Chapitre 53

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J'arrive aux ruines féodales en fin de soirée alors que le soleil couchant projette des rayons oranges dans le ciel. Je m'installe près des tombes en soupirant et en passant mes mains sur mon visage, puis couvre ma bouche avec celle de gauche en réfléchissant, les yeux perdus dans le paysage. Je ressasse en boucle la perte de contrôle que j'ai eu face à Shutenmaru. C'est comme si j'avais eu une soudaine explosion de colère sans aucune raison. Je ne suis pas d'un tempérament colérique, je ne m'énerve presque jamais, alors pourquoi ? Mes réflexions se poursuivent jusque tard dans la nuit. Lorsque je reviens au présent minuit est largement passé, les lumières des torches éclairent les villes plus bas. Je soupire une énième fois avant de rentrer dans le château pour rejoindre mon lit de fortune, épuisée de me poser des questions sans réponses.

Le lendemain je me lève aux aurores, pressée de reprendre ma route. Je décide de revenir à mon point de départ parce que j'ai oublié de demander aux bandits où se situe la Capitale des Fleurs. D'après ce que j'ai compris je suis à Kuri, une espèce de... Je ne sais pas. Une région sûrement. Comme doivent probablement l'être Udon, Hakumai et Kibi. Reste à savoir dans laquelle se trouve cette capitale. Peu désireuse de retourner voir les brigands du Mont Atama pour leur demander je décide de faire ça à l'ancienne, je finirai bien par la trouver.

Le trajet se passe bien, je retrouve l'arbre qui m'a servi d'abri précédemment dans l'après-midi. Après m'être installée je retourne à la montagne au sommet enneigé pour refaire mes réserves d'eau, si toutes les régions sont aussi arides et que la pollution corrompt tous les points d'eau il est hors de question que je parte pour un long voyage sans en avoir fait des stocks complets et je fabrique de nouveau des lances en Sakajo pour ma protection. Pendant des jours j'effectue de courtes expéditions pour ramasser de l'eau et explorer Kuri, poussant à l'est et à l'ouest en évitant les personnes occupant ce territoire. Au bout d'un moment je me retrouve bloquée, l'ouest de la région est entièrement bordée par la mer pendant que l'est est coupé en deux par une rivière seulement traversable par un pont assez fréquenté. Il va me falloir pousser plus loin à l'est maintenant, seulement, récolter de l'eau potable est plus lent que je ne l'avais prévu, malgré mes réticences je vais devoir partir et longer les côtes histoire de refaire mon stock au fur et à mesure.

Sur ces pensées je prépare mon départ qui se concrétise un matin alors qu'une faible brume recouvre le sol de la plaine délabrée. Comme lors de mon premier départ à long terme je camoufle mes traces avant de partir à l'est avec la plus grande prudence. J'arrive à la rivière lorsque le soleil est à son zénith, il ne me faut pas longtemps pour la traverser grâce au Pied de Lune et reprendre mon chemin. J'explore cette région de long en large pendant de nombreux jours pour confirmer qu'il n'y a pas de Cahuï... Enfin de Dongren ici non plus. Je trouve bien des résidus prouvant leur ancienne présence mais, tout comme Kuri, cette région est désolée et polluée, il n'y a rien qui vit au profit des usines tournant à plein régime. J'y ai aussi trouvé un endroit étrange crachant des flammes vertes et énormément de fumée. Une espèce d'usine taillée dans la roche d'après ce que j'y ai vu. Mais elle est différente des autres car elle est plus imposante et de plein pied alors que les autres sont construites sur les montagnes. La structure comporte une entrée, un accès à un port très sécurisé, de fenêtre, de tuyaux transperçant la roche ainsi que de nombreux gardes faisant des rondes pour la protégée.

Une multitude de bruits secs et de lamentations proviennent de l'imposant bâtiment mais impossibles de voir ce qui se passe à l'intérieur étant donné qu'aucun point aux environs ne le permet. Je suppose que c'est une prison vu le nombre de chariots à barreaux que j'ai regardé passer dans la journée. Certains pauvres hommes menottés sont même traînés au sol par des soldats riant à gorge déployée montés sur de drôles d'animaux. J'ai remarqué que tous les soldats semblent avoir un uniforme se composant de cornes, d'un pantalon noir et d'un manteau de fourrure noire lui aussi. Drôle d'uniforme de police. Ayant noté ces informations dans un coin de ma tête j'ai décidé de m'éloigner le plus possible de cet endroit en croisant les doigts pour ne pas y revenir de sitôt. Alors que je m'apprête à partir un goût métallique empli ma bouche, je crache au sol de la salive rouge.

One Piece : La Huitième Grand CorsaireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant