée. Après un rapide tour d'horizon je confirme que nous sommes bien partis de l'île, que je distingue à peine, loin derrière l'embarcation. Je fais tout le tour du pont pour trouver quelque chose qui puisse m'aider à faire remonter de l'eau, comme je ne trouve rien j'attache la corde autour de l'anse du sceau et le jette à l'eau. Une fois cela fait je le remonte avec peine pour me rendre compte que la moitié du contenu est tombé. Je porte le contenant jusqu'à la trappe que j'ouvre. En contre-bas mon père lève la tête de sa carte avant de froncer les sourcils.

One Piece : La Huitième Grand CorsaireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant