Chapitre 52

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Je marche en ligne droite depuis un moment, le paysage ne varie pas tellement, juste des rochers, de la poussière, des arbres morts et des squelettes d'animaux. Je fais quelques haltes pour me reposer et étudier le terrain, il y avait une forêt ici avant, une immense forêt. Aujourd'hui il n'en reste que des racines séchées et des troncs morts. J'arrive au pied de la première montagne coiffée d'un horrible bâtiment cracheur de fumée dans l'après-midi.

Des filaments noirs recouvrants certaines roches attirent mon attention. J'en tire un bout qui s'effrite entre mes doigts. Ça ressemble à de la matière végétale morte. Après avoir fait le tour de la première montagne trois constats s'imposent à moi. Le premier est que les usines rejettent de l'eau multicolore qui sent aussi mauvais que l'eau de la rivière, ce qui veut dire que la pollution vient d'ici, le second est que ces bâtiments sont habités par des centaines de personnes et la troisième est que cet endroit est probablement le lieu que je cherchais. Voilà donc ce qu'il reste des lianes, juste des tiges noires desséchées. La nouvelle me scie les jambes, j'en tombe par terre. Que s'est-il passé ? Pourquoi les choses ont autant changé ? La carte ainsi que les textes que j'ai trouvés n'ont pas plus de cent ans, dire qu'autant de choses ont changé en quelques générations. Je suis certaine que ces tiges noires recouvrant la montagne sont les lianes Cahuï et il n'y en a plus. Que faire maintenant?

« -Il faut que je cherche encore. Il doit y en avoir ailleurs. »

La seule question est : Où ? Où dois-je aller pour en trouver ? Y a-t-il seulement un endroit non pollué sur cette île ? Ce peuple n'a pas l'air de se soucier de la végétation au profit du développement... Il ne faut pas que je me décourage, je suis sur Grand Line le climat sur les îles ne change jamais, j'ai toutes les chances d'en avoir là où il n'y a pas de pollution. Je tourne et retourne la plaque autour de mon poignet en prenant une grande inspiration pour me redresser. Une fois debout je grimpe au sommet de la montagne pour trouver dans quelle direction me rendre. Je fais attention à ne pas me faire repérer par les travailleurs tout en tournant autour du mont.

Au début je ne vois rien d'autre que la plaine désolée avant d'apercevoir une ville composée de bâtiments aux toits colorés à proximité d'une immense porte en bois. Derrière elle une montagne plus imposante que celle-ci recouverte de végétation attire mon attention. Voilà ma prochaine destination. Je descends discrètement puis reprends mon chemin ne m'arrêtant qu'à la tombée de la nuit entre deux gros rochers.

Je me remets en route à l'aube et arrive rapidement aux abords de la zone urbaine. Je n'avais pas remarqué hier mais il y a une autre ville devant celle aux toits colorés que j'ai vus. Elle semble composée de maisons vétustes qui pourraient s'écrouler au moindre coup de vent. Je ne m'y attarde pas, les contournant largement en direction de mon objectif. Lorsque j'y suis les recherches se poursuivent ardemment, il me faut plusieurs jours pour que je me rende à l'évidence, il n'y a pas de Cahuï ici non plus. Les arbres et l'herbe recouvrent tout. La liane, qui n'a pas l'air très partageuse, ne peut sûrement pas pousser ici. Dépitée je retourne à mon camp que j'ai installé dans les ruines d'un vieux château au sommet de la montagne.

Je m'installe au sol à une place qui m'offre un fantastique visuel sur les deux villes en contrebas. Je soupire avant de parler.

« -J'ai encore fait chou blanc. Qu'en pensez-vous Kinemon ? Une idée d'où je dois chercher ? »

Je ne m'attends pas à une réponse étant donné que je m'adresse à des tombes. Il y en a une dizaine regroupée à proximité du château. Elles sont en bois et recouvertes de mousse avec des noms gravés dont certains que je reconnais comme Kinemon, Raizo, Kanjuro ou encore Momonosuke. C'est une drôle de coïncidence de voir leur nom ici, si je ne les avais pas rencontrés je jurerais que ce sont eux enterrés ici. À chaque fois que je passe devant ces sépultures je ne peux m'empêcher d'imaginer les samouraïs à mes côtés, regardant ce pays avec autant de désolation que moi. En ce moment l'image de Kinemon est à ma droite immobile, il faut dire que je n'ai pas beaucoup d'imagination. Je relâche encore profondément ma respiration puis triture la plaque à mon poignet regardant intensément le nom gravé dessus.

One Piece : La Huitième Grand CorsaireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant