One Piece : La Huitième Grand Corsaire

Chapitre 40

Des semaines furent nécessaires pour atteindre ce que nous cherchions depuis que nous avons accosté sur cette île. Nous avons longé la côte et nous sommes abrités sous des arbres pleureurs, nom donné aux arbres aux branches entremêlées, pendant des jours à sa recherche pour ne pas mourir. Et enfin nous y sommes. Là, devant nous se trouve une rivière déchaînée qui vient des montagnes. Le liquide noir épais nous éclabousse et sa mélodie résonne dans nos oreilles comme la voix d'un ange.

La soif me donne envie de me jeter dans l'eau pour tout boire mais la grimace de papa me retient. Il se penche pour tremper sa main dans la rivière et en récolter de l'eau qu'il porte à son nez avant de se relever en rejetant le liquide d'où il vient d'une moue dégoûtée en poussant un juron. L'anxiété me prend. N'est-ce pas bon ? Ne pouvons-nous pas boire cette eau ? Les réserves que nous avons prises pour en arriver là sont presque toutes épuisées. Nous ne survivrons probablement pas si nous devons nous rationner davantage. Ne pouvant y croire j'imite mon père à la différence que j'essaye de boire l'eau. Je recrache tout lorsqu'une couche de crasse se colle à mon palet et à ma langue me laissant un goût de cramé dans la bouche. Je veux enlever cette chose avec mes doigts mais rien n'y fait, il semblerait que ma langue et la crasse aient fusionné pour la colorer en noir. Pendant que je cherche un moyen de me débarrasser de cette coloration mon père se hisse en haut d'un arbre pour regarder l'horizon avec ses jumelles. Il redescend assez vite et dit.

« -Nous ne pouvons pas rester ici. Si nous suivons la rivière nous arriverons au pied des montagnes. L'eau y sera sans doute moins chargée en cendres.

-Papa... J'ai trop soif, je ne peux pas repartir maintenant. J'ai besoin de boire... Et puis on a plus d'eau... »

Il me regarde un moment, vérifie nos réserves d'eau avant de grimacer.

« -Il y a un arbre pleureur pas loin. Nous allons y rester un moment. »

J'aurais sauté de joie si je n'avais pas eu aussi soif. Il nous faut une quinzaine de minutes pour atteindre l'arbre en question. Comme tous les autres il ne paye pas de mine mais il sera bien plus que suffisant pour nous abriter. Nous y installons notre campement selon une routine qui s'est placée ces dernières semaines. Chacun à son espace avec son drap et ses affaires, l'eau et la nourriture sont communes cependant seul mon père a le droit d'y toucher à part si c'est pour que j'y remette quelque chose ou que je cuisine.

Nous ne manquons jamais de nourriture parce que nous ne nous sommes jamais éloignés de la côte. L'absence de pêche sur cette île assure une abondance de poisson que papa a rarement vu là d'où nous venons. Une fois nos aises prises nous sommes retournés près de la rivière où papa récupère de l'eau dans une des gourdes vides qu'il filtre au préalable grâce à des tissus qu'il superpose. Une fois rendue claire au maximum nous retournons au camp où l'eau éclaircie est bouillie. Une fois que c'est fait l'eau chaude est versée dans une autre gourde que l'on ferme après pour la laisser refroidir. Je n'ai jamais vu cette technique avant.

« -On ne fait pas s'évaporer l'eau ? La couche noire ne doit pas pouvoir s'évaporer si ?

-Non tu as raison. Mais l'eau de la rivière n'est pas la même que celle de la mer. Tu as senti qu'elle était salée ?

-Non elle ne l'est pas.

-Alors pas besoin de la faire s'évaporer. On la filtre avec plusieurs couches de tissu superposées pour enlever le plus gros de la saleté puis on la fait bouillir pour enlever tous les microbes qui peuvent être dedans. Nous remplirons vite nos gourdes !

-Il y a quelque chose que je ne comprends pas...

-Dis-moi.

-Vu qu'on a de l'eau potable et de la nourriture facilement maintenant à quoi ça sert de remonter la rivière ? On a tout ce qu'il nous faut ici. On peut y faire notre campement.