Chapitre 42

666 47 8
                                    

Le voyage sur les eaux se passe dans le calme. Je fais tout ce que mon père m'a appris pendant le premier voyage et n'entreprend rien pour le contrarier ce dont il est très content. Il doit penser que je commence à devenir comme lui mais je cherche juste à survivre. Je ne me fais plus d'illusions sur l'homme qui m'a abandonné aux portes de la mort. Du moins j'essaye, mais une part de moi me dit que j'ai sûrement dû halluciner là-bas à cause de la douleur et de la perte de sang. Malgré mon conflit intérieur je décide de rester prudente et de dormir dans le nid-de-pie, préférant subir la pluie et le vent plutôt que de dormir dans la pièce où il se trouve. Je ne pose aucune question sur notre destination, je sais que nous ne rentrons pas à la maison. J'ai vu sur le bureau de mon père une nouvelle carte avec une île plus grande que celle que l'on vient de quitter qui se nomme Île Usoir. Elle a l'air entourée de siphons et de récifs, il sera plus difficile d'y arriver que d'aller sur l'Île Choc-Ott. J'ai aussi eu la surprise d'apprendre que nous avons passé au total presque deux ans sur cette île. Ce qui fait que j'ai huit ans maintenant. On a même pas fêté mes anniversaires... Ni les siens d'ailleurs, ni ceux de maman... Maman... Je me demande comment elle va. Est-ce qu'elle s'inquiète pour nous ?

Il nous faut environ un mois pour arriver à destination et au fur et à mesure l'ambiance entre nous se dégrade. Mon père devient nerveux quand je suis proche de lui tout en me lançant des regards incisifs et froids quand il pense que je ne vois pas. Je ne sais pas ce qu'il a, en tout cas je ne suis pas très rassurée. Nous arrivons quand même à travailler ensemble pour approcher le navire de l'île. Le temps est exécrable, une tempête s'est levée il y a des heures, rendant la visibilité quasiment nulle. Comme d'habitude, je suis à l'avant du bateau, m'accrochant grâce à des cordes fixées sur les côtés.

« -Récifs à bâbord et siphon à tribord ! Il y a un fin couloir entre les deux toutefois ça va être difficile !

-OK ! »

L'embarcation se met à tanguer, flottant à la lisière du tourbillon d'eau le plus loin possible des rochers pointus. Comme papa l'a dit il est bon navigateur, même très bon. J'ai l'impression que le navire vole au-dessus de l'eau. Nous finissons par sortir de cet enfer pour arriver dans une zone plus calme.

« -C'est bon ! Je ne vois plus rien !

-Parfait ! Il y a autre chose ? »

Je sors les jumelles qu'il m'a données plus tôt pour regarder l'île. Elle semble complètement plate avec... Une plage.

« -Il y a une plage droit devant !

-On va y accoster ! »

Je m'agrippe bien pendant qu'il manœuvre pour que l'on s'arrête en bas-fond parallèlement à la plage. Une fois l'encre jetée mon père s'approche de moi.

« -Le soir tombe, la tempête fait rage... On y verra mieux demain, viens !»

Je le suis dans la cave et m'installe sur la parcelle qui me sert de couchette. Il va chercher une serviette dans le garde-manger pour éponger l'eau qui a atterri sur lui malgré l'habitacle, puis s'installe sur son lit en fixant le vide. Il ne m'en a même pas proposé une alors que je dégouline d'eau. Je le regarde sans rien dire pendant qu'il s'essuie, ce qui prend un certain temps. Puis il finit par tourner les yeux vers moi, ils s'animent d'un éclat dangereux. Il dit de manière agressive.

« -Qu'est-ce que tu as à me regarder comme ça ? Va préparer le repas ! »

Je m'exécute sans faire d'histoires. Rester dans cette pièce sans autre échappatoire que la porte que mon père peut passer à tout moment est stressant. Je le surveille du coin de l'œil tout en faisant cuire un poisson pêché la veille, il ne bouge pas du lit. Une fois le dîner prêt je lui donne son assiette et vais manger la mienne dans la cuisine. Une fois la vaisselle finie je veux retourner sur le pont comme d'habitude mais il m'arrête.

One Piece : La Huitième Grand CorsaireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant