Il me faut une vingtaine de minutes pour plier bagage et revenir au navire. Nous levons l'ancre lorsque mes pieds effleurent le pont. Pendant que je guide mon père dans les turbulences autour de l'île je repense à mes amis à qui je n'ai pas pu dire au revoir, surtout Blauve, celui auquel je me suis le plus attaché. J'ai l'impression qu'un vide se crée en moi... C'est plus douloureux que la morsure du monstre... Une fois sorti des récifs et des siphons le bateau prend son rythme de croisière. La mort dans l'âme, je reprends mes corvées et mes habitudes sur le bateau, cependant l'ambiance est emplie d'un profond malaise et de méfiance. Mon père me lance des regards en coin quand il pense que je ne le vois pas et si je croise son regard il vient vers moi la main sur son arme. Dans ces moments-là je préfère la fuite, prétextant une corvée. Nous ne nous parlons presque plus à part en cas d'extrême nécessité, comme la fois où nous avons vu des pirates au loin et que nous avons changé de cap avant qu'ils nous remarquent.
Je passe très peu de temps à l'intérieur du bateau, préférant vivre dehors pour éviter l'homme au maximum. Dormir, manger et boire sont devenus des nécessités que je repousse au maximum, ne les exécutants que lorsqu'il dort. Hélas tout comme moi il repousse ses besoins à leurs limites maintenant sa présence écrasante sur moi, ce qui fait que nous pouvons tenir deux semaines sans boire et beaucoup plus sans manger ou dormir. Je profite de ses rares siestes pour prendre la barre et manœuvrer, histoire de savoir me débrouiller seule au cas où. Les choses restent ainsi pendant presque trois mois jusqu'au jour où nous nous sommes approchés de la nouvelle île que nous allons explorer. Le ciel devient noir en pleine nuit à cause de nombreux nuages cachant la pleine Lune et laissant tomber une légère pluie. Pour palier au manque de luminosité nous installons des torches à divers endroit du bateau que nous alimentons souvent.
L'île que nous cherchons à atteindre semble entourée de nuages, nous avons donc pris toutes les précautions pour nous en approcher. Comme d'habitude je suis chargée de guider le navire depuis l'avant du pont même si je trouve cela ridicule de ne pas pouvoir le faire depuis la vigie. Mais bon, mon père me l'a ordonné et je ne veux surtout pas le mettre en colère. De nombreux récifs aussi imposants que des montagnes se dressent sur notre chemin, compliquant notre avancée. Plusieurs autres choses encombrent notre route mais je n'arrive pas à savoir ce que c'est dans la faible lumière fournie par les flammes. Lui est à la barre et doit écouter mes instructions mais je ne pense pas qu'il m'entende à cause du vent puissant qui s'est levé il y a peu. Nous avançons depuis une heure lorsque j'ai une étrange impression. Je me retourne en plissant les yeux, je n'arrive pas à voir mon père à la barre. Je crie.
« -Papa ! Tu es là ? Papa ! »
Je n'ai aucune réponse alors je vais dans la cabine de pilotage pour constater qu'il n'y est pas. Inquiète, je le cherche du regard jusqu'à ce qu'une ombre armée d'un objet brillant se dessine à la lumière des feux. J'esquive de justesse la machette de mon père qui s'abat dans le sol, brisant le bois. Je me retrouve à terre après avoir glissé alors que je sauve ma vie, puis regarde sans vraiment y croire l'homme retirer son arme du sol pour ensuite se tourner vers moi.
« -Papa ? »
Il s'avance sans un mot, brandissant sa machette au-dessus de sa tête. J'évite à nouveau le coup avant de partir vite en criant.
« -Arrête papa ! S'il-te plaît arrête ! »
Mes supplications ne lui font pas le moindre effet, il finit par me rattraper lorsque je trébuche. Il me tourne sur le dos et vise la tête mais je suis plus rapide que lui. Avant qu'il n'abatte son arme je sors le couteau que je garde dans ma manche depuis l'île Usoir et lui enfonce dans la gorge. Sur le coup il recule, emportant le couteau avec lui, puis il pose la main sur son cou en se précipitant dans la cale d'un pas chancelant. Je reste sous le choc de longues minutes avant de me rappeler où je suis et de prendre la barre pour maintenir le cap vers la prochaine île. Les deux heures qui suivent me permettant de pénétrer dans l'île par un renfoncement où la mer est plus calme. J'y jette l'encre avant de me précipiter dans la vigie où je me mets en boule pour pleurer.
VOUS LISEZ
One Piece : La Huitième Grand Corsaire
FanficElle est la huitième Grand Corsaire. Elle fait partie de l'une des puissance qui stabilise le monde. Pourtant, elle n'a pas obtenu ce titre grâce à sa réputation. Elle est même inconnue de tous. Qui est-elle vraiment ? Ceci est son histoire. Elle va...