One Piece : La Huitième Grand Corsaire

Chapitre 43

Je me réveille lentement dans un endroit tiède. Je prends une grande inspiration, ça sent l'humidité. Je bouge un peu, on dirait que je suis dans une substance humide et gluante. Ce n'est pas de l'eau. Je cligne des yeux plusieurs fois pour chasser la pellicule opaque recouvrant mes paupières et veux m'aider de mes mains mais je m'étale encore plus de cette substance sur le visage. Réveillée par ce contact soudain je me redresse en respirant vite. Où je suis ? On dirait une grotte. Que s'est-il passé ? Selon mes souvenirs une tempête glaciale a éclaté, je me suis mise à courir, puis suis tombée dans l'eau où j'ai perdu connaissance. Pendant mes réflexions deux yeux globuleux se mettent à me fixer. Surprise je me recule vivement en poussant un petit cri. La chose qui me regarde prend peur et se retranche dans sa coquille.

« -Qu'est-ce que ? »

En observant autour de moi je remarque d'autres animaux. Ce sont des escargots beaucoup plus gros que ceux que j'ai déjà vus dans les prairies. Ils ressemblent aux escargophones qu'il y a dans le village. Tous ont leurs yeux braqués sur moi. Ne me sentant pas trop en sécurité je me tourne vers celui qui est encore dans sa coquille.

« -Excuse moi petit escargot. J'ai été surprise de te voir en face de moi, je ne m'y attendais pas. Je ne voulais pas te faire peur. »

Je ne sais pas s'il me comprend, autant essayer ça ne coûte rien. Je vois ses yeux sortir et me fixer puis il sort en entier. Lui et ses camarades s'approchent de moi en restant à distance raisonnable. En les observant je remarque que beaucoup des escargots sont blancs, de taille moyenne et ont une triste mine. Les autres sont bicolores et de mensurations diversifiées, certains me dépassant sûrement même si je suis debout. En élargissant mon champ de vision je constate que je suis bien dans une grotte, la substance qui me recouvre est en fait du mucus d'escargot présent sur toutes les parois.

La sortie de la caverne donne sur la mer, les courants ont dû m'amener ici. De ce que je peux voir il n'y a pas d'autre passage vers une éventuelle sortie par la terre. Impossible de savoir où j'ai atterri, peut-être que je suis arrivée du côté de mon père... Je frissonne, je ferais mieux de ne pas y penser. D'un coup je prends conscience que je n'ai pas froid alors que le souffle que j'émets fait de la fumée. De ce que je peux voir de l'extérieur la tempête a l'air de continuer de se déchaîner, le vent amenant de l'air glacé ici alors comment ? Je sens un poids sur mes jambes, je regarde de quoi il s'agit et il se trouve que l'escargot à qui j'ai fait peur m'escalade me laissant au passage une traînée de bave sur le pantalon. Je le laisse agir à sa guise, curieuse de voir ce qu'il va faire. Une fois sur mon genou il me fait un grand sourire que je ne peux m'empêcher de lui rendre. C'est le signal que devaient attendre les autres car ils sont nombreux à se rapprocher de moi pour me toucher ou grimper. Ça me chatouille alors je rigole en demandant au petit escargot qui mesure quand même vingt bons centimètres.

« -Dis ! Vous êtes des escargots qui permettent de fabriquer des escargophones non ? »

Il me regarde en clignant des yeux, ne semblant pas comprendre la question.

« -C'est pas grave ! T'inquiète pas ! Tu as un nom ? »

Il ne me répond pas, je prends ça pour un non.

« -Dans ce cas je vais t'appeler Blauve ! C'est un mélange entre tes deux couleurs, t'as compris ? Vu que tu as le corps bleu et la coquille mauve...»

Il me fixe un moment, je finis par demander.

« -Quoi t'aime pas ? »

Il se met à sourire avant de se remettre en mouvement. Je les laisse lui et les siens satisfaire leur curiosité jusqu'à ce qu'ils se désintéressent de moi pour que je puisse me lever. Le sol est très glissant et je tombe plusieurs fois sans me faire mal, le mucus glissant amortissant les chutes. Je finis par atteindre l'étroite sortie. Le toit de la caverne s'abaisse vers la mer et s'arrête trente centimètres au-dessus d'elle, c'est par là que s'engouffre le vent formant de la glace sur le rivage. En me baissant j'arrive à voir l'extérieur ou le voile blanc continue de souffler. Je m'assois en soupirant. Je ne peux pas sortir tout de suite. Je me tourne vers les habitants des lieux et leurs demande.